Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Guerre mondiale (Seconde) ou Guerre de 1939-1945 (suite)

Les grandes purges qui, de 1936 à 1938, avaient bouleversé le monde soviétique, décimé les cadres de l’État et du parti et décapité l’armée rouge de son haut commandement avaient sans doute mis l’U. R. S. S. hors d’état d’intervenir en Europe. En changeant son ministre des Affaires étrangères (Molotov remplace Litvinov), Staline prenait le parti d’éloigner la guerre de son pays au prix d’une aide politique, économique et militaire à l’Allemagne, mais aussi en échange de substantiels profits. L’annexion de la Pologne orientale, des pays baltes et de la Bessarabie était prévue par une annexe secrète au pacte du 23 août.

Ayant chassé le spectre de toute menace orientale. Hitler avait désormais les mains libres pour réaliser le Grand Reich. Dès le 29 août, il lançait à la Pologne un ultimatum inacceptable et, à l’aube du 1er septembre, la Wehrmacht franchissait sans déclaration de guerre la frontière germano-polonaise. Cette fois, Hitler ne pouvait ignorer qu’il allait se heurter à la résistance des alliés occidentaux : le 25 août, la Grande-Bretagne avait garanti publiquement et inconditionnellement les frontières de la Pologne. Aussi, après l’échec des derniers appels à la paix du pape Pie XII et du président Roosevelt, Hitler refusant de retirer ses troupes de Pologne, la Grande-Bretagne (bientôt suivie par les dominions) et la France déclaraient-elles le 3 septembre 1939 la guerre à l’Allemagne. Arguant de sa faiblesse militaire, l’Italie demeurait provisoirement « non belligérante », tandis que les États-Unis proclamaient leur neutralité armée, confirmée le 3 octobre par la déclaration de neutralité des républiques américaines.


Première partie : les victoires de l’Axe (1939-1942)


L’élimination de la Pologne

Presque aussi timoré que ses homologues alliés, l’état-major allemand s’est vu imposer par Hitler l’audacieuse doctrine de la guerre éclair menée par le couple char-avion, expérimentée de 1936 à 1939 lors de la guerre civile espagnole et des invasions de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie. La Pologne disposait aux ordres du maréchal Rydz-Smigli d’une vingtaine de divisions et de 10 brigades de cavalerie soutenues par 447 avions et 280 chars anciens. La Wehrmacht attaque concentriquement, à partir de la Prusse-Orientale, de la Silésie et de la Slovaquie avec 63 divisions, dont 7 Panzer, soit environ 2 000 blindés et près de 2 000 avions. Surprise en cours de mobilisation, mal déployée, l’armée polonaise, bousculée et rapidement tronçonnée, résistera jusqu’au 27 septembre. Dix jours avant, elle avait reçu le coup de grâce : alors que Varsovie venait d’être investie, les forces soviétiques, conformément aux accords du 23 août, franchissaient la frontière orientale polonaise et marchaient à la rencontre de la Wehrmacht. Conquise en vingt-six jours, la Pologne est le 28 septembre à Moscou l’objet d’un quatrième partage. Il fixe la ligne du Bug comme frontière germano-soviétique, en échange de quoi l’U. R. S. S. obtient de s’installer dans les États baltes, y compris en Lituanie. Quant à l’Allemagne, elle annexe Memel, Dantzig et son corridor, la Posnanie et la Silésie polonaise. Les régions de Varsovie et de Cracovie, où est concentrée la population, forment un gouvernement général placé sous administration allemande : le terme même de Pologne a disparu.


Drôle de guerre à l’ouest et campagne de Finlande

Sur le front français, les opérations sont très limitées durant l’hiver 1939-40. Sur mer, elles sont marquées par le torpillage du cuirassé anglais Royal Oak dans la rade de Scapa Flow (14 oct.) et le sabordage du cuirassé allemand Graf von Spee devant Montevideo (17 déc.) : la Kriegsmarine ne dispose alors que de 22 sous-marins de haute mer, et la guerre sous-marine n’en est qu’à ses débuts.

Les gouvernements alliés se sont organisés pour la guerre. À Londres, Churchill prend la tête de l’amirauté, et Eden devient ministre des Dominions ; à Paris, Daladier, déjà président du Conseil et ministre de la Défense nationale, s’approprie les Affaires étrangères et dissout les organisations communistes qui, à limage de Moscou, condamnent la guerre. Il obtient les pleins pouvoirs du Parlement, tandis que le général Gamelin* est reconnu généralissime du front occidental. La stratégie demeure défensive à l’abri de la ligne Maginot et se cantonne dans un blocus dont les Alliés attendent la décision ou au moins le temps nécessaire pour réduire le retard de leurs armements. Une offre de paix de Hitler (6 oct.) est repoussée, comme la médiation du roi Léopold et de la reine Wilhelmine. Au printemps de 1940, un voyage d’information en Europe de Sumner Welles (1892-1961), secrétaire d’État adjoint américain, révèle l’impossibilité d’un compromis.

Au même moment, les états-majors alliés envisagent, pour parfaire le blocus, des actions aériennes périphériques sur les pétroles roumains comme sur les mines de fer Scandinaves. Ces projets prennent corps au moment où l’U. R. S. S. attaque la Finlande (30 nov.), ce qui lui vaut d’être exclue de la Société des Nations. La résistance de l’armée finnoise étonne le monde jusqu’en février 1940, date où les Russes finissent par forcer la ligne Mannerheim, qui barre l’isthme de Carélie. Par le traité de Moscou du 12 mars 1940, l’U. R. S. S. annexe la Carélie finlandaise et afferme la presqu’île de Hanko (Hangö en suédois).


Occupation du Danemark, campagne de Norvège

Le 16 lévrier 1940, le cargo allemand Altmark est arraisonné dans les eaux norvégiennes par un destroyer anglais, et, le 8 avril, les Alliés annoncent le minage des eaux territoriales de la Norvège pour empêcher le Reich de se ravitailler par Narvik en minerai de fer suédois. Dès le lendemain, Hitler devance ces projets en occupant le Danemark et en envahissant la Norvège. Les Alliés répondent en débarquant au nord et au sud de Narvik du 13 au 20 avril. La flotte anglaise attaque ce port avec succès, mais la supériorité de la Luftwaffe contraint les Alliés à concentrer dans cette seule région leur action terrestre : la prise de Narvik le 28 mai par les Français de Béthouart ne sera qu’un succès éphémère précédant de peu le rembarquement des troupes alliées, imposé par l’offensive allemande sur la France. Par cette nouvelle victoire, Hitler, s’assure aussi bien les portes de la Baltique que la côte norvégienne et contrôle ainsi les débouchés vers l’ouest de l’économie suédoise. Dès le 9 avril, un gouvernement Quisling, aux ordres des Allemands, a été installé à Oslo, forçant le roi Haakon VII à gagner l’Angleterre (juin). Au Danemark, le roi Christian X décide de demeurer avec son peuple, mais l’Islande, où débarquent les troupes anglaises (10 mai 1940), puis américaines (7 juill. 1941), proclame son désir de dénoncer son union avec le Danemark.