Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Hambourg (suite)

 E. Wiskemann, Hamburg und die Welthandelspolitik von der Anfängen bis zur Gegenwart (Berlin, 1929). / Recueils de la société Jean Bodin, la Ville (Libr. encyclopédique, Bruxelles, 1954-1956 ; 3 vol.). / M. Caidin, The Night Hamburg Died (New York, 1960 ; trad. fr. la Nuit où Hambourg brûla, Presses de la Cité, 1964). / P. Dollinger, la Hanse, xiie-xviie siècle (Aubier, 1964).


L’histoire de la ville

Doté de pouvoirs archiépiscopaux, Anschaire (801-865), le premier évêque, doit évangéliser les pays slaves (Obodrites) et Scandinaves voisins. La destruction de Hambourg en 845 par les Danois entraîne, quelque temps après, le rattachement de son siège épiscopal à Brème. Menacée par les Normands en 880 et en 884, Hambourg ne devient un port actif qu’en 1188, date de la charte de fondation d’une ville neuve par Adolphe III, comte de Holstein.

En 1216, la cité archiépiscopale et la ville marchande fusionnent, et, dès 1300, l’agglomération compte 5 000 habitants. Victime de la peste noire en 1350, la ville compte pourtant 8 000 habitants vers 1375, grâce à une forte immigration rurale. Membre de la Ligue des villes vendes constituée entre 1256 et 1364, appartenant au tiers lübeckois de la Hanse* et accueillant à ce titre à trois reprises le Hansetag entre 1356 et 1480, elle ne participe qu’avec réticence à la ligue de Cologne en 1367. En fait, elle recherche la paix, qui lui permet d’exporter dès le xiiie s. le seigle du Brandebourg, les céréales des pays de l’Elbe moyenne, le cuivre du Harz (en Flandre, en Angleterre), les toiles de lin westphaliennes et surtout sa propre production de bière (aux Pays-Bas), qui couvre en 1369 le tiers de ses exportations maritimes ; en retour, elle achète à Amsterdam le hareng hollandais et les produits du Midi : sel, vin et fruits.

La population atteint 16 000 habitants vers 1450, mais se différencie socialement en cinq classes de fortunes, selon Heinrich Reincke : les grands marchands et les gros rentiers possesseurs de plus de 5 000 marks ; la bourgeoisie aisée (de 2 000 à 5 000 marks) ; la bourgeoisie moyenne (de 600 à 2 000 marks) ; la petite bourgeoisie (de 150 à 600 marks) ; enfin la masse des travailleurs manuels (moins de 150 marks).

En fait, Hambourg ne participe à la Hanse que pour s’imposer grâce à elle sur les marchés étrangers. Menacée dans ses intérêts aux Pays-Bas par la bière hollandaise au xve s., elle s’efforce de conquérir à Bergen une partie du marché norvégien des céréales et de la bière avant d’envoyer, au xvie s., ses marins rapporter d’Islande la morue, dont elle reste le grand marché continental au xviie s. Détentrice de la puissance économique et municipale, la bourgeoisie marchande se heurte dès le xve s. à une opposition démocratique qui l’amène à accepter la création d’une commission des Soixante et qui contribue à son adhésion à la Réforme en 1529.

Pour échapper alors aux crises qui affaiblissent la Hanse, Hambourg concède pour dix ans en 1567, puis en 1611 un établissement privilégié aux Marchands aventuriers. Avec habileté, elle réduit sa rivale Lübeck à l’état d’avant-port sur la Baltique, tandis qu’elle-même, recueillant, en concurrence avec Amsterdam, l’héritage d’Anvers, s’assure une prospérité croissante grâce à un équipement très diversifié : une flotte maritime jaugeant sans doute 7 000 lasts vers 1600 et 14 000 vers 1650 ; une flotte fluviale qui accroît son emprise économique jusqu’au bassin de l’Oder ; une Bourse créée en 1558 ; une Banque fondée en 1619 ; un droit nouveau, enfin, accordant aux étrangers les libertés d’établissement et d’association. Dès lors, c’est la communauté des marchands internationaux qui anime l’économie de Hambourg : tels les Italiens et surtout les Portugais, importateurs de sel, de sucre et d’épices (statut de 1617) ; tels les Allemands du Sud, vendeurs du cuivre du Harz et de Bohême, etc.

Principal marché céréalier de l’Europe du Nord, premier centre d’importation du drap anglais sur le continent, premier centre, enfin, de production et d’exportation de bières d’Allemagne du Nord, Hambourg passe de 15 000 habitants vers 1500 à 20 000 en 1550, à 35 000 vers 1600 et à environ 50 000 vers 1650.

Hambourg refuse en 1617 le protectorat danois et est reconnue ville immédiate d’Empire en 1618 par la Chambre impériale. Elle est victime de troubles aux xvie et xviie s.

Centre d’activé contrebande avec l’Angleterre au temps de la Révolution et de l’Empire, occupée par les Français en 1806, annexée et érigée le 13 décembre 1810 en chef-lieu du département des Bouches-de-l’Elbe, prise par les Russes le 18 mars 1813, reconquise par Davout, qui ne l’évacue que le 14 mars 1814, Hambourg entre dans la Confédération germanique en 1815 en tant que ville libre et souveraine. Dotée d’un Sénat en 1848, elle adhère à la Confédération de l’Allemagne du Nord en 1866, puis à l’Empire allemand en 1871.

Elle est dotée d’un port franc en 1881. En 1937, elle incorpore Altona, Wandsbek, et Harburg-Wilhelmsburg, mais perd Cuxhaven. Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle est incendiée au cours de quatre bombardements aériens entre le 24 juillet et le 3 août 1943 ; elle est occupée par les Britanniques le 4 mai 1945.

P. T.

Hammourabi

ou Hammou-rapi en akkadien (« le dieu Amm est guérisseur »), sixième roi de la Ire dynastie de Babylone (xviiie s. av. J.-C.).


Il n’hérite de son père, Sîn-mouballit, qu’un domaine restreint (quelque 6 000 km2), autour de la grande cité. Aussi pense-t-on qu’il mène ses premières campagnes (entre 1792 et 1782) comme allié subordonné de l’Amorrite Shamshi-Adad Ier, qui dominait alors la haute Mésopotamie. Après la mort de ce grand roi, Hammourabi utilise habilement les coalitions instables nouées par les souverains mésopotamiens et laisse ses partenaires épuiser les forces de leurs États. Puis, de 1764 à 1754, il détruit les royaumes voisins (Larsa, Mari, Eshnounna), bat les Élamites et les autres peuples de l’Est et constitue un empire qui comprend toute la basse Mésopotamie et la majeure partie de la haute Mésopotamie.