Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Guinée équatoriale (suite)

Le protectorat contesté franco-espagnol du Río Muni

En 1843, Lerena se rendit dans la petite île de Corisco, à 24 km de l’embouchure du Muni, où des établissements privés espagnols avaient été détruits. Le roi de Corisco, Bonkoro, demanda le protectorat espagnol et influença dans le même sens des chefs bengas du continent. En 1845, une première expédition espagnole remonta le Muni, mais les Français firent reconnaître leur suzeraineté par des chefs du Muni, de la Mondah et des îles Elobey (1842-1855). Tandis que le naturaliste américain Paul Du Chaillu (1835-1903) parcourait le pays en 1855-1859, les entreprises espagnoles et françaises continuèrent à s’enchevêtrer. Le litige resta pendant de 1860 jusqu’au traité de Paris (1900), qui fixa les frontières de la Guinée équatoriale. Cette période fut marquée par l’installation des Fangs dans l’arrière-pays, par les voyages de Manuel de Iradier (1875-1877 et 1884), d’Amado Ossorio et de Montes de Oca ainsi que par l’installation de postes français dans le Muni, le Benito et à Bata.


La période coloniale et la marche à l’indépendance

Le décret du 11 juillet 1904, organisant les « possessions espagnoles du golfe de Guinée », les définissait comme une « colonie d’exploitation commerciale ». Fernando Poo fut mise en valeur d’abord ; d’importantes plantations de cacaoyers et de caféiers furent cultivées à l’aide d’une main-d’œuvre en partie venue de Nigeria ; les produits étaient achetés au-dessus des cours mondiaux par la métropole. Au Río Muni, l’occupation effective ne fut assurée qu’après 1926 ; l’exploitation de la forêt devint la principale activité économique. L’Inspection du travail (1901) entra en conflit avec le gouverneur général, et le décret du 29 septembre 1938 confirma la mise en tutelle de la majeure partie de la population.

Le processus de décolonisation commence paradoxalement par un mouvement vers l’assimilation : en 1959, la Région équatoriale d’Espagne (Región ecuadorial de España) est divisée en deux provinces, qui élisent en 1960 des représentants aux Cortes ; le système de l’indigénat est supprimé. En 1963, la tendance est renversée : l’autonomie est octroyée ; on crée un exécutif et une assemblée locale, les principaux partis sont le Movimiento de unión nacional de Guinea Ecuatorial (M. U. N. G. E.), le Movimiento nacional de liberación de Guinea Ecuatorial (MO. NA. LI. GE.) et l’Idea popular de Guinea Ecuatorial (I. P. G. E.). Le Conseil de gouvernement (juill. 1964) est présidé par Bonifacio Ondó Edú, leader du M. U. N. G. E., Francisco Macias Nguema, de l’I. P. G. E., ayant la vice-présidence. Une conférence constitutionnelle (oct. 1967 - juin 1968) aboutit, malgré la tendance séparatiste des Bubis de Fernando Poo, à l’établissement d’un système présidentiel avec gouvernement central et assemblée à Santa Isabel, deux gouvernements et conseils provinciaux, et un Conseil de la République pour régler les différends. La Constitution est approuvée le 11 août 1968 avec un tiers d’abstentions. Le 29 septembre, F. Macias est élu président de la république de Guinée équatoriale, et l’indépendance est proclamée le 12 octobre — dans une étroite interdépendance économique avec l’Espagne.

En 1969, des incidents amènent l’évacuation d’une grande partie des résidents espagnols, tandis qu’un coup d’État manqué permet au président Macias de se débarrasser de ses rivaux, Atanasio Ndongo, leader du MO. NA. LI. GE., et B. Ondó, qui sont tués. Après la crise, les relations de coopération se sont rétablies avec l’Espagne ainsi qu’avec le Cameroun voisin.

J.-C. N.

➙ Afrique noire / Empire colonial espagnol / Espagne.

 M. Iradier, Africa viajes y trabajos de la Asociación Eúskara La Exploradora (Victoria, 1958 ; 2 vol.). / R. von Gersdorff, Angola, portugiesische Guinea, Sao Tome, und Principe, Kap Verde Inseln, spanische Guinea (Bonn, 1960). / M. de Teran, Sintesis geographica de Fernando Po (Madrid, 1962). / M. Miranda Diaz, España en el continente africano (Madrid, 1963). / J. Denis, P. Vennetier et J. Wilmet, l’Afrique centrale et orientale (P. U. F., coll. « Magellan », 1971).

Guinée portugaise

En portug. Guiné portuguesa, territoire portugais de l’Afrique occidentale.



La situation

La Guinée portugaise (la Guinée-Bissau des nationalistes africains) est un petit territoire compris entre les républiques du Sénégal et de Guinée (330 km d’ouest en est ; 193 km du nord au sud).

C’est un ensemble de plaines et de plateaux peu élevés comprenant ; une plaine côtière marécageuse d’une largeur moyenne de 50 km ; un bas plateau intérieur, constitué au nord du rio Geba par des sédiments d’âge tertiaire (sables et marnes) qui se rattachent au bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien et au sud du Geba par une couverture sédimentaire pré-cambrienne ou primaire (schistes et grès) ; enfin, à l’extrême sud-est, un fragment de plateau plus élevé (300 m), constitué de grès primaires cuirassés, prolongement des plateaux inférieurs du Fouta-Djalon.

La côte est très profondément découpée, avec une multitude d’îles dont se détache, loin au large, l’archipel des Bissagos (ou Bijagós), et entaillée par de profondes rias (rio Cacheu ; rio Geba et son affluent le Corubal), où la marée, dont l’amplitude atteint localement 7 m, se fait sentir jusqu’à 100 km de la côte.

Le climat littoral est de type subguinéen : chaud avec une faible amplitude annuelle (Bolama : moyenne de mai, 27,5 °C ; moyenne de décembre-janvier, 24,4 °C) et humide (de 1 500 à 3 000 mm de pluies par an) avec une saison des pluies bien marquée de mai à novembre (pluies de mousson). La mangrove (forêt de palétuviers) du littoral se prolonge par une zone forestière qui occupe une partie des plateaux. L’intérieur a un climat évoluant vers le type soudanais (Nova Lamego : 30,1 °C en mai ; 24,3 °C en janvier ; de 1 250 à 2 000 mm de pluies avec une saison sèche bien marquée ; végétation de forêt claire ou de savane).