halogène (suite)
L’intoxication par l’iode et ses dérivés, ou iodisme, se manifeste chez certains sujets pour des doses relativement faibles ; elle se traduit par du coryza, des larmoiements, des plaques rouges sur la peau, de la salivation, de la pharyngite, de la toux, de l’œdème, de la dyspnée, de l’insomnie et des vertiges (ivresse iodique). Ces manifestations cèdent à l’arrêt du traitement et à l’administration de bicarbonate de sodium.
Dérivés organiques
Les halogènes sont présents dans de nombreuses molécules organiques, soit sous forme acide, soit sous forme d’élément d’addition ou de substitution d’un atome monovalent.
Sous la première forme, ils constituent les fluorhydrates, chlorhydrates, brombydrates, iodhydrates ; ils n’interviennent que pour salifier des molécules basiques ; ils n’en modifient pas fondamentalement les propriétés, mais peuvent les exalter en raison de la solubilité du sel ainsi formé ; la plupart des alcaloïdes et des bases organiques, insolubles, ne sont utilisés que sous forme de chlorhydrates ou de bromhydrate soluble (exemple : cocaïne, morphine...). Au contraire, lorsqu’un halogène est introduit dans une molécule organique, il peut en modifier profondément les propriétés. Deux cas peuvent se présenter.
1. L’halogène est introduit dans une petite molécule, par exemple un carbure ; les propriétés qui lui sont propres se retrouvent dans le dérivé chloré, brome ou iodé. Ainsi, le chlore confère des propriétés anesthésiques (chloroforme, chlorure d’éthyle), le brome des propriétés sédatives (bromoforme) ou lacrymogènes (bromure de benzyle), l’iode des propriétés antiseptiques (iodoforme, iodothymol, aristols). C’est ainsi qu’on a longtemps prescrit comme hypotenseur des solutions d’iodo-peptones, produits d’addition de l’iode sur les polypeptides, où l’iode était « dissimulé » à ses réactifs habituels et où il avait perdu toute toxicité, tout en conservant une partie de son activité thérapeutique. À signaler également l’action antiseptique interne des dérivés iodés de la quinoléine.
2. L’halogène est introduit dans une grande molécule organique ; il peut alors en modifier plus ou moins les propriétés, mais ces modifications sont sans rapport avec ses propriétés propres. L’introduction d’un ou de deux atomes de fluor dans la molécule cortisonique a donné des corps plus actifs (fludrocortisone, triamcinolone) ; la présence ou l’absence d’un atome de chlore dans la molécule d’une cycline peut également en modifier les propriétés.
R. D.