Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hoogh (Pieter de) (suite)

En ce siècle prospère, où le calvinisme élimine les sujets religieux, la peinture hollandaise cherche à traduire les aspirations de la bourgeoisie banquière. Si le bourgeois, le syndic ou le prince aiment à se faire représenter soit dans leur corporation, soit dans leur maison, au milieu de leur famille, c’est leur entourage, plus qu’eux-mêmes, que Pieter de Hoogh mettra en valeur. Chaque détail est soigneusement observé : le luxe des tapisseries, le mobilier cossu, l’argenterie rutilante, autant de marques destinées à souligner l’importance de la vie intime de ces personnages, leur attachement à ce qu’ils possèdent.

C’est avec une précision de géomètre que le peintre construit ses intérieurs, dont les portes s’ouvrent en enfilade et où le jeu savant des carrelages produit une perspective débouchant sur une cour ou un jardin ; mais ces portes s’ouvrent aussi sur la vie familiale : là un enfant joue, ailleurs une servante vaque à ses occupations, tandis que la maîtresse de maison fait de la tapisserie. Pourtant ce qui domine plus encore, c’est cette lumière qui pénètre par une porte ou une fenêtre pour éclairer, parfois à contre-jour, un visage, un geste, ou qui s’étale pour envelopper une scène. Le Cellier (Rijksmuseum, Amsterdam) traduit pleinement ce sens de l’espace et ce jaillissement de la lumière qui embellit le logis.

Il ne manque pas d’exemples (le crin d’un balai, la clef d’une porte) pour témoigner de la précision réaliste de Pieter de Hoogh : ainsi dans les diverses Cours de maison hollandaise (National Gallery de Londres et collections particulières). Le tableau est conçu comme si le spectateur devait connaître l’organisation de la maison jusque dans ses détails et surprendre, ainsi un moment de sa vie quotidienne. Si l’artiste a parfois représenté des personnages pittoresques (la Peseuse d’or, Berlin), il s’est le plus souvent attaché à rendre un « instant de vie » de ces logis étincelants de propreté ou de ces demeures somptueuses. Les personnages y sont certes présents, mais silencieux et contribuant pour l’essentiel à animer le sujet véritable du tableau : la demeure.

Vers 1662, on retrouve Pieter de Hoogh à Amsterdam, où il est amené à fréquenter un monde un peu différent de celui auquel il se mêlait jusque-là. Ses tableaux deviennent alors une véritable mise en scène des mondanités qui caractérisent la vie de ces milieux (les Joueurs de cartes, musée du Louvre ; le Départ pour la promenade, v. 1668, musée des Beaux-Arts, Strasbourg).

S’il est généralement éclipsé par Vermeer, Pieter de Hoogh demeure néanmoins un petit maître qui, pour avoir subi comme la plupart de ses contemporains l’empreinte de Rembrandt*, a su donner à la peinture intimiste un rang qu’elle n’avait pas jusque-là.

M. P.

 A. de Rudder, Pieter de Hooch et son œuvre (Van Oest, Bruxelles, 1914). / W. R. Valentiner, Pieter de Hoogh (Berlin et Leipzig, 1929). / F. Van Thienen, Pieter de Hoogh (Amsterdam, 1945 ; 2e éd., 1950).

Ho-pei

En pinyin Hebei, province de la Chine du Nord ; 197 200 km2 (municipalité de Pékin exclue) ; 47 000 000 d’hab. Capit. Shijiazhuang (Che-kia-tchouang).



Le milieu

C’est la plus septentrionale des provinces de la Chine du Nord. La moitié orientale est constituée par l’extension septentrionale, à une altitude moyenne de 50 m, de la Grande Plaine de la Chine du Nord, qui s’ouvre ici sur le golfe de Bohai (Po-hai) et qui est drainée par le réseau du Haihe (Hai-ho).

Un bourrelet montagneux continu, du sud-ouest au nord-est, occupe l’autre moitié de la province, où l’on peut distinguer trois ensembles principaux. Au nord-est, le massif de Jibei (Ki-pei) est un ensemble de collines et de moyennes montagnes cristallines (de 1 000 à 1 500 m d’altitude) qui marquent une nette limite entre la Chine du Nord et la Chine du Nord-Est, et dont les crêtes portent le tronçon oriental de la Grande Muraille. La chaîne des Yanshan (Yen-chan) [1 500 m], d’orientation E.-O., constitue l’élément essentiel de cet ensemble, qui ne laisse à l’est qu’un étroit passage littoral vers la Mandchourie, à Shanhaiguan (Chan-hai-kouan), point de départ de la Grande Muraille. Au nord-ouest, les massifs de Chang-bei (Tch’ang-pei) [de 1 200 à 1 500 m d’altitude en moyenne] constituent le rebord du plateau mongol, ensemble très complexe et très accidenté de blocs cristallins dénivelés par le jeu de toute une série de failles d’« orientation sinienne » (N.-E. - S.-O. - O.), et dont la dépression de Xuanhua (Siuan-houa) [600 m d’altitude] et le massif du Xiaowutaishan (Siao-wou-t’ai-chan) [3 491 m, point culminant du bassin inférieur du Huanghe (Houang-ho)] sont les deux éléments les plus remarquables. À l’ouest se dresse à une altitude moyenne de 1 000 m (culminant à 2 000 m) la chaîne des Taihangshan (T’ai-hang-chan), qui s’allonge sur plus de 500 km du nord au sud et constitue le rebord des plateaux du Shānxi (Chan-si), immense escarpement calcaire dominant la plaine du Hebei, mais dont le franchissement est facilité par l’existence d’une série de vallées transversales : ce sont les « huit passes des Taihangshan », dont la plus importante est celle de Niangziguan (Niang-tseu-kouan), qu’emprunte la voie ferrée qui relie le Hebei au Shānxi.

Les conditions climatiques du Hebei sont celles qui caractérisent la Chine du Nord dans son ensemble. À des hivers encore rigoureux (moyenne de janvier – 4 °C au sud et – 10 °C au nord) succèdent des étés très chauds (moyenne de juillet 25 °C) dans l’ensemble de la province, étés au cours desquels tombent, sous la forme d’averses violentes, de 70 à 75 p. 100 du total annuel (500 à 600 mm) des précipitations, tandis que l’hiver et le printemps connaissent une sécheresse accusée.

Cette concentration considérable des précipitations, la destruction millénaire de la couverture forestière des massifs montagneux du pourtour se traduisent par une intense érosion, qui apporte en été une charge énorme au réseau du Haihe (Hai-ho), dont les crues brutales provoquaient périodiquement de graves inondations dans les plaines orientales, tandis qu’à l’inverse les sécheresses du printemps rendaient très aléatoire la culture du blé notamment. Aussi de gigantesques travaux ont-ils été entrepris depuis 1949 pour la maîtrise des eaux dans cette province.