Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hyksos (suite)

Les structures politiques chez les Hyksos

Les étrangers commencent par s’installer dans l’est du Delta, où ils élèvent, vers 1720, à Avaris, un temple au dieu local Seth, qu’ils ont choisi pour protecteur à cause de ses analogies avec les divinités cananéennes. Les chefs de chacun des groupes hyksos prennent le titre royal : Manéthon en a classé un certain nombre dans sa XVIe dynastie pharaonique. Puis, au-dessus d’eux, s’élève une série de rois (XVe dynastie, v. 1670-1560), établis à Memphis, qu’ils ont conquise. Ces « Grands Hyksos », dont les plus importants sont Khyan et Apophis Ier, exercent une certaine prédominance sur les chefs étrangers du Delta et de la moyenne Égypte, sur les roitelets égyptiens qui se maintiennent un peu partout jusqu’à la première cataracte et sans doute aussi, avec les mêmes liens lâches, sur les chefs locaux de la Palestine. Mais on ne peut parler d’empire hyksos quand l’archéologie montre que, à l’époque de cette domination, l’Égypte a perdu la maîtrise de la mer et cessé ses échanges avec la Crète, Chypre et la moitié septentrionale du couloir syrien. Si les Hyksos utilisent les types de fortifications (banquette ou glacis, qui protège la muraille contre le bélier) inventés dans le nord de la Syrie et perfectionnés en Palestine, il n’y a pas de civilisation hyksos, comme on se l’est imaginé à la découverte de ces ouvrages ou de scarabées hyksos (amulettes appelées par destination à être échangées au loin) dans une vaste région qui va du delta du Nil à la grande boucle de l’Euphrate. En fait, les vrais Hyksos, ceux de la vallée du Nil, ont adopté très vite la civilisation et les dieux de l’Égypte.


La fin des Hyksos

Vers 1580, la dynastie égyptienne de Thèbes (la XVIIe de Manéthon, v. 1650-1560), la plus puissante de celles qui dépendent des « Grands Hyksos », donne le signal de la révolte contre les étrangers. Le roi Kames (mort vers 1570) les rejette au nord d’Assyout, puis son frère, Ahmosis, non sans mal, s’empare d’Avaris (1560). Les guerriers hyksos, qui n’étaient qu’une faible minorité, disparaissent de l’histoire ; sans doute, les survivants se sont-ils dispersés en Palestine et mis au service des chefs locaux.

Les Égyptiens sont alors animés d’un esprit guerrier nouveau, et la volonté de revanche les conduit à la conquête du couloir syrien. Leur xénophobie habituelle et la propagande des pharaons de la XVIIIe dynastie poussent les scribes de la vallée du Nil à peindre comme des barbares cruels et ennemis des dieux les chefs hyksos, dont le souvenir commence à s’estomper.

G. L.

 W. C. Hayes, Egypt : from the Death of Ammenemes III to Seqenenre II (Cambridge Ancient History, 1962). / T. G. H. James, Egypt : from the Expulsion of the Hyksos to Amenophis I (Cambridge Ancient History, 1965). / K. M. Kenyon, Palestine in the Middle Bronze Age (Cambridge Ancient History, 1966).

Hyménoptères

Ordre d’Insectes à métamorphoses complètes (holométaboles), à deux paires d’ailes membraneuses et à pièces buccales de type broyeur-lécheur, réunissant des formes solitaires (Tenthrèdes, Sphex, Ichneumon) et des formes sociales (Fourmis, Guêpes, Bourdons, Abeilles).



Importance du groupe

Avec 300 000 espèces actuellement décrites (il en existerait plus d’un million), l’ordre des Hyménoptères constitue l’un des groupes les plus importants parmi les Insectes. Abondamment représenté sur tous les continents, surtout dans les régions chaudes, il ne pénètre pratiquement pas dans les domaines aquatique et souterrain.

C’est aussi l’un des groupes les plus évolués. Il révèle une variété exceptionnelle de comportements, par les divers aspects de la nutrition, lors de la capture et de la paralysie de proies, à l’occasion de la confection de nids et de terriers. Aucun autre groupe ne propose une gamme aussi riche de vies communautaires, qui atteint sa perfection dans les sociétés d’Abeilles et de Fourmis ; aucun autre, non plus, ne révèle, chez les individus, autant de facultés d’initiative et d’adaptation et n’est aussi favorable à l’étude du psychisme chez les Insectes. Avec ses nombreuses espèces parasites d’autres Arthropodes, dont elles limitent la pullulation, avec toutes celles qui, en butinant les fleurs, contribuent à la pollinisation, il joue un rôle essentiel dans les équilibres biologiques. Ainsi, les Hyménoptères peuvent se révéler de précieux auxiliaires pour l’Homme, compensant largement les dégâts occasionnés par quelques-uns d’entre eux (Fourmis envahissantes, Tenthrèdes ravageuses de plantes cultivées, Guêpes à la piqûre douloureuse, voire mortelle). Si l’on ajoute que la reproduction s’accomplit, à plusieurs points de vue, selon des modalités originales, on devine l’intérêt qu’a toujours suscité l’observation de ces Insectes, et que nous ont fait partager Réaumur, J. H. Fabre et K. von Frisch.


Morphologie et anatomie de l’adulte

La longueur du corps varie dans d’assez larges proportions, depuis celle des minuscules Mymaridés, qui ne dépassent pas quelques dixièmes de millimètre, jusqu’aux 4 cm qu’atteint le Sirex géant, ou Scolia flavifrons de nos régions, et que dépassent nettement certains Pompiles d’Amérique du Sud (10 cm chez Pepsis).

Parfois recouvert d’une pubescence dense (Bourdons), le corps est habituellement de couleur sombre, noire ou brune ; l’abdomen montre souvent des lignes transversales plus claires, chez les Guêpes proprement dites et chez bien d’autres espèces. Les petits Chrysidés européens se signalent par leurs teintes métalliques étincelantes résultant de la diffraction de la lumière à travers les fines lamelles de leur tégument.


La tête

La tête porte presque toujours deux yeux composés et trois ocelles ; les espèces aveugles sont rares (Fourmis de la famille des Dorylidés). Les antennes sont longues, formées parfois de plusieurs dizaines d’articles ; chez les Fourmis, les Guêpes, les Abeilles, elles sont coudées après leur premier article, à lui seul aussi long que la douzaine d’autres qui le suivent. Les six pièces buccales, broyeuses chez beaucoup d’espèces, en particulier chez les Fourmis, correspondent à une régime omnivore ; les mandibules, en outre, sont souvent utilisées pour saisir les proies ou les matériaux intervenant dans la réalisation du nid ou du terrier ; chez plusieurs Hyménoptères, la lèvre inférieure s’allonge en une langue qui permet de lécher les liquides ; déjà bien marquée chez les Guêpes, cette évolution atteint son maximum chez les Bourdons et les Abeilles, qui peuvent ainsi puiser dans les corolles les plus profondes le nectar, matière première du miel.