Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grünewald (Matthias) (suite)

 L. Réau, Mathias Grünewald et le retable de Colmar (Berger-Levrault, 1920). / W. K. Zülch, Der historische Grünewald, Mathis Gothardt-Neithardt (Munich, 1938). / E. Ruhmer, Matthias Grünewald. The Paintings (Londres, 1958) ; Matthias Grünewald. The Drawings (Londres, 1965). / A. Weixlgärtner, Grünewald (Vienne et Munich, 1962). / M. Lanckoronska, Matthäus Gotthart-Neithart (Darmstadt, 1963).

Guadalajara

V. du Mexique, capitale de l’État de Jalisco.


Guadalajara comptait, au recensement de 1970, 1 194 646 habitants. Près de 200 000 autres personnes vivant dans les municipes de Tlaquepaque et Zapopan peuvent être comprises dans son agglomération urbaine, la plus importante du pays après Mexico.

Guadalajara est située au cœur d’un vaste bassin à 1 600 m d’altitude, le dernier d’une longue série formant d’est en ouest, depuis Puebla, le grand ensemble géographique de la Mesa Central mexicaine, au pied nord de l’axe néo-volcanique. Cette situation permet à la ville d’avoir des communications aisées par routes et chemins de fer avec sa propre région, les États qui l’entourent et Mexico, situé à 600 km. Le site, assez privilégié, jouit d’un climat subtropical d’altitude (températures extrêmes variant entre 12 et 30 °C), favorable à l’occupation humaine. Ce ne furent pourtant pas ces conditions naturelles qui présidèrent à sa fondation en 1529, sous le nom d’Espíritu Santo, par Cristóbal de Oñate, lieutenant de Nuño de Guzmán, premier gouverneur de la province de Nouvelle-Galice, qui lui donna en 1542 le nom de Guadalajara. Il s’est agi plutôt d’un choix arbitraire de la part des conquérants. Guadalajara est devenue en 1548 capitale de la province ; ainsi s’explique son rôle essentiellement administratif et commercial au cours de l’histoire coloniale. Loin de posséder les richesses des villes (relativement) voisines, Zacatecas et Guanajuato, qui exploitaient des mines d’argent, elle avait cependant une influence régionale plus étendue : elle fut (avec Mexico) la seule ciudad du Mexique à être le siège d’une audiencia.

La rareté de la population indigène dans cette région, à l’arrivée des Espagnols, et le manque d’organisation des caciquats qui la groupaient expliquent le caractère spécifiquement hispanique de la ville, où dominent les monuments de style colonial qui ornent encore de nos jours le centre. Du point de vue économique, cette absence d’indigènes fut aussi la raison de l’extension de l’élevage du bétail dans toute la circonscription de l’audiencia. Tout un style de vie, semi-rural à Guadalajara, découlant des coutumes des éleveurs de bétail et de chevaux, avec ses traditions, ses jeux d’adresse, son particularisme local, a longtemps dominé la mentalité des habitants, dont beaucoup, bien que vivant en ville, possédaient des terres. Ce genre de vie a donné naissance à toute une partie du folklore mexicain actuel.

Guadalajara, jusqu’aux années 1940-1950, a crû relativement lentement et plus régulièrement que beaucoup d’autres villes du Mexique ou de l’Amérique latine en général. De 101 000 habitants en 1900, elle est passée à 143 556 en 1921 après la Révolution, à 377 000 en 1950. C’est entre 1940 et 1950 que se situe son démarrage rapide, parallèlement à celui du Mexique de l’après-guerre : industrialisation, mouvement d’immigration massif des paysans vers la ville. Le taux d’accroissement annuel de Guadalajara (autour de 7 p. 100) est un des plus forts du Mexique.

La ville, depuis une époque très ancienne, est la seule distributrice pour tout le Centre-Ouest d’un grand nombre de services, dont certains s’adressent même aux États de la côte pacifique : deux universités (l’une d’État, l’autre autonome), services hospitaliers, bancaires, commerciaux, etc. En revanche, son industrialisation à l’échelle nationale est récente ; pendant la seconde moitié du xixe s., des fabriques de textiles avaient été créées par des étrangers (Américains, Belges, Allemands, Anglais), tandis que les Français, les Espagnols et les Libanais y développaient les entreprises commerciales de gros. Jusqu’aux années 1950-1960, la situation n’avait que très peu changé ; les entreprises restaient à l’échelle familiale ; aux textiles, on pouvait ajouter la fabrication des chaussures, vendues dans tout le pays, celle des produits dérivés de l’agriculture, de nombreux ateliers de réparations de matériel divers, des ateliers travaillant pour l’industrie de la chaussure, l’artisanat. Une transformation assez profonde s’est produite : si Guadalajara, capitale de l’un des premiers États agricoles du Mexique, demeure, après Mexico, le principal centre de transformation et de distribution des produits agricoles (surtout maïs, tequila [alcool tiré de l’agave], produits de l’élevage du bétail), si l’entreprise familiale reste importante tant dans le secteur industriel que commercial, de grands établissements utilisant plus de cinq cents ouvriers et dont beaucoup sont américains (Motorola, Kodak) se sont maintenant installés dans la ville ou ses environs immédiats ; les grandes chaînes commerciales, nationales ou étrangères (Sears, Woolworth), font une concurrence sérieuse au commerce traditionnel. La capitale du Jalisco tente d’attirer les capitaux de Mexico, de Monterrey, des États-Unis, en invoquant les possibilités résultant de sa situation géographique, de ses ressources en énergie hydro-électrique, auxquelles s’ajoute le pétrole amené par oléoduc depuis la raffinerie de Salamanca. Enfin, le rôle touristique de Guadalajara n’est pas négligeable, et on le développe. La ville commande l’aménagement touristique de la côte du Jalisco. Son aéroport international est en relation quotidienne avec les États-Unis, avec la France deux fois par semaine. Son climat exceptionnel en a fait le lieu de résidence privilégié de retraités nord-américains au Mexique, soit à Guadalajara même, soit dans ses environs proches (40 km), dans les stations balnéaires qui bordent le lac de Chapala : Chapala, Ajijic, San Juan Cosalá.

D’une façon générale, Guadalajara acquiert un rôle national qui lui a longtemps fait défaut. C’est toutefois vers le Nord-Ouest, c’est-à-dire vers les États de la côte pacifique et la Californie qu’elle s’efforce d’étendre sa zone d’influence économique et culturelle, tandis qu’elle représente de plus en plus un pôle d’attraction pour les émigrants ruraux des États du Centre et surtout du Centre-Ouest.

H. R. A.