Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

grippe (suite)

La prophylaxie individuelle par vaccins est plus réelle. On utilise des vaccins vivants monovalents, atténués, mais la protection est limitée à la souche vaccinale. On préfère donc la vaccination par virus inactivés. Ces vaccins comportent plusieurs souches A, les plus proches possible de la souche responsable de l’épidémie. Une ou deux injections de 1 ml chez l’adulte assurent une protection de 6 mois environ. Un rappel annuel est souhaitable. Tous les sujets ne peuvent être vaccinés, car il faut plusieurs semaines pour fabriquer le vaccin spécifique de l’épidémie et on ne peut le conserver très longtemps. Pour obtenir une efficacité maximale, à moindres frais, on vaccine donc en priorité les vieillards, les femmes enceintes, les insuffisants respiratoires et cardiaques, les enfants.

La chimioprévention est à l’étude : certains produits paraissent actifs préventivement.

P. V.

 G. H. Werner, la Grippe (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961). / F.-C. Hugues, Grippe, infections respiratoires virales et syndromes apparentés (Heures de France, 1969).

Grisons

Canton de Suisse, dans les Alpes ; 7 109 km2 ; 162 000 hab. Capit. Coire.



Le site

La faiblesse de la densité de la population (23 hab. au km2) reflète la difficulté des conditions naturelles. Les trois quarts de la surface sont drainés par le Rhin, près du quart par l’Inn, affluent du Danube ; les vallées méridionales s’ouvrent vers le Pô ou l’Adige (Misox [Mesocco], Bergell [Bregaglia], Poschiavino, Munster [Müstair]). Les Grisons sont souvent surnommés le « canton des 150 vallées ». De ce morcellement, il résulte des difficultés de circulation interne, un particularisme prononcé de certaines vallées, une pluralité de parlers locaux et une grande variété de paysages. Les difficultés de circulation sont quelque peu atténuées par le moindre encaissement des vallées (par rapport au Valais), et les nombreux cols situés à moins de 2 000 m assurent les liaisons internes. Ce sont ces passages qui ont renforcé la cohésion politique des Grisons. Grâce aux cols, le canton est une des plus importantes zones de passage transalpines. L’économie repose essentiellement sur la fonction de passage.

Les glaciations ont profondément marqué les vallées. Les lacs naturels sont rares, et beaucoup ont été aménagés pour l’hydro-électricité, qui est une ressource importante. La plupart se situent dans la haute Engadine, contribuant à la beauté des paysages alpins.

Environ 50 p. 100 du territoire sont au-dessus de 2 000 m (20 p. 100 pour la Suisse). Le climat montagnard est prédominant, favorisant les sports d’hiver. Saint-Moritz a une moyenne de – 6,7 °C en janvier et seulement de 11,1 °C en juillet. Les précipitations sont moindres que dans les autres régions alpines suisses. L’étendue des glaciers est relativement faible. La répartition des précipitations marque l’influence de l’Europe centrale. Les vents locaux aèrent les vallées. Un des plus connus est le maloja, qui souffle dans la haute Engadine. Les inversions de température sont fréquentes. Elles favorisent les stations de sports d’hiver situées en altitude. Ainsi en est-il de Davos. Le rayonnement solaire y est important.

Environ 20 p. 100 de la surface totale sont improductifs. Les labours n’occupent que 3 400 ha, et les prairies 46 500. Seulement 1 p. 100 de la surface est situé au-dessous de 600 m, ce qui explique la faiblesse des labours. Les exploitations agricoles reposent d’abord sur l’exploitation des prairies et des alpages (195 000 ha). La plupart associent prairies et alpages en vue de l’élevage laitier.

Les Grisons ne sont pas uniformes. Plusieurs vallées s’individualisent. Le Bergell est la plus méridionale ; on y parle un dialecte italien. Le col de la Bernina marque une frontière culturelle séparant le Poschiavino catholique de la haute Engadine protestante. La vallée de l’Inn se divise en deux parties : la haute et la basse Engadine. La limite se situe au Punt Ota, qui marque la frontière entre deux parlers rhéto-romans.

L’agriculture a perdu de son importance depuis l’essor du tourisme. La source sulfureuse de Saint-Moritz reçut ses premiers curistes en nombre vers 1800, bien que les trouvailles archéologiques aient démontré son utilisation dès l’époque du bronze. Les sports d’hiver ont pris de l’ampleur à partir de 1900. La construction de la voie ferrée Coire - Celerina - Saint-Moritz - Pontresina est due au tourisme. Saint-Moritz, dont la population a plus que décuplé entre 1850 et 1960, compte 5 900 lits. Le nombre de nuitées s’est élevé à 876 000 (1968), dont 625 000 pour les étrangers.

À côté de l’Engadine, les pays du Rhin proprement dits constituent l’essentiel des Grisons. L’agriculture y est plus prospère, mais, grâce aux barrages, une certaine industrialisation a gagné les vallées. Le tourisme a pris un essor considérable. Avec un équipement de 7 500 lits, Davos est la première station alpine suisse. Sur 1,33 million de nuitées (1968), 0,76 million sont à mettre au compte des étrangers.

C’est la partie rhénane qui renferme la capitale des Grisons. Coire (31 000 hab.) est d’origine romaine. Située sur une des grandes routes transalpines, la ville est devenue un grand centre de passage et de tourisme.

F. R.


L’histoire

Les populations grisonnes (Rhétiens, de diverses origines) sont difficilement soumises par les Romains aux environs de 15 av. J.-C. Les conquérants construisent les forts de Martiola, du San Bernardino et du Julier. Devenues chrétiennes, les vallées rhétiennes sont peu touchées par les invasions germaniques, ce qui permet à la langue rhéto-romanche de s’y maintenir. Cependant, après la chute de l’Empire romain, le pays est soumis aux Ostrogoths (493), puis aux Francs (537) : Coire devient la résidence d’un praeses, dignité qui est longtemps héréditaire dans la famille des Victorides ; des membres de cette famille sont titulaires de l’évêché de Coire, mentionné dès 451. Sous les Carolingiens, la Rhétie curiale devient un duché, incorporé en 916 et jusqu’en 1256 au duché allemand de Souabe* : les liens avec les Hohenstaufen* sont d’ailleurs lâches, ce qui favorise la formation de seigneuries laïques et ecclésiastiques, dominées en fait par l’évêque de Coire, maître notamment de cette ville, de la haute Engadine et de l’Oberhalbstein. La germanisation du pays est favorisée par le rattachement de l’évêché de Coire à l’archevêché de Mayence en 843 : il dépendait jusque-là de Milan.