Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce d’Occident (suite)

Ses recherches ont permis notamment d’établir des relations précises entre les nombres entiers et des grandeurs irrationnelles comme il créa la méthode de la science acoustique et fut l’inventeur de la mécanique rationnelle, qu’il sut mettre en œuvre, notamment par la construction d’un automate, une colombe en bois qui volait mue par l’air comprimé. Sa cosmologie, qui faisait la part belle aux sphères, enthousiasmait Platon. Sa pensée politique se nourrissait de ses recherches. Ainsi, adepte du calcul raisonné (logismos), il définit une pratique des échanges contractuels entre les diverses classes sociales qui établit entre eux comme une égalité proportionnelle aux services qu’ils sont à même de se rendre. Archytas instaurait la concorde entre les citoyens en réservant aux « meilleurs » la propriété de leurs terres, à condition qu’ils en accordent jouissance à la masse des pauvres gens, qu’ils maintenaient ainsi dans une position inférieure sans qu’ils puissent s’en plaindre : leur travail leur permettait néanmoins de profiter d’une part de la prospérité des riches, qui se mesurait à leur importance.

Il semble que le souvenir d’Archytas fut assez vivace pour que Tarente restât longtemps le centre d’un certain pythagorisme.

J.-M. B.


Quelques cités de la Grèce d’occident


Camarine.

Fondée en 598, elle fut détruite par Syracuse vers 550 av. J.-C.


Catane.

Elle assura dès 729 la mainmise par des Grecs sur la plaine du Symaithos, car elle contrôlait les routes qui montaient vers l’intérieur de la Sicile tout en constituant par son port un excellent débouché à Leontinoi.


Crotone.

Colonie achéenne comme Sybaris, sa rivale, elle fut fondée v. 710 : elle était célèbre par son temple de Héra Lacinia, le plus riche et le plus connu des sanctuaires de l’Italie du Sud. La ville, était réputée aussi du fait qu’elle était la patrie des meilleurs médecins, philosophes et athlètes de la Grèce entière (Démocratos, médecin du roi de Perse, Milon, qui remporta 31 victoires dans les jeux panhelléniques, Pythagore). Sa victoire sur Sybaris (510) lui donna pour peu de temps une position dominante en Italie du Sud, situation qui dura jusqu’au début du iv s., quand elle présida la confédération des cités grecques d’Italie.


Cumes.

C’est une fondation des Chalcidiens en Italie face à Ischia. Les découvertes de poteries que l’on y fait rendent bien sensible l’évolution du monde grec : les plus anciennes (v. 750) semblent venir d’Eubée ; la perfection corinthienne s’impose ensuite avant de céder la place, vers 600, aux vases à figure noire d’Athènes. L’origine eubéenne de la colonie explique qu’elle garde assez aisément des contacts avec le monde asiatique, comme en témoigne la mise au jour d’un vase de bronze aux anses ornées de têtes de taureau.


Gela.

Elle fut fondée par les Rhodiens et les Crétois. Thucydide date sa fondation de 688 av. J.-C. Ville prospère qui eut dans le cours même du viie s. une école originale de poterie décorée, elle conserva très longtemps (durant même le vie s.) certains caractères rhodiens (la coutume d’enterrer les enfants dans des jarres par exemple) et des contacts étroits avec sa métropole. Son apogée se situe au début du ve s., période de grandes constructions, d’un commerce qui fait affluer à Gela les plus beaux produits de toute la Grèce.


Himère.

Elle fut le fruit de l’expansion de Zancle vers l’ouest, sur la côte nord de la Sicile ; construite en 648 sur un site propice à la défense, elle put assister en 480 à la victoire des Grecs sur les Puniques, qui la détruisirent en représailles en 408.


Ischia

(îles Pithécuses). Elle fut fondée par les Eubéens d’Erétrie et Chalcis avant qu’ils ne s’installent à Cumes. On y connaît un cimetière où l’on découvre de la poterie corinthienne du viiie s. ainsi que des vases de style eubéen. Il est intéressant d’y trouver aussi des sceaux moyen-orientaux, de la poterie et des scarabées égyptiens : par l’Eubée, il semble que des rapports aient pu s’établir entre l’Extrême-Orient grec de ce temps et l’Occident.


Leontinoi.

Fondée cinq ans après Naxos (v. 730), à l’intérieur des terres, dans la riche vallée du Symaithos, c’était une ville agricole prospère qui s’était installée sur un site sicule.


Megara Hyblaia.

Seule colonie de Mégare en Sicile, elle eut bien du mal à s’établir ; les colons furent ballottés de sites en sites avant de pouvoir s’installer grâce à la bonne volonté d’un roi indigène en une zone pourvue d’un bon mouillage, sinon d’un port. Malheureusement trop proche de Syracuse, elle fut détruite par sa voisine en 483.


Métaponte.

Elle n’avait pas véritablement de port, mais c’était un beau terroir qui se trouvait situé à l’extrémité de la route vers Poseidônia (colonie de Sybaris).


Naxos.

Ce serait, d’après Thucydide, le premier établissement grec en Sicile (735) ; c’était le point de relâche idéal pour les bateaux essayant de contourner la botte italienne. Son site est une vallée favorable à la vigne. La ville n’eut jamais grande importance en Sicile, mais c’est d’elle que partirent les colons de Leontinoi et Catane.


Sélinonte.

Fondée v. 629, c’était la ville grecque la plus occidentale sur le bord du territoire punique, ce qui lui rendit la vie bien difficile. La cité, bien située, est particulièrement célèbre pour ses temples fort impressionnants.


Sybaris.

Elle fut fondée vers 720 av. J.-C. dans une plaine magnifique qui devint vite célèbre pour la qualité de son blé, la valeur de son vin. La taille de la cité, sa richesse, entretenue par son rôle commercial (n’était-elle pas l’entrepôt des marchandises milésiennes que s’arrachaient les Étrusques ?), étaient immenses, et ses habitants passaient pour en avoir abusé. En 510, la jalousie de Crotone lui fut fatale ; les Crotoniates, menés par le fameux athlète Milon, la dévastèrent entièrement, et les ruines en gisent désormais sous les épaisses alluvions du Crathis, qu’ils avaient détourné pour la détruire. Parmi ses colonies, la plus célèbre est Poseidônia (Paestum), connue par ses temples et ses décors peints.


Syracuse.