Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grèce (suite)

Les communistes se retrouvent complètement isolés pour cette guerre. Les paysans ainsi que la moyenne et la petite bourgeoisie, qui les ont suivis avec enthousiasme pour combattre l’occupant en 1941, pensent plus à reconstruire (la Grèce est le pays qui a le plus souffert de l’Occupation) qu’à repartir vers une aventure dont ils entrevoient confusément l’issue. Les guérilleros, d’autre part, ont négligé de considérer le rapport des forces en présence, tant au présent qu’à l’avenir. Les armes conservées sont insuffisantes. L’Union soviétique accorde son soutien au général Márkos (né en 1906), chef des insurgés, et des secours de toutes sortes arrivent par les Balkans, mais c’est aux effectifs britanniques, puis (mars 1947) américains que les rebelles ont affaire. Ils cèdent peu à peu du terrain, et, en octobre 1949, la prise de leur centre principal, les monts Ghrámmos, par les troupes gouvernementales du général Papághos marque la fin de la guerre civile.

Cette guerre coûte très cher au pays, en vies humaines (de 40 000 à 160 000 victimes selon les sources), en biens matériels et en énergie. Mais la doctrine Truman et le plan Marshall, dont la Grèce est un des principaux bénéficiaires, fournissent des éléments de la construction et du progrès économique à partir de 1947.

Les élections du 5 mars 1950 assurent le succès du centre gauche, et le général Plastíras forme le gouvernement en avril. Cependant les forces de droite se réorganisent.


La stabilité « à la grecque » (1950-1963)

Après encore une période de fluctuation politique, la Grèce entre dans des temps d’une certaine stabilité sociale et économique sous un gouvernement conservateur.

• Les incertitudes (1950-1953)
Pendant ces trois ans, on assiste à un chassé-croisé d’alliances de partis, de désaccords, de passages d’un homme politique influent d’un parti à un autre, de coalitions éphémères et de gouvernements météores. Ce temps est utilisé par les Américains pour pousser à la reconstruction d’un pouvoir politique capable de contrebalancer un éventuel glissement à gauche de la Chambre.

Le maréchal Papághos commence à rassembler autour de lui les royalistes et conservateurs divers dans son « Rassemblement hellénique », qui remplace peu à peu le parti populiste. Il forme le gouvernement de 1952.

C’est en février de cette année que le royaume de Grèce adhère à l’O. T. A. N. Il se trouve ainsi à la pointe, comme sa voisine la Turquie, de la stratégie atlantique, avec toutes ses frontières territoriales, ou presque, communes avec les pays du pacte de Varsovie.

1953 est l’année où débute véritablement l’affaire de Chypre et où commencent à être prises des mesures de redressement qui se veulent définitives (économiques, politiques et diplomatiques). La modification de la Constitution a été faite en 1952.

• Dix ans de conservatisme (1953-1963)
« Autorité, discipline, anticommunisme et reconstruction » avait été, dès le début de leur arrivée au pouvoir, la devise des conservateurs. C’est sous cette bannière que se poursuivra leur administration.

La population urbaine égale, puis dépasse légèrement la population rurale, et de nouvelles couches de producteurs apparaissent. La dévaluation de la drachme (avr. 1953), la signature de conventions commerciales avec des pays de l’Est et avec la République fédérale d’Allemagne (1954) sont des signes de convalescence et de volonté d’échapper au désordre qui régnait encore cinq ans après la Libération. La Grèce est associée à la Communauté économique européenne depuis 1962. Sur le plan diplomatique, une politique de détente est suivie, notamment vis-à-vis des deux voisins ennemis d’hier, la Turquie et la Yougoslavie, et l’on assiste même à une reprise des relations diplomatiques avec l’U. R. S. S.

Arrivé au pouvoir en 1952, le maréchal Papághos meurt en octobre 1955 : il a fait de Karamanlís son héritier politique. À partir de cette époque jusqu’en 1963, le nouveau ténor de la droite, à la tête de l’E. R. E., préside aux destinées du pays avec seulement deux courtes interruptions, l’une due à la sécession de quinze députés de son parti en mars 1958, et l’autre aux constantes attaques du centre en septembre 1961. En 1959, l’E. R. E. accueille une recrue de choix en la personne de Panaghiótis Kanellópoulos (né en 1902), de l’opposition, qui devient vice-président du Conseil. Mais, le 11 juin 1963. Karamanlís démissionne devant les assauts de ses adversaires après l’assassinat du député de gauche Ghrighórios Lambrákis en mai. C’est Panaghiótis Pipinélis (1899-1970) qui forme le nouveau gouvernement.

Gheórgios Papandhréou

(Patras 1888 - Athènes 1968). Papandhréou est directeur du cabinet politique de E. Venizélos en 1916, puis ministre de l’Intérieur dans le cabinet révolutionnaire de Stylianós Ghonatás (janv. - oct. 1923). De janvier 1930 à mai 1932, il est ministre de l’Éducation nationale de Venizélos, poste auquel il accomplira un très important travail de rénovation de l’enseignement.

En 1935, il fonde le parti démocratique, qui deviendra plus tard le parti social-démocrate. Arrêté par les Italiens sous l’Occupation, il rejoint Le Caire, où il devient chef du gouvernement en exil en avril 1944 et où il organise les troupes de montagne qui se distingueront en Italie. Il revient en Grèce comme Premier ministre du gouvernement d’Unité nationale (mai 1944). Ministre de l’Intérieur en 1947 et de 1950 à 1951, il devient chef du parti libéral en 1954 avec S. Venizélos.

En 1959, il fonde le parti libéral démocratique, qui absorbe une fraction du parti libéral. En 1961, il regroupe les différentes tendances de l’opposition en une Union du centre, dont il devient le chef. Après la démission de Karamanlís, les élections du 3 novembre 1963 lui assurent le succès. Chargé de former un cabinet centriste, il s’y réserve le portefeuille de l’Éducation nationale. Mécontent de n’obtenir la confiance que grâce aux voix communistes, il démissionne presque aussitôt.