Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Honduras (suite)

Tegucigalpa

La ville reflète bien le niveau modeste atteint par le Honduras. Ancienne cité minière promue capitale en 1880 par le hasard d’un coup d’État, située sur des collines au sol rouge érodé, son plan est capricieux, et ses maisons sans étages aux toits de tuiles donnent un aspect de bourgade à l’ensemble, malgré ses dimensions et sa rapide croissance (200 000 hab.). Quelques hôtels, services publics, ambassades étrangères sont les seuls édifices modernes du centre : que l’on ait accueilli ici la banque d’investissement de l’organisation des États centre-américains est plus un espoir qu’un symbole.

C. B.

➙ Amérique latine / Guatemala / Honduras britannique / Salvador (El).

 L. Mariñas Otero, Honduras (Madrid, 1963).

Honduras britannique ou Belize

Territoire autonome d’Amérique centrale, dépendance de la Grande-Bretagne et membre du Commonwealth, sur la mer des Antilles.



La situation

Le Honduras britannique, aujourd’hui appelé Belize, représente le reste d’une emprise anglaise qui s’est manifestée, en liaison avec les Antilles, sur toute la côte caraïbe de l’Amérique centrale, côte inhospitalière qui avait peu attiré les Espagnols. Arrivé principalement par le versant pacifique, ceux-ci atteignirent difficilement par terre ce rivage protégé par la forêt dense (par mer, l’accès est gêné par l’abondance des récifs de corail et par les secteurs marécageux de mangroves).

Ce « bout du monde » mal relié à ses deux voisins, le Mexique et le Guatemala, présente un milieu naturel peu attirant. Derrière les récifs ou la côte à mangrove s’étend un ensemble de terres basses qu’on retrouve tant au Petén guatémaltèque qu’au Quintana Roo mexicain. Au nord prédominent des terres marécageuses ; de profonds estuaires s’enfoncent, prolongés par les rivières parallèles qui pénètrent vers le sud-ouest. Les interfluves ont des sols latériques fragiles dès qu’on les défriche. Au sud de Belize, la plaine côtière est plus étroite, relayée vers l’intérieur par des collines calcaires qui dépassent rarement 300 m d’altitude. L’ensemble de ces terres connaît un climat chaud sans saison sèche marquée, si bien que la forêt dense recouvre la majeure partie du pays. Les ouragans menacent la côte, dont les établissements ont, par exemple, été détruits, comme les plantations honduriennes voisines, par le cyclone Hattie en 1961.

La population, très peu dense (env. 120 000 hab. sur près de 23 000 km2), est aussi dispersée qu’hétérogène. Elle est formée en majeure partie de Noirs et de mulâtres, surtout dans le centre du pays, où ils pratiquent souvent une agriculture de subsistance le long des cours d’eau.

Dans le Nord et dans les zones frontalières, des métis parlant espagnol constituent le quart de la population. Dans la moitié sud du pays, près de Stann Creek, on rencontre des « Caraïbes noirs », tandis qu’en bordure du Petén vivent des Indiens Mayas. Enfin, quelques milliers de Mennonites, venus du Mexique septentrional, ont fondé des colonies dans le nord du pays.

L’essentiel de la production repose sur l’exploitation de la forêt : le latex de la liane chico zapote est récolté. Cette activité de cueillette du chicle fournit la matière première du chewing-gum, exportée vers les États-Unis. (Remplacée depuis peu par une gomme synthétique, cette production est en déclin.) Les bois de charpente (pins) sont en partie exportés vers les Antilles.

Quelques plantations permettent de compléter ces exportations : un peu de canne à sucre au nord, des agrumes vers Stann Creek (qui remplacent les bananes exploitées au début du xxe s.), un peu de cacao. Récemment, des cultures de riz ont été développées dans l’extrême Sud, mais pour l’alimentation locale.

La petite ville de Belize, qui accueille le tiers de la population, est une cité endormie dont le peuplement reflète la variété du pays. Aux diverses populations d’origine locale s’ajoutent les fonctionnaires britanniques et les commerçants hindous, chinois et syriens. Capitale du territoire jusqu’en 1970, elle a à ce moment cédé le titre à Belmopan, ville nouvelle créée dans l’intérieur.

C. B.


L’histoire

La région fait d’abord partie de l’Empire maya, puis subit une invasion de Caraïbes.

La présence anglaise remonte au xviie s., lorsque le pirate Peter Wallace y débarqua en 1638. Des colons britanniques s’y établirent pour exploiter les bois, et la colonie servit également de base pour la traite des Noirs. L’Espagne revendiqua le territoire, mais, au traité de Madrid, en 1670, elle reconnut les droits de l’Angleterre.

En 1850 et en 1856, des accords entre les États-Unis et la Grande-Bretagne sanctionnèrent également cette situation, et la Grande-Bretagne érigea en 1862 le pays en colonie. Toutefois, le gouvernement guatémaltèque a toujours réclamé depuis cette époque la cession de la colonie britannique, qu’il juge lui appartenir ; ce serait surtout pour lui un moyen de posséder un débouché sur la mer des Antilles.

Le développement économique du pays et le problème de son accession à l’indépendance ont dominé toute l’histoire contemporaine. Le 1er janvier 1964, le parti dominant, le P. U. P. (People’s United Party), obtint par l’intermédiaire de son leader George Cadle Price (né en 1919), Premier ministre, l’autonomie interne.

La promesse de l’indépendance totale, faite par le gouvernement de Londres en 1965, suscita de vives protestations de la part du Guatemala*. Mais la population, en majorité anglicane et de langue anglaise, est opposée à l’assimilation à un Guatemala catholique et de langue espagnole. Une commission d’arbitrage américaine proposa en 1968 que les deux pays reconnaissent l’indépendance du Honduras britannique. Devenu le Belize en juin 1973, le pays continue, cependant, à être revendiqué à la fois par le Guatemala et le Mexique.

P. P. et P. R.