Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Haye (La) (suite)

Aux xixe et xxe s., de nombreux congrès s’y réunirent (conférences de la Paix en 1899 et 1907 ; conférences de La Haye en 1929 et 1930). Au cours de la Seconde Guerre mondiale, La Haye fut ravagée par les Allemands lors de l’édification du mur de l’Atlantique, et par les Alliés, qui la bombardèrent durant l’hiver 1944-45 afin d’atteindre les rampes de lancement des « V1 » et « V2 » qui y étaient installées.

P. R.


Les fonctions

Avec moins du tiers des emplois, l’industrie est beaucoup plus faiblement représentée qu’à Amsterdam et à Rotterdam ; il s’agit en majeure partie d’industries légères de grande ville, avec des établissements de taille petite ou moyenne (mobilier, confection, brasserie et autres industries alimentaires, imprimerie et édition), mais aussi d’implantations plus importantes, en général postérieures à 1945, telles que l’électronique (Philips), la métallurgie de transformation, le caoutchouc. Les usines se localisent surtout au sud de la ville, en liaison avec les voies ferrées et les canaux.

Le secteur tertiaire joue un rôle capital à La Haye. Le centre-ville, où voisinent les petites rues commerçantes et les avenues bordées des immeubles des grands magasins, regroupe l’essentiel des activités de desserte locale et régionale : un équipement commercial très complet, les banques, les cinémas et les théâtres... La qualité de ces services s’explique plus par l’importance de l’agglomération et le niveau de vie moyen élevé de sa population que par l’influence régionale de La Haye, dont l’aire, limitée au sud par la présence de Rotterdam, ne s’étend guère que dans un rayon de 15 à 20 km au nord-est et à l’est de la ville. Encore faut-il signaler que, si La Haye est le second foyer culturel des Pays-Bas (musique, danse, théâtre, peinture et sculpture, Bibliothèque royale, écoles supérieures spécialisées), elle ne possède pas d’université.

En définitive, c’est au service de la nation et parfois du monde entier que travaille une grande partie de la population active. Plus de 40 000 fonctionnaires (20 p. 100 des effectifs néerlandais) se répartissent entre les ministères, la direction des Postes et le centre de chèques postaux (plus de 15 000 salariés), le bureau de statistiques, le service du plan, la recherche scientifique... D’autres cadres et employés peuplent les bureaux d’une gamme très étendue d’organismes, d’institutions et d’associations qui ont recherché dans leur localisation la proximité de l’administration publique.

La Haye détient moins de sièges sociaux de grandes entreprises industrielles qu’Amsterdam et Rotterdam, mais tout ce qui compte aux Pays-Bas dans le domaine économique et social y possède au moins des bureaux ou une agence, sinon sa direction nationale : KLM, sociétés pétrolières, compagnies d’assurances, syndicats patronaux et ouvriers. Touring Club et Croix-Rouge néerlandaise... Sur le plan international, il faut mentionner les ambassades, la Cour internationale de justice, l’Académie de droit international et les nombreux congrès qui se tiennent dans la cité. Tout cela, joint à la réputation culturelle de La Haye (musée de Mauritshuis) et à la présence de Scheveningen, apporte à la ville un afflux considérable de visiteurs néerlandais et étrangers, qui y disposent de ressources hôtelières considérables (plus de 20 000 lits).

La localisation de ces fonctions ne correspond guère au schéma classique du « centre des affaires » des grandes métropoles ; si une partie importante de l’administration gouvernementale et des ambassades se sont établies dans l’est de la vieille ville, souvent dans des bâtiments historiques, les autres organismes se dispersent dans toute l’agglomération, où il n’est pas rare de trouver un grand immeuble de construction récente à côté de lotissements résidentiels ; les destructions de la Seconde Guerre mondiale ont toutefois permis l’apparition, au sud du « Bois », d’un quartier de bureaux dont l’édification n’est pas encore achevée.

Ville bourgeoise, très paisible le soir après la brusque animation de la sortie des bureaux, La Haye ne donne pas l’impression d’une cité laborieuse comme Rotterdam ou débordante de vie comme Amsterdam. Mais son activité n’en est pas moins essentielle à l’économie néerlandaise et illustre bien le partage des fonctions, caractéristique du Randstad Holland.

Scheveningen

Scheveningen fait partie de la commune de La Haye, l’ensemble formant aujourd’hui une agglomération continue alors qu’à l’origine les deux noyaux étaient séparés par le cordon dunaire. À un endroit où celui-ci est moins élevé s’était établi un village de pêcheurs qui eut beaucoup à souffrir des assauts de la mer jusqu’à la construction de fortes digues à la fin du siècle dernier. À cette époque, au nord et un peu à l’écart du port de pêche, se développe peu à peu le long du rivage un second quartier qui deviendra rapidement la station balnéaire la plus recherchée des Pays-Bas.

Encore aujourd’hui, il existe peu de liens entre les deux principales activités de Scheveningen : le contraste est frappant entre les modestes maisons de brique des pêcheurs, serrées près du port, et la majesté un peu vieillotte des « monuments balnéaires » 1900 donnant sur la promenade du bord de mer, où, pendant la courte saison estivale et certains week-ends, grouille une foule bigarrée de touristes, parmi lesquels beaucoup d’Allemands, venus d’une traite de Rhénanie par l’autoroute. D’un côté comme de l’autre, la modernisation de l’infrastructure est à l’ordre du jour.

Le port de pêche, le second des Pays-Bas (après IJmuiden), s’est doté d’une halle moderne et d’installations de traitement et de conservation du poisson ; d’autre part, les travaux qui s’achèvent actuellement en amélioreront sensiblement l’accès. Toutefois, le hareng, qui domine très nettement parmi les prises, est un poisson bon marché dont l’écoulement offre peu de possibilités d’extension.