Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hārūn al-Rachīd (suite)

L’homme est très controversé. Personnage déformé par la légende, il est tour à tour présenté comme l’un des plus grands califes ou l’un des plus incompétents, responsable de surcroît de la dislocation de l’Empire. Quoi qu’il en soit, son règne reste un grand moment de la civilisation musulmane. Bagdad est alors le centre politique et économique du monde, et un haut lieu d’art, de culture et de pensée. Le prestige de l’Empire est tel que le nom d’al-Rachīd est alors connu dans le monde entier.

M. A.

➙ ‘Abbāssides.

Haryana

État du nord de l’Inde ; 43 175 km2 : 9 971 000 hab. Cap. Chandigarh*.


Le Haryana est situé sur le seuil qui sépare le bassin du Gange de celui de l’Indus, juste à l’ouest de la capitale fédérale, Delhi. C’est l’un des États indiens les plus petits et les plus récents.


Une entité politique récente

Le seuil indo-gangétique a joué dans toute l’histoire de l’Inde le rôle d’un carrefour, souvent âprement disputé entre des puissances rivales. Trois groupes se sont mis en place dans la région : une importante masse d’hindouistes ; de nombreux musulmans, dont la présence est liée au rôle de capitale islamique joué par Delhi au temps du sultanat, puis de l’Empire moghol ; enfin un peuplement de sikhs, fidèles d’une religion qui réalise un syncrétisme entre hindouisme et islām. Ces trois groupes, longtemps mélangés, se sont séparés depuis l’indépendance de l’Inde. D’abord, en 1947, au cours de conflits sanglants, les musulmans se regroupèrent dans le Pendjab pakistanais, les sikhs et les hindous dans le Pendjab indien. Cette coexistence dura presque vingt ans, mais les sikhs la supportèrent dès l’abord difficilement et demandèrent très tôt un État bien à eux (mouvement du Pendjābī subha). Après de longues tergiversations, le gouvernement de l’Inde se résigna en 1966 à un nouveau partage du Pendjab, dans le cadre de l’Union. Les districts à prédominance sikh forment maintenant un Pendjab réduit, tandis que les régions à prédominance hindoue constituent le nouvel État de Haryana.


Une prospérité relative fondée sur l’irrigation

Le Haryana fait partie des régions relativement sèches à hiver assez marqué du nord de l’Inde. Le total des pluies oscille en moyenne entre 400 mm dans le Sud et 800 à 900 mm au pied de l’Himālaya. L’essentiel tombe en été, pendant la mousson, mais les précipitations hivernales ne sont pas négligeables (de l’ordre de 60 à 80 mm entre novembre et mars). L’hiver est marqué par des nuits assez froides (moyennes autour de 5 à 10 °C, et il peut geler modérément dans toutes les stations de la plaine) ; les journées restent cependant chaudes, atteignant souvent 20 °C et plus.

Ce climat exclut la culture hivernale du riz, et l’été ne serait pas assez arrosé pour assurer des cultures si des aménagements considérables n’avaient été réalisés. Le Haryana, comme les régions voisines, est irrigué par des canaux qui lui apportent les eaux des montagnes du Nord. Le canal de l’ouest de la Yamunā a été développé dans le dernier tiers du xixe s., et le réseau a été complété dans les années 1950 grâce au réservoir de Bhakra, sur la Sutlej, qui a beaucoup amélioré la situation des districts du Nord.

Le système de culture est donc assez efficace. Il est fondé sur la culture estivale de millets, de coton, de canne à sucre (cette dernière sous irrigation) et surtout sur la culture hivernale du blé et de légumineuses (comme le « gram », précieuse source de protéines). La culture du blé profite de la réduction de l’évaporation avec les températures assez basses, des petites pluies de l’hiver et des possibilités d’irrigation (trois ou quatre arrosages suffisent en général). Il y a une différence entre les parties septentrionales et les parties méridionales de l’État. Les premières reçoivent plus de pluies et sont plus proches de la région arrosée de l’Himālaya ; l’irrigation y est plus facile. Les secondes, plus sèches et plus difficiles à irriguer, sont davantage obligées d’avoir recours à des cultures adaptées à la sécheresse, millet en été, gram en hiver. D’autre part, les canaux, trop anciens, ne sont pas revêtus ; beaucoup d’eau s’infiltre dans les sols. Cela oblige les paysans à développer la culture estivale du riz dans les régions basses proches des canaux. D’autre part, les eaux qui remontent des couches profondes du sol s’y chargent souvent de sels, que l’évaporation fait remonter à la surface, causant de graves soucis aux agriculteurs, qui voient s’étendre les terres stériles.

La productivité de l’agriculture est relativement bonne. C’est en partie un effet des conditions naturelles corrigées par l’irrigation, mais aussi de la présence d’une paysannerie de moyens propriétaires, dotée d’un esprit d’entreprise certain.


Une industrialisation non négligeable

Malgré l’absence de grandes villes industrielles et d’usines très importantes, le Haryana n’est pas dépourvu d’industries. Les villes et même les bourgades ont une multiplicité de petits ateliers se livrant souvent à des activités assez modernes. L’agriculture, bien développée, offre un marché important, à la fois parce qu’elle a besoin d’équipements et qu’elle assure à la population un niveau de vie suffisant pour l’achat des produits de consommation. De plus, la proximité des centrales hydro-électriques du piémont himalayen offre une énergie suffisante (plus de 2 500 villages sur 3 300 sont électrifiés, proportion remarquable pour l’Inde). Les fabrications sont variées : transformation des produits agricoles (coton et sucre), mais aussi biens d’équipement (outillage agricole et machines) et produits de consommation durable (bicyclettes, matériel électrique, etc.).

Le Haryana n’a pas de très grandes villes. Il doit partager avec le Pendjab la capitale, Chandigarh, et les autres centres ne dépassent pas 100 000 habitants. Il est vrai que la proximité de Delhi lui assure un bon contact avec les activités urbaines.

F. D.-D.