Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

impression (suite)

Les superpositions de couleurs apparaissent en Allemagne au début du xvie s. avec les impressions en camaïeu ou en clair-obscur : trait imprimé en noir, teintes fortes en brun foncé, moyennes en brun moyen, légères en brun clair. Le problème du repérage des couleurs commence à se poser ; les feuilles sont mises en place sur les planches gravées en enfonçant de fines pointes, ou pointures, dans des repères, méthode encore conservée avec des variantes sur certaines presses artisanales.

Toutefois, les véritables débuts de l’impression en couleurs datent du milieu du xviiie s. Le Blon, graveur-imprimeur à Paris, imagine d’employer trois couleurs, le jaune, le rouge et le bleu, et de combiner leurs effets par le jeu des aplats et des hachures ; une quatrième couleur, le noir, donne les ombres. Cette technique tombe dans l’oubli, et les lithographes du xixe s., auxquels elle aurait été précieuse, exécutent leurs chromolithographies en superposant des couleurs, multipliant parfois jusqu’à l’excès le nombre de leurs planches. Ce n’est que vers 1875 que sont appliqués les principes, fondés sur l’optique des couleurs, de la trichromie, impression avec les trois encres primaires, jaune, rouge et bleu, et de la quadrichromie, où s’y ajoute le noir. La quasi-totalité des impressions en couleurs dans les magazines, les catalogues, les imprimés publicitaires sont en quadrichromie.

Les travaux très soignés sont imprimés couleur par couleur. Mais de plus en plus on emploie des machines multicouleurs, où la superposition des encres se fait suivant une séquence bien déterminée. Le problème de la qualité d’une impression en couleurs est double : d’une part, fidélité de la reproduction par rapport à l’original, d’autre part précision du repérage des couleurs. Pour la fidélité de reproduction, l’imprimeur se réfère à l’épreuve que le photograveur a tirée d’après ses clichés et que le client a approuvée ; cette épreuve en couleurs joue pour les illustrations le même rôle que l’épreuve en bon à tirer pour les textes. La première feuille correctement imprimée et conforme aux épreuves est le bon à rouler, auquel l’imprimeur se référera tout au long du tirage, surveillant le réglage de l’encrage et corrigeant les écarts qui se produisent. Le repérage des couleurs sur l’imprimé dépend de la précision mécanique de la machine à imprimer et aussi, dans une large mesure, de la qualité du papier, de sa stabilité dimensionnelle. L’imprimeur contrôle l’impression en prenant de temps en temps une feuille, qu’il examine ; à la sortie d’une rotative, il prend un cahier plié et l’ouvre. Mais sur les machines rapides, et en particulier sur des rotatives de grand format, où le papier défile à la vitesse de 6 m/s, un tel contrôle visuel est lent, et les corrections, commandées manuellement, même par boutons-poussoirs, n’agissent qu’un certain temps après la constatation du défaut. On utilise donc des dispositifs électroniques qui effectuent les corrections automatiquement et instantanément.

Utilisant, à tous les stades de la reproduction, depuis le document original jusqu’à l’imprimé, des appareillages de mesure des densités optiques de couleurs, des systèmes de reproduction permettent l’impression d’images d’actualités en couleurs. L’impression d’emballages et de publicité de marque pose un problème un peu différent. Il faut respecter strictement les couleurs données comme modèles. L’imprimeur commande au fabricant d’encres des produits qui, après séchage sur le papier choisi, auront la couleur exigée. La notion d’imprimabilité, d’adaptation papier - encre - machine à imprimer, prend alors une importance particulière.


Papiers et autres supports d’impression

Les produits classiques de l’imprimerie, livres et périodiques, journaux, imprimés commerciaux, sont imprimés sur papier, et celui-ci représente une part importante, en moyenne 25 p. 100, du prix de revient de l’imprimé. Il en va de même pour les supports des impressions d’emballage. Les imprimeurs attachent donc une grande importance aux propriétés de leurs papiers, à leur aspect, à leur imprimabilité et naturellement à leur prix. Ces papiers font partie de la catégorie impression-écriture. Leurs qualités dépendent largement de la nature des pâtes entrant dans leur fabrication : pâte de bois mécanique, cellulose ou pâte chimique, pâte de chiffons. Outre la nature des fibres constituant les pâtes et le mode de traitement qu’elles subissent, les autres composants du papier jouent aussi un grand rôle : charge, matière inerte (kaolin, talc, blanc de titane) remplissant les interstices entre les fibres et qui améliore opacité et blancheur ; produits de collage qui confèrent l’imperméabilité aux encres ; colorants et blanchisseurs. Le papier a un sens, car ses fibres se sont alignées suivant la direction de la machine à papier ; l’imprimeur en tient compte pour l’impression, surtout en couleurs, et pour le façonnage. Il tient également compte de la différence entre les deux faces, légèrement dissemblables en ce qui concerne le grain et la porosité.

Les papiers d’impression sont très variés : en épaisseurs, depuis le papier pelure jusqu’au carton ; en perméabilité, depuis le buvard jusqu’au sulfurisé et au cristal ; enfin, en apprêt de surface. La surface d’un papier qui n’a pas subi d’apprêt est rugueuse, et les fibres y sont lâches ; pour la rendre apte à recevoir l’impression de fins détails, on l’aplatit par laminage, ou calandrage, ou bien on dépose dessus un enduit, ou couchage. Un papier non apprêté, ou bouffant, est épais par rapport à son poids ; il convient à l’impression de textes et de traits. Un papier journal, ou satiné ordinaire, n’est pas absolument lisse, il absorbe facilement l’encre, et on peut y imprimer des clichés à grosse trame. Les satinés d’édition ont une surface plus lisse. Les papiers surglacés on subi un supercalandrage qui augmente leur lissé ; on y imprime des illustrations de qualité courante. Les frictionnés, pour affiches, sont très lisses d’un côté et restent rugueux de l’autre. Le papier bible est mince, lisse et très opaque.