Hyksos (suite)
Les structures politiques chez les Hyksos
Les étrangers commencent par s’installer dans l’est du Delta, où ils élèvent, vers 1720, à Avaris, un temple au dieu local Seth, qu’ils ont choisi pour protecteur à cause de ses analogies avec les divinités cananéennes. Les chefs de chacun des groupes hyksos prennent le titre royal : Manéthon en a classé un certain nombre dans sa XVIe dynastie pharaonique. Puis, au-dessus d’eux, s’élève une série de rois (XVe dynastie, v. 1670-1560), établis à Memphis, qu’ils ont conquise. Ces « Grands Hyksos », dont les plus importants sont Khyan et Apophis Ier, exercent une certaine prédominance sur les chefs étrangers du Delta et de la moyenne Égypte, sur les roitelets égyptiens qui se maintiennent un peu partout jusqu’à la première cataracte et sans doute aussi, avec les mêmes liens lâches, sur les chefs locaux de la Palestine. Mais on ne peut parler d’empire hyksos quand l’archéologie montre que, à l’époque de cette domination, l’Égypte a perdu la maîtrise de la mer et cessé ses échanges avec la Crète, Chypre et la moitié septentrionale du couloir syrien. Si les Hyksos utilisent les types de fortifications (banquette ou glacis, qui protège la muraille contre le bélier) inventés dans le nord de la Syrie et perfectionnés en Palestine, il n’y a pas de civilisation hyksos, comme on se l’est imaginé à la découverte de ces ouvrages ou de scarabées hyksos (amulettes appelées par destination à être échangées au loin) dans une vaste région qui va du delta du Nil à la grande boucle de l’Euphrate. En fait, les vrais Hyksos, ceux de la vallée du Nil, ont adopté très vite la civilisation et les dieux de l’Égypte.
La fin des Hyksos
Vers 1580, la dynastie égyptienne de Thèbes (la XVIIe de Manéthon, v. 1650-1560), la plus puissante de celles qui dépendent des « Grands Hyksos », donne le signal de la révolte contre les étrangers. Le roi Kames (mort vers 1570) les rejette au nord d’Assyout, puis son frère, Ahmosis, non sans mal, s’empare d’Avaris (1560). Les guerriers hyksos, qui n’étaient qu’une faible minorité, disparaissent de l’histoire ; sans doute, les survivants se sont-ils dispersés en Palestine et mis au service des chefs locaux.
Les Égyptiens sont alors animés d’un esprit guerrier nouveau, et la volonté de revanche les conduit à la conquête du couloir syrien. Leur xénophobie habituelle et la propagande des pharaons de la XVIIIe dynastie poussent les scribes de la vallée du Nil à peindre comme des barbares cruels et ennemis des dieux les chefs hyksos, dont le souvenir commence à s’estomper.
G. L.
W. C. Hayes, Egypt : from the Death of Ammenemes III to Seqenenre II (Cambridge Ancient History, 1962). / T. G. H. James, Egypt : from the Expulsion of the Hyksos to Amenophis I (Cambridge Ancient History, 1965). / K. M. Kenyon, Palestine in the Middle Bronze Age (Cambridge Ancient History, 1966).