Amphipodes (suite)
La tête est soudée au premier segment du thorax ; elle porte deux yeux composés sessiles, deux antennules et deux antennes ainsi que les pièces buccales, auxquelles s’ajoutent les deux maxillipèdes soudés par la base. Le thorax montre sept segments libres ; à la base de chaque patte, une plaque coxale prolonge le corps sur le côté et contribue à donner au corps sa forme comprimée ; les appendices thoraciques, ou péréiopodes, se répartissent en deux groupes : les quatre antérieurs sont dirigés vers l’avant (les deux premiers, préhensiles, se terminent par une pince et sont appelés gnathopodes), les trois autres, dirigés vers l’arrière, permettent la fixation de l’animal à un support et se relèvent pendant la nage.
L’abdomen, avec six segments et un telson réduit, prolonge insensiblement le thorax ; par ses détentes, il joue un rôle actif dans la nage ; il porte six paires de pattes dirigées vers l’arrière, les pléopodes.
Les mouvements continuels des pléopodes renouvellent l’eau autour des cinq paires de branchies, fixées à la base des péréiopodes, sous les plaques coxales. Le Gammare se nourrit de débris organiques variés. Les œufs se développent dans une cavité incubatrice, délimitée, sous le thorax, par des plaques dépendant des péréiopodes, les oostégites ; après leur éclosion, les jeunes, déjà semblables aux adultes, restent quelque temps sous le corps de la mère.
Si la morphologie peut paraître assez uniforme, la biologie des Amphipodes révèle une grande variété.
On connaît quelques formes dulçaquicoles ; Gammarus pulex, des eaux claires et bien oxygénées, est la plus caractéristique et la plus fréquente ; Niphargus, aveugle et dépigmenté, se rencontre dans les eaux souterraines.
Sur les plages abondent les « Puces de mer » (Talitrus, Orchestia), se rassemblant sous les algues laissées par la mer ou fouissant le sable à marée montante ; leurs bonds agiles résultent de la détente de leur abdomen ; elles peuvent supporter des variations importantes de salinité et s’éloigner quelque peu du rivage, grâce à leur résistance à l’émersion. Les Corophium vivent dans le sable vaseux et y construisent un tube en l’agglomérant par une sécrétion de leurs glandes glutinifères.
Dans les algues, on trouve diverses espèces de Gammares et les étonnantes Caprelles, au corps grêle et à l’abdomen réduit et dépourvu d’appendices ; par homochromie, elles s’harmonisent remarquablement avec le milieu.
Chelura terebrans creuse des galeries dans les bois flottés et les pilotis, et ses dégâts sont redoutés.
La « Crevette rouge » (Euthemisto), pélagique, est recherchée par les Thons ; son abondance est parfois telle que la mer devient rouge.
Citons des formes commensales : Hyperia, aux grands yeux, vit sur les Méduses et s’en nourrit. Le mâle de Phronima est libre et benthique, tandis que la femelle s’installe dans la tunique des Pyrosomes et des Salpes après en avoir mangé les chairs, et y élève ses jeunes.
Sur la peau des Cétacés, on rencontre le « Pou de baleine » (Cyamus) ; cinq paires de péréiopodes aux griffes solides maintiennent son corps court et plat, nanti d’un abdomen minuscule.
Des expériences conduites sur Orchestia gammarella ont révélé un déterminisme hormonal de la différenciation du sexe ; chez le mâle, une glande androgène située dans le dernier segment thoracique assure la différenciation de l’ébauche génitale en testicule et l’apparition des caractères sexuels secondaires, en particulier la longueur et la robustesse du second gnathopode. L’ovaire produit une hormone qui contrôle l’apparition des oostégites et de leurs soies ovigères.
M. D.