Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Huître

Mollusque bivalve comestible, dont l’élevage est l’ostréiculture*.



Généralités

Le terme d’Huître désigne communément un Mollusque bivalve comestible très apprécié, dont il existe un certain nombre d’espèces ; mais il s’applique aussi à des formes exotiques apparentées recherchées pour les perles qu’elles élaborent.

Sur nos côtes de France vivent l’Huître plate (Ostrea edulis), dont les « bancs naturels » ne cessent de diminuer, et l’Huître portugaise (Crassostrea angulata), introduite du Portugal depuis un bon siècle.

Une mortalité exceptionnelle ayant affecté ces Huîtres depuis quelques années, l’acclimatation de l’Huître du Japon, ou Huître du Pacifique (Crassostrea gigas), qui est fort voisine de la portugaise, est essayée sur une grande échelle depuis 1969. De semblables tentatives faites auparavant avec la forme américaine (Crassostrea virginica) étaient restées infructueuses.

Les Huîtres perlières, du genre Pinctada, exploitées en mer Rouge et dans l’Indo-Pacifique, font au Japon l’objet d’un élevage orienté vers la production de perles dites « de culture », ou perles artificielles.

Le régime alimentaire des Huîtres, microphagique, consiste surtout en Diatomées, en spores d’Algues ; mais il est probable que le tégument se prête à l’absorption par pinocytose de substances organiques en solution, comme on l’a reconnu récemment chez la Moule.

Les sexes sont séparés chez la portugaise, de sorte que la fécondation a lieu en mer ; par contre, l’Huître plate, larvipare, montre un hermaphrodisme consécutif.

Dans les deux cas, les larves, après une vie pélagique assez courte, se fixent sur les fonds par leur valve gauche. Pour leur reproduction, leur développement, les Huîtres exigent des eaux de salinité assez basse ; aussi se localisent-elles vers l’embouchure des cours d’eau.

Les Huîtres plates formaient jadis d’importants bancs naturels sur une grande partie de nos côtes ; mais, exploités sans mesure, ces gisements disparaissaient lorsque en 1867 survint un événement qui eut d’heureuses conséquences : le rejet à la mer du chargement de portugaises d’un navire en difficulté à l’embouchure de la Gironde. C’est ainsi que se créa un centre de dispersion de portugaises qui fut à l’origine de nombreux bancs actuellement répartis sur les côtes de Charente-Maritime et de Vendée.


Valeur alimentaire

L’Huître, riche en sels minéraux, en oligo-éléments, en vitamines (A, B1, B2, D, C, E, PP), est un aliment de très haute valeur alimentaire.

A. F.

➙ Bivalves / Mollusques / Ostréiculture.

 H. Bierry et B. Gouzon, les Huîtres de consommation (Baillière, 1939). / G. Ranson, la Vie des huîtres (Gallimard, 1943). / J. Robin, l’Huître du Belon (Foulon, 1945). / P. Dalido, l’Huître du Morbihan (Rivière, 1948). / P. S. Galtsoff, The American Oyster (Crassostrea virginica Gmel) [Washington, 1964]. / A. Boyer, les Coquillages comestibles (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968). / A. Lucas, Conchyliculture expérimentale (Centre nat. pour l’exploitation des océans, 1970).

humanisme

Le terme d’humanisme est l’un de ceux sur le sens desquels personne ou à peu près ne s’entend vraiment. C’est que le mot, d’une plasticité inquiétante en dépit de sa création récente (il n’apparaît dans le Supplément du Dictionnaire de Littré qu’avec la datation de 1877), se trouve lié à l’évolution de la pensée occidentale, tout au long de plusieurs siècles de culture et d’histoire, comme en témoignent les emplois successifs des termes humanitas, humances, humain, humanité, humanisme, tous inséparablement liés.



Généralités

En latin déjà (Aulu-Gelle, Nuits attiques, XIII, 17), humanitas désigne ce qui distingue l’homme de toutes les autres créatures, ce qui, donc, est précisément le propre de l’homme, la culture.

Au Moyen Âge, on appelle humaniores litterae les connaissances profanes, telles qu’elles sont apprises dans les facultés des arts (notre actuel enseignement du second degré), qui ouvrent elles-mêmes accès aux facultés — de rang élevé — où l’on enseigne le droit ou la médecine. Elles se distinguent ainsi des diviniores litterae (lettres divines) : commentaires de la Bible, science de la religion chrétienne qui relèvent des éminentes facultés de théologie. Cette expression de lettres humaines se trouve encore employée au xvie s. (Rabelais, Amyot) pour marquer la différence — qui n’implique pas opposition — entre la culture sacrée et un enseignement non religieux, dans lequel les littératures antiques sont venues s’ajouter à l’essentiel des disciplines scolastiques du curriculum médiéval.

Ce retour aux textes classiques, considéré comme une propédeutique, un complément nécessaire pour les études de théologie qui, alors, sont les seules à compter vraiment, les écrivains du temps le nomment instauratio, restauratio, restitutio bonarum litterarum (établissement, rétablissement, remise en honneur des bonnes lettres). Certains, usant d’un style plus liturgique et plus imagé, parlent de reflorescentia (nouvelle floraison), renascentia (renaissance). D’autres reprennent au latin le mot humanitas, que Rabelais traduit, en 1532, pour faire éclater dans le Pantagruel (IX bis) la fameuse formule lettres d’humanité, par laquelle il célèbre les littératures grecque et latine, envisagées comme un instrument d’éducation morale, à la fois philologie et philosophie, docte érudition et sagesse prudente. Aux érudits, nourris de ces lettres d’humanité, s’appliquera bientôt le nom d’humaniste (peu employé, il est vrai, en France au xvie s.). Par leur culture littéraire et encyclopédique, ils se différencient des spécialistes étroits, ceux des questions juridiques, par exemple, et des théologiens, préoccupés des seules questions de la foi.

Dès la fin du xviie s., avec l’organisation des collèges, on appelle humanités les classes qui font suite à celles de grammaire et dans lesquelles on enseigne les lettres antiques.

Humanisme, lui, se trouve essayé dans notre langue en 1765, au sens d’« amour général de l’humanité », signification qu’il a perdue au profit d’humanitarisme, apparu en 1837.