Henri III (suite)
Les Guise trouvèrent un appui efficace dans le peuple parisien, très attaché au culte catholique et fanatisé par ses prédicateurs. La Ligue se réorganisa sous la haute main des Guise, devenus très puissants. Henri III crut prudent, comme il l’avait déjà fait, de s’entendre avec les ligueurs et de traiter avec eux. Devant cette attitude, les protestants reprirent les armes en 1585. Ainsi débuta le dernier et le plus acharné de ces conflits religieux.
En octobre 1587, les troupes royales, commandées par le duc de Joyeuse, furent écrasées à Coutras par le roi de Navarre. Henri III, qui voulut traiter avec les rebelles, se déconsidéra et devint de plus en plus impopulaire. Le duc de Guise ne cachait plus son ambition de monter sur le trône, et des érudits complaisants lui fabriquaient une généalogie qui le faisait descendre de Charlemagne.
La crise finit par éclater en mai 1588. Le roi avait interdit au duc de Guise de se rendre à Paris ; ce dernier ayant passé outre, il fit venir des troupes dans la capitale, ce qui provoqua la « journée des Barricades » (12 mai 1588). Le duc n’osa pas faire arrêter le roi et perdit ainsi l’occasion de s’emparer de la couronne. Humilié, Henri III s’enfuit le lendemain à Chartres, puis à Rouen. Il y signa en juillet l’édit d’Union, qui donnait satisfaction aux ligueurs, puisqu’il était destiné à empêcher tout prince protestant de lui succéder. Mais l’échec de l’expédition de Philippe II contre l’Angleterre (l’Invincible Armada) renforça la position d’Henri III qui convoqua les seconds états généraux à Blois (sept. 1588), où les ligueurs obtinrent la majorité ; effrayé, le roi fit exécuter le duc Henri de Guise par sa garde le 23 décembre 1588 ; le lendemain, le cardinal Louis de Lorraine, frère d’Henri de Guise, subissait le même sort.
En France, ces événements provoquèrent un soulèvement général contre le souverain. Paris se donna au frère des victimes, le duc de Mayenne, et la plupart des grandes villes, dont Lyon, Marseille et Toulouse, prirent parti pour la Ligue. Henri III n’eut plus d’autres ressources que de s’allier aux protestants. À l’entrevue de Plessis-lez-Tours le 30 avril 1589, il traita avec le roi de Navarre, puis tous deux vinrent mettre le siège devant la capitale. C’est là, à Saint-Cloud, que, le 1er août, un exalté, Jacques Clément, poignarda Henri III, qui mourut le lendemain après avoir désigné le roi de Navarre comme son successeur légitime.
P. P. et P. R.
➙ France / Henri IV / Religion (guerres de) / Valois.
P. Champion, la Jeunesse de Henri III (Grasset, 1942 ; 2 vol.) ; Henri III, roi de Pologne (Grasset, 1943-1951 ; 2 vol.).