Heine (Heinrich) (suite)
Retour aux sources
À partir de 1848, peu après les journées de février, un mal incurable l’enferme chez lui, paralysé. Il a dit dans ses derniers vers toute la douleur de la déchéance. Les pensées de ses dernières années ne sont plus pour les luttes politiques ou pour cette mission européenne qu’il se donnait. Son propre destin et le sens de sa vie le tourmentent : « Le paganisme à la manière des Grecs, pour beau et joyeux qu’il soit, ne me suffit plus, depuis que moi-même je ne suis plus ni beau ni joyeux. J’ai retrouvé le chemin qui mène à Dieu... »
Ce Dieu auquel il croit de nouveau, et il le redit dans son testament, est le Dieu de la Bible. « Oui, je suis revenu à Dieu, comme le fils prodigue, après avoir longtemps gardé les cochons avec les disciples de Hegel », écrit-il le 30 septembre 1851, dans la postface au Romanzero, son dernier grand recueil lyrique. Histoires, ballades et romances diversement exotiques s’y succèdent dans les premiers chants, avec encore des attaques contre ses ennemis de jadis pour en arriver au Livre de Lazare, d’un ton bien plus personnel et qui se termine sur une manière de confession intitulée Enfant perdu.
Les derniers poèmes, après le Romanzero, sont une suite de dialogues avec la mort, et traversés d’exclamations de la même ironie amère que les anciens chants de l’amour malheureux.
P. G.
G. Bianquis, Heine, l’homme et l’œuvre (Boivin, 1948). / J. Dresch, Heine à Paris (Didier, 1956). / A. Vallentin, Henri Heine (A. Michel, 1956). / H. Kaufmann, Heinrich Heine, geistige Entwicklung und künstlerisches Werk (Berlin, 1967). / W. Maier, Leben, Tat und Reflexion, Untersuchungen zu Heinrich Heines Aesthetik (Bonn, 1969).