Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Herzl (Theodor) (suite)

Il développe l’idée que les Juifs doivent renoncer à vivre en Diaspora, acquérir leur indépendance sur leur propre territoire en vue de fonder un État juif, et ce, grâce à une charte octroyée par les nations civilisées. Après avoir en vain sollicité des personnalités juives, philanthropes et financiers, savants et artistes, Herzl trouve en l’écrivain hongrois Max Nordau (1849-1923) un des partisans les plus résolus du sionisme politique. Le 24 février 1896, Herzl publie, en allemand, Der Jadenstaat (l’État juif) : « La question juive, écrit Herzl, est une question nationale. Pour la résoudre nous devons en faire une question mondiale qui devra être résolue dans le conseil des nations civilisées [...]. » « Nous sommes un peuple. » Réclamant pour la nation juive la souveraineté dans un territoire, Herzl pensait alors à la Palestine ou à l’Argentine.


Réactions favorables

L’« État juif » de Herzl provoque parmi les partisans de l’idée sioniste une profonde sensation. Ayant échoué auprès des financiers juifs, Herzl se tourne vers le peuple. Après avoir rejoint Vienne, il fonde, de ses propres deniers, le journal Die Welt, dont le premier numéro paraît le 4 juin 1897, et en fait la tribune du mouvement sioniste. Puis Herzl convoque le Ier congrès sioniste, qui se réunit à Bâle du 29 au 31 août 1897. C’est là que l’Organisation sioniste mondiale voit le jour et qu’est adopté le fameux « programme de Bâle » ; jusqu’à sa mort, Herzl réussira à convoquer six congrès.


Démarches diplomatiques

Dans l’intervalle, et malgré des oppositions de toutes sortes, Herzl continue ses démarches auprès de différents hommes d’État pour tenter de gagner leur sympathie sinon leur appui pour le sionisme, notamment auprès du grand-duc Frédéric Ier de Bade. En 1898, Herzl est reçu en audience par l’empereur d’Allemagne Guillaume II à Constantinople, puis à Jérusalem. Quant au sultan Abdülhamid II, il se montre réticent. En août 1903, Herzl est reçu par le ministre russe V. K. Plehve, qui lui promet de soutenir les projets sionistes auprès du Sultan. Lors de ce voyage, Herzl reçoit un accueil triomphal, notamment à Vilnious. En 1904, Herzl rencontre le roi Victor-Emmanuel III ainsi que le pape Pie X ; ce dernier se montre très réservé à l’égard du problème des lieux saints.

Cependant, dès le début de ses démarches diplomatiques, Herzl a fondé de grands espoirs sur la Grande-Bretagne ; il a même convoqué le IVe congrès sioniste, en 1900, à Londres. Le gouvernement anglais, après avoir étudié l’établissement de colonies juives dans le territoire égyptien d’El-Arish, dans la péninsule du Sinaï, propose finalement l’Ouganda.


Luttes internes

Cependant, les différentes négociations avec le gouvernement anglais provoquent parmi les sionistes une résistance d’autant plus résolue que, depuis 1882, soutenu par le baron Edmond de Rothschild (1845-1934), un groupe d’émigrants juifs appelés « les amants de Sion » (Hoveve Sion) a réussi à mettre à exécution certains plans de colonisation en Palestine. Herzl cependant reste persuadé qu’il faut obtenir d’abord des garanties politiques auprès des grandes nations. En 1902, il publie un roman futuriste intitulé Altneuland ; il y décrit le retour des Juifs dans la Terre promise, foyer d’une société égalitaire et démocratique. Herzl conclut en proclamant le fameux : « Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve », paroles qui sont devenues par la suite la devise du sionisme politique.

Cependant, les conceptions politiques de Herzl continuent à susciter d’ardentes critiques, même parmi les sionistes : certains, comme Ahad Haam (pseudonyme d’Asher Ginzberg), préconisent un sionisme fondé essentiellement sur la renaissance de la culture juive.


Épilogue

Épuisé physiquement par tant de luttes, Herzl meurt le 3 juillet 1904 ; il sera enterré au cimetière juif de Vienne à côté de son père, en attendant d’être transféré en 1949 à Jérusalem sur une hauteur appelée « Har Herzl » (mont Herzl).

La doctrine de Herzl avait pris sa source dans la situation précaire des Juifs au xixe s., dans nombre de pays européens. Pour Herzl, la détresse juive était d’abord d’ordre moral et politique. Il ne pouvait donc y avoir de solution dans la Diaspora, puisque les Juifs y étaient une minorité impuissante. C’est pourquoi Herzl élabora une politique juive nationale permettant aux Juifs persécutés de retrouver sur le sol ancestral l’indépendance politique et la souveraineté nationale.

Cette vision devint réalité quand, après la décision de l’O. N. U, l’État d’Israël* fut proclamé à Jérusalem le 14 mai 1948, 5 iyyar 5708 selon le calendrier hébraïque.

H. S.

➙ Israël / Juifs / Sionisme.

 A. Bein, Theodor Herzl (Vienne, 1934). / I. Cohen, Theodor Herzl, Founder of Political Zionism (New York, 1959). / A. Chouraqui, Theodore Herzl, inventeur de l’État d’Israël (Éd. du Seuil, 1960).

Hesse

En allem. Hessen, État (Land) de la République fédérale d’Allemagne ; 21 110 km2 ; 5,3 millions d’habitants.



La géographie

Le Land résulte de la fusion, en 1945, de l’ancien Land de Hesse et de la province prussienne de Hesse-Nassau.

Administrativement, le Land est partagé en trois départements (Regierungsbezirke) : Kassel (9 200 km2 et 1,3 million d’hab.), Darmstadt (6 300 km2 et 1,75 million d’hab.), Wiesbaden (5 610 km2 et 2,2 millions d’hab.). La capitale est Wiesbaden et non Francfort, la principale ville.

Sur le plan géographique, la région présente une très grande variété de paysages. En fait, elle manque d’unité naturelle. Elle comprend une partie des vallées du Rhin et du Main ainsi qu’un ensemble de vallées, dépressions et massifs anciens et volcaniques. Les vallées de la Werra et de la Fulda s’ouvrent vers le nord pour former la Weser ; le Main (avec ses affluents, Kinzig et Nidda) et la Latin rejoignent le Rhin. Cela illustre une des originalités de ce pays, qui est une des plus importantes zones de passage entre l’Allemagne du Sud et l’Allemagne du Nord. La voie ferrée Francfort-Kassel-Hanovre et l’autoroute qui suit à peu près le même tracé matérialisent cette fonction. Par le Regierungsbezirk de Kassel, la Hesse est frontalière de la R. D. A., ce qui accentue encore le rôle de carrefour.