imagerie (suite)
Au commencement, le coloriage était effectué au patron, ou pochoir (feuille dans laquelle sont découpés les contours des parties composantes du dessin). Les couleurs traditionnelles étaient un bleu, un rouge, un jaune, un brun ; on obtenait le violet et le vert par superposition : palette sommaire, mais dont on parvenait à tirer des effets variés, choisis pour leur force ou pour le plaisir des yeux plutôt que pour la vérité descriptive.
Il a été répertorié, rien que pour la France, mille deux cent dix imprimeurs et graveurs d’images. Il faut donc se borner à ne citer que quelques-uns de ceux-ci, ainsi que les villes tenues pour les plus importantes dans l’histoire de l’image et des imagiers : Paris (où les éditeurs de la rue Saint-Jacques utilisent non la xylographie, mais la taille-douce au xviie s. et l’eau-forte coloriée au xviiie), Lille (éditeur Castiaux au xixe s.), Cambrai, Beauvais, Amiens, Orléans (seconde moitié du xviiie s. : images sur bois signées des éditeurs Jean-Baptiste Sevestre, Perdoux et Jean-Baptiste Letourmi), Chartres (images de piété, à l’usage des pèlerins). Le Mans, Tours, Angers, divers centres en Normandie, Nancy (graveur Antoine Thiébault, première moitié du xixe s.), Metz, Mulhouse, Strasbourg, Épinal (fabrique Pellerin : imagerie militaire napoléonienne, sur bois, de François Georgin [1800-1863] ; puis, vers 1850-1860, images lithographiées pour enfants d’après Charles Pinot), Montbéliard (les frères Deckherr), Lyon, Avignon, Toulouse (imprimeur Abadie, fabricant de papiers de tenture, début du xixe s.). La multiplicité des centres donne une idée du développement extraordinaire, dans la France d’autrefois, de la fabrication et du commerce des images.
L esthétique populaire, fondée sur l’instinct et non pas essentiellement sur la réflexion ou le génie créateur, présente d’ailleurs des caractères communs, quelle que soit la nationalité des graveurs. L’imagerie russe (centre, Moscou), bien qu’influencée par l’art des icônes, ressemble sur plus d’un point à l’imagerie polonaise (centre, Cracovie) et à l’imagerie allemande (centres, Munich et Augsbourg), de même qu’à celle des pays nordiques et de l’Angleterre. Il y a là l’indication des permanences fondamentales de la psychologie et du goût dans les milieux populaires, sans propension à l’intellectualisme. Au reste, l’image n’a pas cessé, dans la société actuelle, de répondre à un besoin collectif. L’image populaire s’est transformée ; dans les journaux, en bandes* dessinées ; sur les murs, en affiches* ; sur les écrans de télévision, en séquences empruntées au cinéma et au théâtre, comme à l’inépuisable répertoire des spectacles de la vie.
M. G.
➙ Caricature / Estampe / Populaire (art).
J. Champfleury, Histoire de l’imagerie populaire (Dentu, 1869). / L. Descaves, l’Imagier d’Épinal (Ollendorff, 1919). / P. L. Duchartre et R. Saulnier, l’Imagerie populaire (Librairie de France, 1925) ; l’Imagerie parisienne (Gründ, 1944). / A. Martin, l’Imagerie orléanaise (Duchartre et Van Buggenhoudt, 1928). / R. Saulnier, l’Imagerie populaire du Val de Loire (Jacques Petit, Angers, 1945). / L. Ferrand et E. Magnac, Guide bibliographique de l’imagerie populaire (Paris, 1957). / M. Jusselin et A. Aynaud, Imagiers et cartiers à Chartres (Libr. d’Argences, 1957). / M. Durand, l’Imagerie populaire vietnamienne (A. Maisonneuve, 1960). / P. L. Duchartre, l’Imagerie populaire russe, 1629-1885 (Gründ, 1961). / J. Mistler, F. Blaudez et A. Jacquemin, Épinal et l’imagerie populaire (Hachette, 1961). / P. Toschi, Stampe popolari italiane (Milan, 1965 ; trad. fr. l’Imagerie populaire italienne, Milan, 1965). / J. Adhémar, l’Imagerie populaire française (Milan, 1968). / W. Bruckner, l’Imagerie populaire allemande (Milan, 1969). / M. de Meyer, l’Imagerie populaire des Pays-Bas (Milan, 1970).