Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gromaire (Marcel)

Peintre français (Noyelles-sur-Sambre 1892 - Paris 1971).


Il passe à Douai une partie de son enfance, puis, ses parents étant venus se fixer à Paris, entre au lycée Buffon et fait ensuite des études de droit..., qu’il abandonne bientôt pour fréquenter, à Montparnasse, plusieurs académies. Il voyage en Belgique, en Hollande, en Angleterre, en Allemagne, s’intéresse au cubisme et à Matisse, s’éprend de l’œuvre de Seurat ainsi que de l’art nègre.

De ces diverses influences portent témoignage ses premières peintures. Il faut reconnaître pourtant, dans son Portrait de fumeur (1912) par exemple, plus d’un indice de ce qui deviendra son style personnel. Gromaire participe en 1916 à la bataille de la Somme, est blessé et, à la fin de la guerre, fait fonction d’interprète attaché à l’armée américaine.

Il peint en 1919 les Musiciens mendiants : figures sévères, presque caricaturales, composition fondée sur des rythmes brusques, dans un coloris à dominante sombre. Tel Nu féminin de 1920, de même, présente un caractère d’énergique austérité.

La première exposition particulière de Gromaire (avec le Repas paysan, notamment), en 1921, attire l’attention d’un grand collectionneur, le docteur Maurice Girardin, qui ne cessera plus de lui apporter son soutien et léguera à la Ville de Paris plus d’une centaine de ses œuvres (musée municipal d’Art moderne). De 1922 sont la Gare et le Portrait de la femme du peintre, de 1924 le Faucheur flamand, la Batelière, les Deux Frères, où, sans renoncer à la rigueur quant à la composition, l’artiste clarifie sa palette et l’enrichit de tons vibrants.

En 1925, Gromaire remporte un grand succès au Salon des artistes indépendants, où il expose la Guerre : « Elle exprime parfaitement, écrit André Salmon, le sentiment permanent du peintre qui, hanté de géométrie ainsi que beaucoup des meilleurs de sa génération, demeure attaché à l’expression d’humanité, de vie sensible ; des hommes casqués [...] dans un paysage rigide qui est tout de même le paysage en soi : des hommes rudement modelés par le harnois militaire, la boue même, et la tension d’esprit ou l’abandon au destin. »

La même volonté de « stylisation vivante » se manifeste dans toute la suite de son abondante production : Réunion de famille, la Brocanteuse (1927) ; les Contrebandiers (1930) ; les Joueurs d’échecs, Nu au balcon (1933) ; Mère et enfant (1934) ; les Lignes de la main (1935) ; Torse au collier (1938). Après 1939, Gromaire compose des paysages, synthèses de la vie moderne, qu’il rapporte notamment des États-Unis, où il est membre du jury du prix Carnegie en 1950 et lauréat en 1952. Des expositions récapitulatives de son œuvre ont eu lieu au musée de Besançon (1956), à la Maison de la pensée française (1957), au musée national d’Art moderne. Gromaire remporte le prix Guggenheim en 1956 et le grand prix national des Arts en 1958.

Nommé en 1950 professeur à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, il a exécuté dès 1936 des peintures murales à l’École de pharmacie, composé une frise pour le pavillon de Sèvres à l’Exposition internationale de 1937 et participé avec Jean Lurçat, à partir de 1939, au renouveau de la tapisserie (les Bûcherons de Mormal, Aubusson, 1940 ; l’Automne en Flandre, 1941). On lui doit aussi des eaux-fortes, notamment d’illustrations : pour Petits Poèmes en prose de Baudelaire, Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand, Memento des vivants de Pierre Emmanuel, Vers un monde volage de Henrik Hertz.

M. G.

 J. Cassou, Marcel Gromaire (Gallimard, 1925). / G. Pillement, Marcel Gromaire (Crès, 1929). / G. Besson, Marcel Gromaire (Braun, 1949). / M. Zahar, Gromaire (Cailler, Genève, 1962).

Groningue

En néerl. Groningen, province du nord des Pays-Bas ; 2 302 km2 ; 520 000 hab. Capit. Groningue (Groningen) [170 000 hab.].


La ville de Groningue doit à son ancienneté, à une vieille tradition de desserte du milieu rural environnant et à son éloignement de la Hollande de représenter le meilleur exemple néerlandais de métropole régionale. C’est actuellement hors du Randstad* Holland l’agglomération pourvue de l’équipement tertiaire le plus complet et celle dont les liens avec la campagne sont restés les plus étroits. Sa bourse aux grains, son marché aux bestiaux, ses veilingen (coopératives de vente) horticoles et ses importantes activités commerciales témoignent encore du rôle historique qu’elle a joué dans la mise en valeur de sa région. Principal foyer culturel et seule ville universitaire du nord des Pays-Bas, carrefour ferroviaire et port d’attache de nombreux chalands et caboteurs, point de départ de multiples lignes d’autobus, elle reflète dans l’animation de ses rues commerçantes et de sa vaste place centrale la domination du secteur tertiaire dans ses activités. L’industrie vient ici au second plan, avec environ 35 p. 100 seulement de la population active (alimentation, confection, édition, constructions mécaniques), mais a contribué à l’extension spatiale de l’agglomération sur la périphérie de la ville historique. Quant aux catégories aisées de la population, elles ont amené le développement d’une banlieue résidentielle au sud-est, dans la commune de Haren.

L’influence régionale de Groningue s’étend sur la province du même nom et aussi sur la quasi-totalité de celle de Drenthe, c’est-à-dire sur un milieu peu urbanisé et souvent de mise en valeur relativement récente.

La province de Groningue comprend deux grands ensembles naturels : au nord, des terres argileuses, où, contrairement à la Frise, les labours occupent la majeure partie du sol ; au sud-est, d’anciennes tourbières, où l’extraction du combustible, commencée aux xvie et xviie s., notamment à l’initiative de la ville, a cédé la place à une riche agriculture. Des exploitations assez grandes (à l’échelle néerlandaise) et consacrées à la polyculture ont favorisé l’avènement d’une société rurale plus solide que celle de la Frise. La province produit une part importante du blé, de l’avoine et surtout des pommes de terre récoltés aux Pays-Bas, mais l’élevage bovin y tient aussi une place non négligeable. Les matières premières d’origine agricole alimentent une industrie de la fécule, de la cartonnerie et des produits laitiers. D’autres industries, parfois antérieures au xxe s., occupent la majeure partie de la population active des « colonies des tourbières » (industrie du bois, construction de petits navires, de machines et de matériel électrique) et ont donné naissance à deux agglomérations de plus 20 000 habitants : Veendam et Hoogezand-Sappemeer. Au débouché de l’estuaire de l’Ems, on construit actuellement Eemshaven, destiné à doubler le petit port de Delfzijl, où l’implantation d’industries chimiques (soude) et de l’aluminium a entraîné un fort accroissement de sa population. Le principal centre sous-régional reste toutefois la vieille ville de Winschoten (18 000 hab.). La découverte d’un important gisement de gaz naturel à Slochteren n’a guère eu de conséquences pour la région : l’essentiel de la production est exportée dans le reste des Pays-Bas et à l’étranger et n’a que faiblement influencé le développement industriel de la province.