Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Huns (suite)

Ils relaient les Kidârites et s’installent alors à Kaboul et à Kandahar avant d’entreprendre la conquête du nord-ouest de l’Inde. Ils sont repoussés sans doute à deux reprises par les souverains indiens au milieu du ve s., mais s’emparent facilement du bassin de l’Indus et de celui du Mālwā sous la conduite d’un prince secondaire, sans doute le tegin de Kaboul au nom indianisé de Toramāna, dont l’empire ne survit pas à la disparition de son fils Mihirakoula, qui, de 502 à 530, a été le véritable Attila de l’Inde.

Placés sous l’autorité souvent lointaine de leur khān vivant en Bactriane et en Badakhchan, divisés en fait en nombreuses principautés autonomes, dont celle de Kaboul et de l’Inde sont les plus importantes, les Hephthalites ont dans l’un et l’autre cas multiplié les atrocités. Surtout, ils ont détruit les œuvres d’art des peuples soumis, et notamment celles de la civilisation gréco-bouddhique du Gāndhāra, avant d’être eux-mêmes vaincus au début du vie s., puis absorbés définitivement au milieu du viie s. par la masse indienne, au sein de laquelle ils auraient survécu dans le clan « rājpūt ». Avec un certain décalage dans le temps, Huns occidentaux et Huns Hephthalites ont donc connu un destin symétrique.

P. T.

➙ Attila / Barbares / Ostrogoths / Wisigoths.

 SOURCES. Jordanes, Getica, éd. Th. Mommsen (MGH, AA, V, 1, 1882). / Ammien Marcellin, Res gestae (Berlin, 1910-1915 ; 2 vol.).
R. Grousset, l’Empire des steppes. Attila, Gengis khan, Tamerlan (Payot, 1948 ; 6e éd., 1969). / F. Altheim, Attila und die Hunnen (Baden-Baden, 1951 ; trad. fr. Attila et les Huns, Payot, 1952) ; Geschichte der Hunnen (Berlin, 1959-1964 ; 5 vol.). / M. Brion, la Vie des Huns (Club des libraires de France, 1961). / L. Hambis, Attila et les Huns (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).

Hunyadi

Famille noble de Hongrie.



Jean (János) Hunyadi (v. 1387-1456)

Il était le fils d’un Valaque magyarisé ; sa mère, Elisabeth Morzsinay, était hongroise. Le nom de la famille dérivait d’une propriété de Transylvanie.

Jean Hunyadi, né en Transylvanie, entra dès sa jeunesse au service de Sigismond de Luxembourg, qui avait obtenu, en 1387, la couronne de Hongrie par son mariage en 1385 avec la reine Marie, fille de Louis le Grand, et qui prit part en 1420 à la guerre contre les hussites. En 1438, le roi Albert Ier (1437-1439) [empereur Albert II] le nomma bán de Szörény, pays situé sur les marches du royaume et en butte aux attaques constantes des Ottomans. À la mort d’Albert Ier, en 1439, Jean Hunyadi soutint la candidature au trône de Hongrie du jeune roi de Pologne, Ladislas III Jagellon II* (Vladislas Ier de Hongrie), contre les partisans du candidat impérial, Ladislas le Posthume, fils d’Albert Ier.

Il prit part à la guerre civile qui s’ensuivit et fut investi de la capitainerie de Belgrade et de la voïvodie de Transylvanie. Il participa ensuite à des luttes contres les Turcs, qu’il battit à Szentimre et à Sibiu (1442). En 1443, il prenait Niš dans les Balkans, défaisait trois pachas turcs et, après s’être emparé de Sofia, battait Murat II (1421-1451) à Znojmo.

De retour en Hongrie au début de l’année 1444, il avait reconquis la presque totalité des Balkans sur les infidèles, mais le pape Eugène IV et les souverains Georges Brankovič de Serbie (1427-1456) et Skanderbeg (1443-1468) le supplièrent de chasser complètement les Ottomans d’Europe. Bien que peu confiant dans ce projet, Jean Hunyadi conduisit en juillet 1444 l’armée hongroise vers les côtes de la mer Noire, où elle devait retrouver une flotte vénitienne.

La défection de Georges Brankovič, la mort sous les murs de Varna du nonce Giuliano Cesarini (1398-1444) et du roi Vladislas Ier, « le martyr de Varna », transformèrent la campagne en déroute (10 nov. 1444). La Hongrie reconnut alors comme roi le fils d’Albert Ier, Ladislas V le Posthume (1444-1457), mais la diète de 1445 institua comme gouvernement provisoire cinq lieutenants généraux. Jean Hunyadi était l’un d’entre eux ; en 1446, il fut élu, seul, régent de Hongrie avec des pouvoirs royaux (1446-1453).

Il combattit l’empereur Frédéric III, qui refusait de relâcher le petit roi Ladislas et saccagea la Styrie et la Carinthie. Il voulut également reprendre la lutte contre les Ottomans, mais, trahi par l’hospodar de Valachie, Dan III (1446-1448), et par Brankovič, il supporta seul l’assaut des Turcs et fut finalement vaincu à Kosovo après trois jours de combat (17-19 oct. 1448).

En 1450, à l’entrevue de Presbourg, il obtint de Frédéric III qu’il livre enfin le roi Ladislas V (1452), entre les mains duquel il remettait en 1453 ses pouvoirs de régent. Nommé comte de Bestercze et capitaine général du royaume, Jean Hunyadi allait s’employer à contenir les Turcs, qui venaient de s’emparer de Constantinople.

En 1454, Jean défaisait l’armée de Fīrūz bey près de Kruševac. En 1456, sans ressources et abandonné par les magnats, il réussit, avec l’aide du franciscain saint Jean de Capistran (1386-1456), à mettre sur pied une armée de croisés, composée surtout de paysans, et à détruire les forces de Mehmet II qui investissaient Belgrade (21-22 juill. 1456), assurant ainsi à la Hongrie un nouveau répit pour son indépendance. Mais Jean Hunyadi fut bientôt emporté, le 11 août 1456, par la peste qui, au lendemain du combat, ravagea l’armée hongroise victorieuse.

Ce guerrier, champion de la civilisation chrétienne face à la menace turque, fut aussi un homme d’État énergique et clairvoyant. En Hongrie, il lutta contre les magnats et reconnut les tares et les anachronismes du régime féodal ; il fut notamment, un des premiers à recourir au service d’une armée régulière.

Malgré le prestige acquis par la famille des Hunyadi, les fils du héros, Ladislas et Mathias, furent les victimes des seigneurs hongrois qui jalousaient leur père.