Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

imprimerie

Art de reproduire une image ou un texte.



Généralités

Les premières reproductions sont sans doute celles qui ont été obtenues sur de l’argile avec les sceaux et les cachets que l’on retrouve dans les plus anciennes cités mises au jour par les fouilles. Des briques estampées en creux, puis cuites remontent au viie s. av. J.-C. Bien plus tard, les croisés rapportent d’Égypte des impressions sur étoffes pour tentures et revêtements. Lorsque l’usage du papier commence à se répandre, on l’utilise pour imprimer, avec des bois gravés au burin, des images de saints portant à la fois un texte et une illustration.

Tous les premiers imprimeurs sont à la fois éditeurs et libraires. Plus tard apparaissent des imprimeries effectuant à façon les travaux que leur confient les éditeurs. Mais beaucoup de grosses maisons d’édition en France et surtout à l’étranger possèdent leur propre imprimerie.

De toute façon, une entreprise d’imprimerie, même très petite, reste un ensemble complexe où sont mises en œuvre des techniques différentes les unes des autres, ne serait-ce que composition, impression, façonnage. D’une entreprise à une autre, on constate de grandes différences ; à côté de locaux artisanaux, où l’on travaille avec des techniques analogues à celles du siècle passé, existent des ateliers ultra-modernes, où les machines possèdent les plus récents raffinements de l’automatisme électronique. Dans une imprimerie de quelque importance, il n’est pas rare de voir côte à côte des ateliers utilisant des matériels nettement dissemblables, des techniques nettement différentes et dont le seul point commun est qu’en fin de compte on obtient du papier imprimé.

Autrefois, la production de l’imprimerie se divisait en deux : le labeur, ou impression de livres, et les travaux de ville, représentés par tout le reste. La presse est venue s’y ajouter au milieu du siècle dernier. La famille actuelle des industries graphiques comprend, outre l’imprimerie proprement dite, qui s’occupe de la reproduction de textes, de musique, de dessins, de gravures, de photographies, par les divers procédés d’impression ou de revêtement, des activités annexes : fonderie de caractères, photogravure, clicherie, brochage, reliure et dorure. L’ensemble de ces activités constitue la presse et le labeur. La presse a un caractère spécial : c’est l’impression de journaux quotidiens, c’est-à-dire paraissant au moins quatre fois par semaine ; la vitesse d’exécution, le rythme de production, la nature du matériel employé en font une branche bien à part. Tout ce qui n’est pas presse est labeur, et, face à l’homogénéité relative du travail de presse, le travail de labeur présente une très grande diversité. En dehors de la presse et du labeur, beaucoup d’entreprises font également de l’impression : les transformateurs de papier-carton impriment des cartonnages et aussi certains emballages ; les ateliers de reprographie, les imprimeries intégrées font des impressions simples ; l’impression sur aluminium, sur pellicules cellulosiques et plastiques, sur tissus, sur verre et céramique, sur bois, sur pièces de forme est le fait d’ateliers spécialisés, non compris dans les statistiques de l’imprimerie.


Structure de l’imprimerie de labeur

Il y a en France quelque 8 000 imprimeries de labeur ou annexes, qui occupent en tout environ 110 000 salariés ; plus de la moitié se trouvent dans la région parisienne. C’est une industrie de petites et moyennes entreprises : plus de 5 000 d’entre elles occupent moins de 5 salariés ; une centaine à peine en occupent plus de 200. En Allemagne et surtout en Grande-Bretagne, la taille moyenne des imprimeries est nettement plus importante.

La petite imprimerie a une clientèle locale, à qui elle offre en même temps que l’imprimé un service en répondant exactement à ses besoins et en l’aidant à exprimer ceux-ci ; le matériel qu’elle possède est en général polyvalent, et sa souplesse d’emploi lui permet de faire à peu près tous les petits travaux, parfois sans tenir compte de la rentabilité. Une imprimerie moyenne a une clientèle qui dépasse le cadre local, ce qui la conduit vers une spécialisation. Une grande imprimerie possède un matériel de grosse production, lui permettant de faire des tirages importants dans des délais très courts. L’imprimeur fabrique sur commande et ne vend pas sur stock comme la plupart des industries ; les produits qu’il offre à ses clients sont diversifiés, personnalisés et demandent souvent des études particulières ; d’où l’importance prise par l’étude et la préparation des commandes, faites par le service dit « de fabrication ». Dans une imprimerie moyenne, le chef de fabrication est à la fois le coordinateur du travail, le directeur technique et l’adjoint du chef d’entreprise.

Au point de vue des effectifs, l’imprimerie de labeur et les annexes représentent en France :
— 0,52 p. 100 de la population active ;
— 1,33 p. 100 du personnel occupé dans l’industrie ;
— 1,88 p. 100 du personnel occupé dans les seules industries manufacturières.

Au point de vue de la production, la valeur ajoutée réalisée par elle représente 0,61 p. 100 de l’ensemble de la production intérieure brute et 1,86 p. 100 de la valeur ajoutée par l’ensemble des industries manufacturières.

De son côté, l’ensemble de la presse, comprenant édition et impression, compte environ 3 000 entreprises, qui occupent 58 000 salariés.


Travaux réalisés par l’imprimerie de labeur

À peu près un tiers du chiffre d’affaires de l’imprimerie de labeur en France est réalisé avec des livres et des périodiques, un second tiers environ avec des imprimés publicitaires, des emballages, des habillages, et le reste avec des imprimés commerciaux, comptables, administratifs, techniques, etc. La clientèle elle-même est très diversifiée : éditeurs de livres et de périodiques, agences de publicité, industries de biens d’équipement et de biens de consommation, services, Administration. Aussi, dans son ensemble, l’imprimerie est-elle un secteur en expansion moyenne. Son activité est cependant liée pour une bonne part aux dépenses de loisirs, et dépend de l’évolution des revenus des ménages et du niveau de vie.