Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hanovre (suite)

L’histoire

Il semble que la fondation d’un bourg Honovere remonte à la fin du xie s. La ville se développa lentement sur la rive gauche de la Leine, mais son importance économique ne fut pas très grande pendant de longues années, malgré l’appartenance de Hanovre à la Hanse* depuis le xive s., et aucun patriciat ne put y naître ni s’imposer.

Ce n’est qu’en devenant, malgré la volonté des habitants, résidence princière en 1636 que Hanovre se transforma en quelques décennies en une ville capitale, grâce à la fortune des princes de la maison guelfe, qui devinrent au xviie s. des souverains importants et donnèrent au xviiie s. ses rois à l’Angleterre. Dès le xviie s., la ville fut embellie : le parc de Herrenhausen fut créé en 1666 ; la résidence du Leineschloss fut aménagée et agrandie. Au xviiie s., période pendant laquelle Hanovre cessa, pour de longs laps de temps, d’être résidence, un ralentissement se marqua dans ce développement, mais, dès 1780, les remparts furent rasés et remplacés par de grands boulevards ; depuis, la ville est restée fidèle à cette tradition de ville verte, malgré l’industrialisation qui commença vers 1850. Comptant environ 30 000 habitants en 1816, devenue en 1867 ville du royaume de Prusse et ayant perdu son caractère de capitale, elle groupait environ 230 000 habitants en 1900 et près de 465 000 en 1938. Mais le grand bâtisseur Georg Ludwig Laves (1788-1864) l’avait pourvue de grands monuments et de larges percées qui lui permirent de surmonter mieux que d’autres la période d’industrialisation et d’urbanisation forcenées. Détruite à 50 p. 100 environ au cours de la Seconde Guerre mondiale, la ville fut reconstruite par un digne successeur de Laves, Rudolf Hillebrecht (né en 1910), et, fait très rare en R. F. A., on profita de la reconstruction pour réaliser un plan d’urbanisation moderne avec d’importantes artères ; certains des monuments anciens, restaurés, purent être intégrés à la ville moderne.

Capitale d’État et siège de nombreuses hautes administrations, Hanovre est aussi la capitale de la Evangelische Kirche Deutschlands et compte plusieurs hautes écoles, dont la Technische Universität (avec une faculté d’horticulture) et la seule académie de médecine vétérinaire de R. F. A. Plusieurs théâtres et orchestres contribuent au rayonnement de la ville natale de l’astronome W. Herschel*, du comédien August Wilhelm Iffland et de l’écrivain F. von Schlegel.

J.-B. N.

➙ Allemagne / Saxe (Basse-).

Hanovre (dynastie de)

Dynastie qui régna en Grande-Bretagne de 1714 à 1917.



Introduction

C’est l’Acte de Succession (Act of Settlement), en 1701, qui assura, au moins en principe, la couronne d’Angleterre à la dynastie de Hanovre. La mort du jeune duc de Gloucester, fils de la reine Anne, rendait en effet nécessaire une telle mesure : Sophie, Électrice de Hanovre, fille de l’Électrice palatine Élisabeth (fille du roi Jacques Ier et épouse de l’Électeur Frédéric V), devenait donc l’héritière d’Anne. À la mort de Sophie en 1714 son fils Georges de Brunswick lui succéda dans ses droits.

Deux faits doivent, cependant, être notés tout de suite, car ils pesèrent sur une bonne partie de l’histoire de la dynastie hanovrienne.

• D’emblée, cette dynastie s’inscrivait dans une certaine tradition politique britannique. L’acte de succession était, en effet, assorti d’une série de dispositions constitutionnelles, avant tout hostiles à Guillaume III et qui, pour avoir été abolies sous le règne de Anne, n’en allaient pas moins dans le sens d’une limitation du rôle du roi. En outre, ce furent les « whigs » qui assurèrent, le moment venu, l’installation de George Ier sur le trône, alors que les « tories » envisageaient de faire appel au fils de Jacques II : dès le départ, donc, une monarchie « whig », où le monarque n’occupait qu’une place réduite ; situation d’autant mieux acceptée par le premier souverain Hanovre qu’il ne parlait pas l’anglais et qu’il s’intéressait plus à ses domaines germaniques qu’à son royaume insulaire ;

• Deuxième caractère, encore accentué par le complot « tory », pour redonner la couronne à un Stuart catholique : la monarchie hanovrienne était une monarchie protestante. George III n’hésita pas à se séparer de son ministre Pitt*, auquel il tenait par-dessus tout, lorsque celui-ci recommanda l’émancipation des catholiques pour compenser l’union avec l’Irlande. Cette monarchie protestante était comme telle — et en dépit des apparences — une monarchie nationale anglaise, même si le fait ne sera pleinement reconnu qu’avec George III ; au moins l’échec continuel des prétendants Stuarts, qui ne trouvèrent jamais de soutien sérieux qu’en Écosse, démontre-t-il qu’il n’existait point de compétiteurs dangereux à la dynastie allemande.


George Ier, roi de 1714 à 1727


Un passé allemand marquant

Héritier du duché de Calenberg et de l’évêché laïque d’Osnabrück, Georges de Brunswick (1660-1727) avait complété ses domaines hanovriens par un fructueux mariage qui lui avait apporté le duché de Celle. Seul avantage de cette union, au reste : la duchesse Sophie-Dorothée, ayant eu des faiblesses pour le comte Philip Christoph von Königsmarck, fut contrainte au divorce (1694) et mourut dans l’isolement (1726). Ce drame ne sembla pas avoir marqué outre mesure Georges, qui se consola avec force maîtresses. À partir du jour où, en 1698, il devint, à la mort de son père, Électeur de Hanovre, il eut cependant des occupations sérieuses et prit une part active aux conflits de la guerre de la Succession d’Espagne aux côtés du duc de Marlborough.

Il eut ainsi l’occasion de se lier avec les chefs politiques whigs, et sa coloration politique était bien précise lorsque la mort de sa mère, la vieille Électrice Sophie, et celle de la reine Anne l’amenèrent à régner en Angleterre. C’était alors un homme mûr de cinquante-quatre ans, prudent et assez rusé, mais sans aucune élévation d’esprit, entouré de favoris et de maîtresses allemandes. Ses principales préoccupations furent d’obtenir assez d’argent pour lui et pour ses amis, et la possibilité de revenir dans le Hanovre chaque fois qu’il lui en prenait l’envie. Et s’il se mêla de politique anglaise, ce fut surtout pour pouvoir, grâce à la puissance de son nouveau royaume, arrondir ses possessions allemandes. Pourtant, son titre fut immédiatement contesté ; dès 1715, se produisit le premier d’une longue série de soulèvements jacobites.