Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Île-de-France (suite)

Les demeures royales du xviiie s. contenaient un mobilier d’une richesse inégalée, qui relève de l’art parisien. Cependant, le décor de la vie, tel que cette époque l’a conçu, doit beaucoup de son charme raffiné aux industries d’art de l’Île-de-France. La porcelaine, surtout, a été produite dans les manufactures de Vincennes, de Sèvres*, de Saint-Cloud, de Sceaux, de Mennecy, de Chantilly. Beauvais* a eu la spécialité de la tapisserie de basse lisse, et la manufacture de Jouy-en-Josas, fondée en 1759 par Christophe Philippe Oberkampf (1738-1815), est célèbre par ses toiles imprimées.

Le style du Consulat et de l’Empire est apparu d’abord à Malmaison, demeure aménagée pour Joséphine par Percier et Fontaine*, auxquels on doit aussi le renouvellement de la décoration intérieure à Fontainebleau et à Compiègne. Le goût éclectique du xixe s. a inspiré la restauration de Versailles sous Louis-Philippe, de Fontainebleau sous Napoléon III, qui fit reconstruire Pierrefonds par Viollet-le-Duc*. Il y eut beaucoup de pastiches, tel le château de Ferrières (Seine-et-Marne), élevé par l’architecte anglais Joseph Paxton (1801-1865), en style élisabéthain, pour James de Rothschild. De ce siècle, on retiendra surtout que ses peintres ont très souvent trouvé leur inspiration devant les paysages de l’Île-de-France : Corot*, les artistes de Barbizon*, les impressionnistes*.

Depuis le début du xxe s., il n’y a plus guère d’activité artistique propre à l’Île-de-France. C’est la banlieue de Paris, champ de manœuvre de l’architecture contemporaine pour le meilleur et pour le pire, qui accapare l’attention, car elle semble dévorer inexorablement une vieille province qui s’y reconnaît mal.

B. de M.

➙ Paris.

 E. de Ganay, Châteaux de France, environs de Paris (Tel, 1948). / G. Pillement, les Environs de Paris inconnus (Grasset, 1961 ; 2 vol.). / J. Levron, Monuments et paysages de l’Île-de-France (Arthaud, 1962). / Merveilles des châteaux de l’Île-de-France (Hachette, 1963). / G. Poisson, Promenades aux châteaux de l’Île-de-France (Balland, 1967). / M. Mollat (sous la dir. de), Histoire de l’Île-de-France et de Paris (Privat, Toulouse, 1971).

Ille-et-Vilaine. 35

Départ. de la Région Bretagne ; 6 992 km2 ; 652 722 hab. Préf. Rennes. S.-pr. Fougères, Redon, Saint-Malo.


Ce département est le moins maritime et le moins celte des départements bretons. Il tire son nom des deux rivières qui confluent dans le bassin de Rennes. Tout en appartenant au Massif armoricain, il fait partie de la zone de subsidence tertiaire. Les plateaux dépassent rarement 120 m ; ils sont dominés sporadiquement par quelques hauteurs : forêt de Paimpont (255 m), collines de Bécherel (190 m). Le nord du département présente une succession de bassins de schistes et de plateaux granitiques. Les crêtes de Bécherel dominent la dépression de schistes briovériens que constitue le bassin de Rennes, dans lequel la Vilaine forme une large vallée. La décomposition des schistes, les placages de faluns calcaires (mer miocène) et de limons ont donné des sols riches. Au sud de ce bassin tectonique limité par l’abrupt de faille de Pont-Réan s’étendent des plateaux qui offrent un bel exemple de relief appalachien. Les plateaux correspondant aux barres de grès dur du synclinorium silurien (plateau de Guichen, plateau de Bain) alternent avec les dépressions creusées dans les schistes (bassin de Messac).

Le relief, orienté d’ouest en est, et la diversité des sols délimitent des régions naturelles dont les caractéristiques ont aujourd’hui tendance à s’estomper. Le pays malouin s’étend de part et d’autre de la Rance, qui présente un large estuaire profondément encaissé dans le plateau littoral (v. Bretagne [L’usine marémotrice de la Rance]). La côte rocheuse y est très découpée : anses, criques, caps et promontoires souvent précédés d’écueils et d’îlots se succèdent. Les plages attirent de nombreux touristes, et, si Dinard a dû sa fortune aux Anglais (trafic de l’aérodrome Dinard-Pleurtuit), Saint-Briac-sur-Mer, Saint-Lunaire, Saint-Malo et Paramé sont des stations plus familiales. L’ostréiculture à Cancale, la pêche de la morue à partir de Saint-Malo, les cultures légumières dans les cantons voisins sont les activités traditionnelles toujours prospères. La mise en valeur de cette façade maritime se fait maintenant, avant tout, autour de l’agglomération malouine.

À l’est de Cancale s’étendent les formations alluviales (maërl, tangue) des marais de Dol, protégées par un cordon littoral, limitées à l’intérieur par une falaise morte et dominées par l’îlot granulitique du mont Dol. Les marais transformés en polders portent aujourd’hui d’immenses prairies, de riches cultures (blé, plantes fourragères, primeurs).

Plus au sud règne un paysage plus uniforme de collines aux aptitudes agricoles diverses : blé, bovins, et pommiers à cidre sur les arènes granitiques et les schistes, landes et pins sur les grès. Combourg et Antrain ne sont que de gros bourgs. La région de Fougères ressemble à la Normandie par l’importance de ses herbages. Son marché aux bestiaux est l’un des plus importants de France. Ancienne forteresse frontalière, Fougères (27 000 hab.) est une ville essentiellement industrielle. La fabrication de la chaussure reste toujours l’industrie la plus importante, mais elle connaît périodiquement de graves difficultés de commercialisation. De nouvelles industries se sont implantées : des fabriques d’imperméables, de matelas, de plastiques se sont ajoutées à celles, plus anciennes, de cuir, de verrerie.

Le bassin de Rennes et le pays de Vitré occupent le centre du département. Le bocage disparaît partiellement sous l’effet du remembrement. C’est une zone d’agriculture riche : blé, plantes fourragères, maïs, betterave s’associent à l’élevage bovin et alimentent de nombreuses industries agricoles (laiteries). Les villes subissant l’attraction de Rennes* sont des cités-dortoirs ou de petits centres d’activités secondaires ; Janzé et surtout La Guerche (porcs) sont d’importants marchés agricoles. Vitré (12 000 hab.), comme Fougères, est une ancienne ville fortifiée (chaussures, vêtements, machines agricoles).