Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Hyménoptères (suite)

Quelques Pamphilius se construisent une sorte de fourreau en enroulant une feuille sur elle-même et en la maintenant par quelques fils de soie. Une telle formation n’a rien à voir avec les galles ou cécidies qui se réalisent chez les végétaux hébergeant les larves de Cynipidés* ou de quelques Tenthrèdes ; il s’agit alors d’une excroissance formée par la plante elle-même, sans doute sous l’influence de la larve parasite. Les Tenthrèdes Pontania et Euura déterminent la formation de galles sur les feuilles ou les rameaux du Saule. Les Chênes atteints par Biorhiza, Neuroterus et divers Cynips portent des galles de formes spécifiques, tandis que le « bédéguar » de l’Églantier résulte de la présence de Rhodites rosœ.


Larves parasites d’Arthropodes

Un grand nombre d’Hyménoptères se développent aux dépens d’autres Insectes, d’Araignées, voire de Myriapodes. Chaque parasite manifeste une spécificité souvent rigoureuse ; ce choix est d’ailleurs déterminé par la femelle, qui a pondu ses œufs sur des hôtes précis, surtout lorsqu’elle les a chassés et paralysés (Sphex, Pompiles) ; la spécificité est moins nette chez les Ichneumons ou les Chalcidiens ; Trichogramma evanescens peut se développer sur cent cinquante hôtes différents.

Le nombre de larves par hôte se montre très variable ; on a vu comment, par polyembryonie, un œuf pondu dans une chenille pouvait engendrer des centaines de larves ; chez les Pompiles, au contraire, une seule larve se développe sur chaque Araignée, et la Guêpe maçonne (Sceliphron, ou Pélopée) accumule plusieurs Araignées auprès d’un seul œuf pondu. On est conduit, d’ailleurs, à distinguer le parasitisme vrai, où l’hôte est progressivement épuisé par la présence, dans ses tissus, de larves internes (endoparasitisme), du pseudo-parasitisme, dans lequel la larve consomme une proie rendue inerte par l’aiguillon maternel.

Tous les ordres d’Insectes sont atteints par des Hyménoptères parasites, mais pas toujours au même stade. Mantibaria s’accroche à une Mante femelle et perd ses ailes, puis attend que son hôte ponde pour introduire ses œufs dans l’oothèque de la Mante ; les larves se développent aux dépens des œufs de l’hôte. Cependant, dans la grande majorité des cas, ce sont les chenilles, asticots et autres larves, ou bien les nymphes, qui hébergent les parasites. Enfin, les Aculéates, ou Porte-Aiguillon, chassent, pour leur progéniture, diverses larves ou des Insectes et Araignées adultes. Il arrive qu’une espèce se développe dans le corps d’autres parasites ; on parle alors d’hyperparasitisme : un Chalcidien peut ainsi grandir dans une larve ou une nymphe d’Ichneumon, qui se développe elle-même aux dépens d’une chenille. Les Chrysidés et les Mutillidés présentent une forme originale de parasitisme qui les a fait nommer « Guêpes coucous » : les œufs sont pondus dans les nids de Guêpes ou d’Abeilles solitaires, et les larves attaquent et dévorent les larves de leurs hôtes.

Par leur prolifération et par la variété de leurs victimes, les Hyménoptères jouent un grand rôle dans les équilibres biologiques ; ils limitent la pullulation de nombreux Insectes, et il n’est pas étonnant que l’on se soit adressé à eux pour mener une lutte biologique efficace et spécifique contre des ravageurs de nos cultures. Le Chalcidien Aphelinus mali fut importé d’Amérique en France vers 1920 pour lutter contre le « Puceron lanigère », si nuisible au Pommier. Habrobracon gelechiœ enraye le développement de la Teigne de la Pomme de terre. Les Apanteles détruisent des chenilles de Microlépidoptères, tandis que Trichogramma permet de lutter contre les Cochenilles ; dans les pays tropicaux, on utilise Scolia contre certaines larves de Coléoptères.


Le comportement de l’adulte


L’activité constructrice : nids et terriers

Avant de pondre et de rassembler la nourriture indispensable à leurs larves, un grand nombre d’Hyménoptères porte-aiguillon aménagent un abri plus ou moins perfectionné pour leur descendance.

Dans les cas les plus simples, il s’agit d’une cavité creusée dans le sol. Oxybelus nidifie dans le sable ; le Sphex, l’Ammophile creusent leur terrier en emportant de petites parcelles de terre entre leurs mandibules et en les dispersant à une certaine distance de l’entrée ; quand l’Ammophile quitte son terrier, elle en obture l’orifice avec un petit caillou et sait en retrouver l’emplacement ; on l’a observée en train de damer l’entrée avec un caillou, ce qui constitue un cas remarquable d’utilisation d’un outil par un Insecte.

Le Sceliphron édifie contre un mur un nid en maçonnerie ; il récolte une boulette de terre, qu’il humecte, puis vient l’étaler en façonnant l’amorce d’une paroi ; plusieurs voyages sont nécessaires avant la réalisation d’un nid de capacité suffisante pour la dizaine d’Araignées qu’il y emmagasinera. Un Pompile, Pseudagenia, fait également un nid de terre, en forme de tonnelet.

Certaines Osmies s’installent dans des coquilles d’Escargots. L’Abeille charpentière (Xylocopa) creuse une galerie dans le bois et la subdivise en cellules par des cloisons de bois mâché. Dans la région méditerranéenne, Sphex paludosus établit son nid dans des tiges de roseaux.

Quelques formes recouvrent la paroi interne de leur construction par des feuilles ou des pétales découpés. Le Chaldicodome (Mégachile) prélève des fragments circulaires sur les feuilles de Rosier et en fait des étuis qu’il installe dans son terrier. Quelques Osmies utilisent des pétales de fleurs pour tapisser leur nid.

Ce sont évidemment les Hyménoptères sociaux qui édifient les nids les plus perfectionnés. Les Fourmis des régions tempérées sont essentiellement fouisseuses, mais elles aménagent galeries et chambres en y maintenant un microclimat particulier. Quelques espèces, surtout tropicales, construisent des nids aériens en terre, ou s’installent dans des plantes déterminées ; les Fourmis couturières font leur nid en réunissant des feuilles par les fils de soie, que sécrètent leurs larves ; celles-ci sont utilisées comme de véritables outils. Les Guêpes font des nids enterrés ou suspendus, dont la matière première est une sorte de papier obtenu par malaxage de fibres végétales avec la salive ; le même matériau sert à construire l’enveloppe protectrice et les rayons aux alvéoles géométriques. Dans leurs nids souterrains, les Bourdons utilisent la cire qu’ils sécrètent pour modeler des cellules à couvain et des urnes à miel et à pollen. Mais c’est chez l’Abeille domestique que la cire trouve son plus bel emploi, dans l’édification des rayons verticaux garnis sur les deux faces d’alvéoles réguliers, qu’occupent les œufs, les larves et les nymphes et où sont entreposées les réserves ; la propolis, gomme récoltée sur les arbres, sert à boucher les fissures de la ruche.