Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

grossesse (suite)

• Diabète. Une aggravation du diabète est toujours possible au cours d’une grossesse, et les grossesses nombreuses sont à déconseiller aux femmes diabétiques. Pour le fœtus, le diabète maternel est toujours grave. Dès que l’enfant est viable, le risque de la prématuration apparaît le plus souvent préférable aux conséquences du diabète sur son organisme : on provoque donc un accouchement avant terme.

Les néphrites chroniques et l’hypertension artérielle se compliquent souvent d’une poussée grave de toxémie, fatale à l’enfant dès le début du dernier trimestre. Il faut redouter par ailleurs des complications maternelles, comme la défaillance cardiaque ou une rétinite grave. La grossesse est fortement contre-indiquée dans ces cas.

La notion de « grossesse à haut risque »

Nul ne conteste que la grossesse soit un phénomène « naturel ». Ce n’est, cependant, pas toujours un phénomène « normal ». La pathologie gravidique est vaste, difficile, fréquente et souvent négligée. De grandes enquêtes épidémiologiques récentes ont permis d’établir la notion de « grossesse à haut risque » : en d’autres termes, on est capable actuellement de prévoir durant la grossesse la possibilité d’accidents fœtaux, obstétricaux ou néo-natals. Les facteurs de risque les plus importants sont apparus être l’âge de la mère, le nombre des grossesses, la classe socio-économique, la taille, la tension artérielle, l’habitude de fumer, etc. La conséquence de ces faits est qu’il faut instituer dans ces cas une surveillance particulièrement intensive pendant la gestation, mettant en œuvre les techniques modernes de surveillance du fœtus in utero (dosages hormonaux, amnioscopie, mesure de la fréquence du cœur fœtal par monitoring, localisation placentaire par les isotopes, étude du liquide amniotique), ce qui nécessite de mettre à la disposition des consultations prénatales un matériel et un personnel spécialisés. Il est, d’autre part, indispensable que ces mères particulièrement exposées accouchent dans un service apte à faire face à toutes les éventualités pathologiques.

Ph. C.

➙ Accouchement / Avortement / Chromosome / Fécondation / Fœtus / Génétique / Génital / Gynécologie / Jumeaux / Menstruation / Transfusion.

 R. Merger, J. Lévy et J. Melchior, Précis d’obstétrique (Masson, 1967). / P. Magnin, R. Garmier et D. Dargent, Grossesse normale et pathologique (Baillière, 1970). / M. Roland-Michel, Attendre un enfant (Casterman, 1970). / M.-H. Miehe, la Grossesse et l’accouchement (Publications premières, 1971).

groupe

Ensemble des personnes qui partagent des convictions, des activités ou des intérêts présentant une plus ou moins grande cohérence.



Introduction

Le découpage de la société en plusieurs types de groupes, dans la ligne de la méthode cartésienne, implique une accentuation des différences entre les éléments constitutifs de la continuité sociale. Il était donc logique qu’une sociologie comme celle de Durkheim*, qui privilégie la « solidarité sociale » (biologique ou mécanique), s’arrête moins à la notion de groupe qu’une sociologie comme celle de Marx*, qui identifie groupes et classes* sociales, et qui souligne essentiellement les oppositions entre eux, la lutte des classes. Dans le cas de Durkheim, c’est un équilibre harmonieux des groupes sociaux qui est recherché, tandis que, dans une sociologie marxiste, voire simplement dynamique, c’est le caractère créatif ou prométhéen des tensions dialectiques et même des ruptures d’équilibre entre les groupes qui est souligné.

Mais, s’il est vrai que la notion de groupe social est un concept opératoire extrêmement fécond et, sans doute, même adéquat à la réalité sociale, il n’en demeure pas moins que l’établissement de la typologie de groupes pose parfois plus de problèmes qu’elle n’en résout. Par exemple, le groupe élémentaire — ou primaire — que constitue la famille conjugale se situe à l’opposé de cet autre groupe qu’est la famille indivise, qui s’identifiait au clan dans la société dite « archaïque ».

Par rapport à cet autre découpage de la réalité sociale que constitue la différenciation entre les « niveaux sociologiques », ou « paliers en profondeur » (modèles sociaux, signes collectifs, règles, attitudes et conduites collectives, etc.), les groupements sociaux doivent présenter une certaine cohésion. Et même s’ils ne sont pas organisés institutionnellement, s’ils n’accèdent pas encore à une conscience de groupe ou de classe, ils contribuent à la structuration sociale.

G. Gurvitch*, dans la Vocation actuelle de la sociologie (1950), rejette toutes les définitions qui reposent seulement sur des interdépendances de conduites ou sur des « rapports sociaux positifs et complémentaires » (Eugène Dupréel), ou encore sur de « simples assemblages de statuts et de rôles sociaux » (H. T. Hiller), et il propose la définition suivante, plus « positive » : « Le groupe est une unité collective réelle, mais partielle, directement observable et fondée sur des attitudes collectives continues et actives, ayant une œuvre commune à accomplir, unité d’attitudes, d’œuvres et de conduites qui constitue un cadre social structurable, tendant vers une cohésion relative des manifestations de la sociabilité. » S’il s’établit en effet un équilibre des hiérarchies, des rôles et des conduites sociales au sein du groupe, de sorte que se dégagent le rôle et les attitudes du groupe par rapport aux autres groupes, on peut affirmer, selon Gurvitch, que « le groupe est structuré, ce qui ne veut nullement dire qu’il soit organisé ».

G. Gurvitch a proposé une typologie qui est devenue classique.
1. Contenu : groupements unifonctionnels, multifonctionnels, suprafonctionnels.
2. Envergure (nombre de participants) : groupements réduits, moyens, étendus.
3. Durée : groupements temporaires, durables, permanents.
4. Rythme : groupements à cadence latente, moyenne, précipitée.
5. Mesure de dispersion : groupements à distance, à contacts artificiels, rassemblés périodiquement, réunis en permanence.
6. Fondement de formation : groupements de fait, volontaires, imposés.
7. Mode d’accès : groupements ouverts, à accès conditionnel, clos.
8. Degré d’extériorisation : groupements inorganisés non structurés, inorganisés structurés, partiellement organisés, complètement organisés (ces deux derniers groupements impliquent l’organisation comme élément de leur structure).
9. Fonctions : groupements de parenté, d’affinité fraternelle, de localité, d’activité économique, intermédiaires entre l’affinité fraternelle et l’activité économique (les « strates »), d’activité non lucrative, mystico-extatiques.
10. Orientation : groupements de division, d’union.
11. Mode de pénétration par la société globale : groupements réfractaires, plus ou moins soumis, entièrement soumis à la pénétration par la société globale.
12. Degré de compatibilité entre les groupements : groupements entièrement de la même espèce, partiellement compatibles entre eux, incompatibles entre eux, exclusifs.
13. Mode de contrainte : groupements disposant de la contrainte conditionnelle, inconditionnelle.
14. Principe régissant l’organisation : groupements de domination, de collaboration.
15. Degré d’unité : groupements unitaires, fédéralistes, confédéralistes.

Pour être complète, cette classification n’en est pas moins très difficile à manipuler. À la limite, elle aboutirait à la négation du groupe comme concept opératoire, et, face à un tel empirisme, qui, en multipliant les types de groupements, cherche à rendre compte de « l’enchevêtrement quasi infini des groupements dans une société globale ».