Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

habillement (suite)

 R. Thevenin, les Fourrures (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949). / C. Bertin, Haute-Couture, terre inconnue (Hachette, 1956). / L. Jaque, le Savoir-coudre (Éd. du Hennin, 1956). / Claude-Salvy, J’ai vu vivre la mode (Fayard, 1960). / M. F. de La Villehuchet, Guide de coupe et couture (le Livre de poche, 1968). / J. Esterel, Comment on devient couturier (Verviers, Gérard, 1969).

Habsbourg

Dynastie autrichienne.


Originaire de Suisse occidentale, la maison des Habsbourg élargit ses possessions au bassin danubien dès le xiiie s. avant de prétendre, à la fin du Moyen Âge, à un destin européen, voire à la monarchie universelle avec l’empereur Charles Quint. Aussi se heurta-t-elle violemment à la monarchie et à la nation françaises ; en dépit de tentatives de rapprochement éphémères, on trouve rarement, de 1519 à 1918, la France et les Habsbourg dans le même camp, qu’il s’agisse de l’Espagne ou de l’Autriche. C’est pourquoi il est encore difficile de parler des Habsbourg sans passion et sans haine. Tantôt les dirigeants de la France leur reprochaient d’encercler le royaume, tantôt l’opinion les accusait de se faire les champions du germanisme, d’autres enfin voyaient en eux les défenseurs du catholicisme, de l’obscurantisme et de la réaction. La méfiance et l’incompréhension atteignirent leur point culminant au xixe s., lorsque les historiens libéraux, de quelque nationalité qu’ils fussent, prêtèrent la main aux hommes politiques pour les accuser d’avoir créé en Europe une forme d’État complètement étrangère aux conceptions nationalistes. En effet, les Habsbourg ont toujours été indifférents à la notion d’État-nation ; ils ont, par principe, respecté les traditions des différents peuples qui étaient placés sous leur autorité, même lorsque, comme dans la péninsule Ibérique, la centralisation eût été possible ; c’est une des raisons pour lesquelles ils ont négligé, en 1815, de faire l’unité allemande à leur profit.


Les origines : xe-xiiie siècle

Sans remonter aux origines mythiques (romaines ou troyennes) que leur attribuaient généreusement certains humanistes, on peut admettre que la famille de Habsbourg descendait du duc d’Alsace Ethicon Ier et qu’elle s’établit, vers l’an 1000, autour du château de l’Épervier (en allem. Habichtsburg), dans le canton d’Argovie. Par une habile politique, les seigneurs féodaux étendirent leurs possessions en Suisse alémanique et en Alsace méridionale : ils fondèrent, par exemple, le couvent d’Ottmarsheim, dont l’église fait encore la joie des amateurs d’art roman. En même temps, ils se mirent au service de la dynastie impériale des Hohenstaufen ; l’empereur Frédéric* II appréciait leur aide, mais leur heure de gloire vint précisément de la chute des trop ambitieux Staufen. En Allemagne, la crise dynastique ouverte par la mort de Frédéric II se prolongea par une longue période d’anarchie, le Grand Interrègne, au terme duquel Rodolphe de Habsbourg (1218-1291) fut élu roi des Romains, en raison même de la puissance modeste de sa famille : les Habsbourg avaient alors une base territoriale solide, mais insuffisante pour porter ombrage aux grands feudataires.

Cette élection de 1273 devait pourtant représenter le point de départ de la véritable fortune des Habsbourg. Par la suite, une pieuse légende a fait de Rodolphe Ier un prince quasi parfait, en passant sous silence son ambition forcenée. Certes, le nouveau roi d’Allemagne préféra renoncer à la couronne impériale plutôt que de gaspiller ses ressources et son autorité dans les chimères du voyage à Rome (Römerzug) ; à ce prix, il fortifia, en Allemagne, le pouvoir monarchique, qui en avait bien besoin après le Grand Interrègne. Amèrement critiqué par Dante et les gibelins italiens, ce comportement fut en revanche apprécié par les Allemands. En outre, Rodolphe de Habsbourg n’était pas dépourvu d’une piété discrètement ostentatoire ; il est en particulier à l’origine de la dévotion que tous les Habsbourg ont manifestée à l’égard du saint sacrement. Bien entendu, cette légende a été soigneusement entretenue pour accréditer l’image que la maison d’Autriche voulait donner d’elle-même : les Habsbourg seraient les défenseurs prédestinés de la paix, de la justice et de la religion.

Voilà pour le mythe. Quant à la réalité, elle est bien plus sordide : Rodolphe Ier profita de sa fonction royale pour s’approprier un vaste domaine dans l’actuelle Autriche (Basse-Autriche, Styrie). Le dernier margrave de la dynastie des Babenberg étant mort sans héritier mâle (1246), Rodolphe Ier refusa d’accorder l’investiture au gendre du défunt, le roi de Bohême Otakar II Přemysl, et se réserva ses provinces autrichiennes pour lui et ses descendants, déplaçant ainsi le centre de gravité de la puissance territoriale des Habsbourg du Rhin vers le Danube. Otakar II se révolta contre son suzerain, mais fut vaincu et tué à la bataille de Dürnkrut, dans le Marchfeld (août 1278), qui scella le destin de cette partie de l’Europe et fonda une seconde fois la maison des Habsbourg, qui s’identifia si bien avec ses nouveaux domaines qu’elle devint, au xve s., la maison d’Autriche. Désormais, les Habsbourg, par ce coup de maître, devenaient les égaux des grands feudataires de Saxe ou de Bavière. C’est pourquoi la maison d’Autriche connut une éclipse partielle au cours du xive s. À la mort du fils de Rodolphe, Albert Ier, en 1308, la couronne impériale passa à la maison de Luxembourg.

Cette éclipse temporaire de plus d’un siècle fut en fait bénéfique aux Habsbourg, car elle leur permit de s’enraciner dans leurs nouveaux domaines et de les arrondir : en 1363, le Tyrol se plaçait sous leur autorité : ils disposaient désormais d’un territoire continu allant des Vosges à la frontière hongroise et correspondant à l’actuelle République autrichienne. Rodolphe IV (1339-1365), duc d’Autriche de 1358 à 1365, développa sa capitale. Vienne, dont le rôle comme grand marché international ne cessait de croître. Il commença les travaux de la cathédrale Saint-Étienne et, surtout, fonda l’université, qui fut ainsi l’une des premières d’Europe centrale. Ainsi, les pays héréditaires de langue allemande étaient capables de fournir une base stable aux ambitions internationales de Frédéric III et de ses successeurs, au xve s.