Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amérique latine (suite)

(Buenos Aires, Argentine, 1924). Initié au cinéma par son père, le réalisateur L. Torre Rios, Leopoldo Torre Nilsson débute dans la mise en scène en 1950 (El Crimen de Oribe, en coréalisation avec son père). Sept ans plus tard, la Maison de l’ange (La Casa del ángel), dont le scénario a été écrit par sa femme, la romancière Béatrix Guido, l’impose comme un créateur original dont les préoccupations sont essentiellement d’ordre psychologique — voire psychanalytique — et social. Il excelle dans la description des mœurs d’une société bourgeoise décadente, qui vit repliée sur elle-même et dont les passions s’exacerbent en vase clos dans une atmosphère étouffante. Ses principales œuvres sont le Séquestrateur (El Secuestrador, 1958), la Chute (La Caída, 1959), Fin de fiesta (1960), Un guapo del’ 900 (1960), la Main dans le piège (La Mano en la trampa, 1961). Peau d’été (Piel de verano, 1961), Soixante-dix fois sept (Setenta veces siete, 1962), Quatre Femmes pour un héros (Homenaje à la hora de la siesta, 1962), la Terrasse (1964), l’Enfant du lundi (Monday’s Child, 7966), Martín Fierro (1968), El Santo de la Espada (1969), la Maffia (1972).

 F. Madrid, Cincuenta años de cine (Buenos Aires, 1946). / Enciclopedia cinematográfica mexicana 1897-1955 (Mexico, 1956). / M. Contreras Torres, El Libro negro del cine mexicano (Mexico, 1960). / D. Di Nubila, Historia del cine argentino (Buenos Aires, 1960 ; 2 vol.). / S. Sammaritano, Diccionario de la nueva generación argentina (Buenos Aires, 1962). / E. Garcia Riera, El Cine mexicano (Mexico, 1963). / A. Agramonte, Cronología del cine cubano (La Havane, 1966).

Amérique précolombienne

Nom donné à l’Amérique d’avant la « découverte », et plus particulièrement aux parties centrale et méridionale qui furent, avant la conquête espagnole, le foyer de grandes civilisations.


Les civilisations de l’Amerique moyenne précolombienne

Que savons-nous de l’histoire et des dieux de l’Amérique qui n’ait d’abord été brisé et détruit avant que les témoignages parfois modestes des techniques et des arts ne leur restituent, grâce à l’archéologie, un peu de leur vérité et de leur grandeur ? Les conquérants espagnols qui découvraient soudain un autre monde ne soupçonnaient rien de son passé, de ses normes, de ses lois morales. Un univers aussi étrange ne pouvait qu’être difficilement compris de cette poignée d’aventuriers, à peine sortis de la Reconquista, qui se trouvaient d’un coup confrontés avec des peuples aux civilisations très riches, mais présentant à leurs yeux les mêmes tares, la même idolâtrie qu’ils venaient d’abattre dans leur pays. De là une répression violente, la destruction des structures politiques, religieuses et économiques. Les villes furent rasées, les temples abattus, les livres brûlés, les chefs et les prêtres exilés... pour donner naissance au Nouveau Monde, à la Nouvelle Espagne.

C’est donc par les vestiges artistiques qui nous sont parvenus et nous parviennent de jour en jour que l’on peut le mieux appréhender ces sociétés. Mais la notion d’art — « l’art pour l’art » — leur était presque totalement inconnue. Ici, l’art n’est jamais pure esthétique ; il témoigne d’un rite ou d’un culte, s’adresse à un dieu. Et c’est en cela qu’il est révélateur d’une histoire ou d’une civilisation, qu’il fixe une frontière.

Il est difficile de ne pas penser à l’Amérique comme à un tout, difficile aussi d’assimiler des peuples distants de dizaines de milliers de kilomètres et de niveaux de culture allant de l’humble chasseur à outillage lithique au grand empire puissamment organisé, comme celui de l’Inca. Si ce monde était fermé, s’il suivait son évolution propre, il serait imprudent de le croire clos, et toutes les frontières que nous pouvons tracer ne sont que théoriques. D’ailleurs, l’histoire se superpose à la géographie : souvent, à une même époque, les différentes cultures se ressemblent plus entre elles qu’elles ne ressemblent à celles de l’époque suivante.

Les manuels de géographie nous ont appris à distinguer Amérique du Nord, Amérique centrale et Amérique du Sud. Mais les frontières culturelles sont bien différentes. Si les Indiens* du sud des États-Unis, Pueblos, Zuñis ou Hopis sont de même langue que les tribus du nord du Mexique, s’ils vivent des mêmes modes de vie, combien paraît lointaine la grande Mexico-Tenochtitlán des Aztèques, « la plus belle ville du monde » au dire de ceux-là mêmes qui allaient la détruire. Les archéologues ont créé, depuis la Seconde Guerre mondiale, le terme de Méso-Amérique, qui désigne cette fois un ensemble de peuples ayant en commun les éléments d’une même civilisation. Ce concept demandera à être précisé par des recherches futures, et les « traits » qui le caractérisent seraient trop longs à détailler ici. Citons-en seulement quelques-uns : la présence d’un calendrier compliqué, l’habitude de consigner les archives de la tribu sur des livres, un jeu de balle à connotation rituelle, l’existence d’un héros culturel et d’un dieu de la Pluie, la constance de certains types céramiques, etc. L’aire géographique de la Méso-Amérique couvre tout le territoire qui va des États de Tamaulipas et de Sinaloa, au Mexique, jusqu’au nord-ouest du Costa Rica. Les frontières politiques ne sont pas significatives : le Honduras, le Salvador, le Guatemala même appartiennent pour une part à ce complexe méso-américain, mais ils sont déjà « Amérique du Sud » par d’autres éléments. Il faut se représenter ce monde d’avant la conquête comme ouvert, soumis à des courants du nord au sud et du sud au nord, se moquant de notre notion de « frontières », alors qu’une partie des peuples était encore composée de chasseurs-collecteurs errant à la poursuite de leur gibier et que les premiers « grands empires » tentaient d’étendre leur puissance en envoyant prêtres, marchands, espions ou guerriers aux « marches » de leur empire pour de précaires alliances.

Très schématiquement, on pourrait tenter un tableau naïf de l’Amérique juste avant Cortés* : au nord, des tribus de chasseurs et de guerriers, accédant peu à peu à l’agriculture et à la vie sédentaire ; puis, avec comme frontière le río Fuerte, au nord de l’État de Sinaloa, une zone au passé historique déjà long, plus ou moins soumise à l’Empire aztèque ; ensuite, relevant de cette Méso-Amérique que nous avons évoquée, l’aire de l’ancienne et prodigieuse civilisation des Mayas, déjà révolue en tant que réalité politique au moment de la conquête ; plus au sud encore, l’« Amérique centrale », zone de passage et de transition, zone marginale, soumise aux courants venus du nord et du sud, et dont la frontière serait l’isthme de Panama. Au moment de leur arrivée, les Espagnols n’auront à lutter que contre deux puissances réellement organisées : l’Empire aztèque, qui seul nous intéresse ici, et l’Empire inca, au Pérou.