Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amérique latine (suite)

Les grandes unités naturelles, déterminées par la combinaison des conditions climatiques et topographiques, se présentent sous forme de potentialités aux groupes humains, auxquels il appartient de réaliser la mise en valeur de ces régions. Ainsi s’articule, sur le découpage de l’Amérique latine en grands ensembles naturels, un découpage politico-économique, qui exprime précisément, face à certaines possibilités naturelles, la capacité des hommes à les utiliser.


Les grands ensembles politico-économiques

Mis à part le cas de Cuba, qui relève d’un système économique et social particulier, fondé sur le principe de la planification socialiste, et celui du Chili, qui évolue depuis 1970 vers un régime socialiste, l’économie est de type capitaliste. Dans la structure économique de chacun de ces États, le secteur capitaliste moderne se combine toujours à un secteur d’économie traditionnelle, qui prévaut principalement dans l’agriculture et parfois même dans l’exploitation minière. Par ailleurs, dans tous ces pays, ce secteur moderne est plus ou moins dépendant, tant du point de vue des capitaux que des marchés, des grandes puissances industrielles et présente une grande vulnérabilité devant les fluctuations du marché mondial. Quel que soit le niveau de développement de leur secteur industriel ou d’une agriculture de type moderne, tous ces pays présentent les caractéristiques des économies sous-développées.

On peut distinguer les économies nationales selon un critère politico-économique en fonction du développement et de la diversification des activités industrielles, problème lié à celui de la dépendance vis-à-vis des grandes puissances industrielles.

La banane en Amérique centrale

Les républiques de l’Amérique centrale sont connues sous le nom de « républiques caféières et bananières ». Mais, tandis que l’exploitation du café est restée sous le signe de la petite entreprise individuelle, les plantations de bananiers ont été monopolisées par de grandes compagnies nord-américaines.

La culture de la banane commence en 1860, à une échelle individuelle, dans la région de Portobelo (Panamá) et dans le bassin Ulua-Chamelecón (Honduras). En 1880, les premières compagnies nord-américaines s’établissent au Costa Rica, à Panamá et au Nicaragua. Les plantations à grande échelle se développent à l’arrivée de l’United Fruit Company, en 1899, puis de deux autres grandes compagnies : la Standard Fruit Company et la Steamship Company, nées de la fusion de plusieurs petites.

La possibilité d’obtenir de grandes extensions de terres riches en azote dans les basses terres des Caraïbes, les nouvelles méthodes d’exploitation (canaux de drainage), des moyens de transport modernes et rapides (voies ferrées et ports), la présence du vaste marché nord-américain de l’Est, tout contribue à la fortune de l’entreprise. Ces compagnies puisent alors une grande partie de leur main-d’œuvre aux Antilles. Les principales zones d’exploitation se localisent sur la côte est, ce qui laisse à l’écart le Salvador. Ce sont le district de Limón (Costa Rica), Bocas del Toro (Panamá), Ulua-Chamelecón (Honduras) et la vallée de Motagua (Guatemala). À l’époque du grand « boom » commercial de 1900-1930, la production de l’Amérique centrale représente le tiers de la production mondiale.

Vers 1930, la « maladie de Panamá » s’étend sur toutes les plantations de la côte des Caraïbes, et des milliers d’hectares sont abandonnés. La « maladie de la Sigatoka » lui succède en 1938. Les plantations émigrent alors en partie vers la côte pacifique, malgré la hausse des prix de production, due à des conditions climatiques moins favorables. Les deux maladies les y suivent. Toutefois, la majeure partie des plantations reste sur la côte est, où elles représentent encore l’économie fondamentale du Honduras et de Panamá. Mais on tente de substituer à la banane de nouvelles plantes plus résistantes aux maladies.

C. B.

• Unités politiquement rattachées à des puissances industrielles. Il s’agit d’anciennes colonies, qui ont maintenant des statuts divers, mais qui restent totalement dépendantes des pays européens ou des États-Unis tant sur le plan politique que sur le plan économique. Les Antilles et les Guyanes offrent un exemple de ces unités, qui ne vivent que des activités minières (bauxite en Guyane) et agricoles. Ces pays ne connaissent pratiquement pas d’activités secondaires et restent soumis de la part des métropoles à un certain contrôle politique.

• Petits États agricoles ou miniers fondés sur une « économie de matières premières ». Il s’agit des petits États d’Amérique centrale, ainsi que de l’Équateur, de la Bolivie et du Paraguay, dont les économies sont organisées en fonction de l’exportation, le plus souvent à l’état brut, des produits du sol et du sous-sol. Ainsi, le Nicaragua est un pays de grandes plantations spéculatives, tandis que la Bolivie tire l’essentiel de ses revenus de l’exportation, vers les États-Unis, des produits de son sous-sol, en particulier de l’étain, et que le Paraguay se consacre essentiellement à l’élevage. Il s’agit d’une économie de matières premières reposant sur une monoproduction, avec son double corollaire de dépendance et de vulnérabilité vis-à-vis du marché mondial. Ces pays sont pratiquement dépourvus d’un secteur d’industrie de transformation ; les niveaux de vie restent extrêmement bas.

• Pays où l’économie de matières premières, toujours prépondérante, coexiste avec un secteur de production industrielle de biens d’usage et de consommation relativement important. C’est le cas du Pérou, du Venezuela, de la Colombie et de l’Uruguay. Chacun de ces pays tire des revenus appréciables de l’exportation des produits du sol ou du sous-sol. La différence sensible de niveau de vie entre ces pays et ceux du groupe précédent explique qu’ait pu ici se développer un secteur d’industries de biens de consommation, offrant un éventail de productions relativement ouvert : Montevideo ou Lima constituent des centres industriels importants. Le Chili entrait dans cette catégorie de pays « mixtes », mais représentait déjà un niveau supérieur de développement des activités industrielles ; dans la plupart des branches de production, les activités suffisaient à couvrir les besoins essentiels du pays. Tant par leur secteur traditionnel, reposant sur l’exportation, que par leur secteur industriel moderne, ces pays (Chili peut être exclu) restent dépendants des pays industriels, et souvent étroitement des États-Unis, pour leurs débouchés et pour leurs capitaux.