Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce

En gr. moderne Ellás ou Hellas. État de l’Europe méditerranéenne. Capit. Athènes.


La Grèce s’étend sur près d’un millier de kilomètres du nord au sud, entre les 42e et 34e degrés de lat. N., et sur environ 500 km d’ouest en est, entre la Méditerranée occidentale et la Méditerranée orientale. Elle dispose ainsi d’une bonne position maritime sur les courants d’échange qui empruntent la Méditerranée entre l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique. Solidement rattachée, au nord, au corps de la péninsule balkanique, dont elle pourrait être une des portes sur la mer, elle s’émiette, vers le sud, en une série de massifs montagneux et de plaines aux dimensions réduites ainsi qu’en plusieurs archipels dispersés dans les mers qui la bordent : Heptanèse (îles Ioniennes) en mer Ionienne, Sporades, Cyclades et Dodécanèse en mer Égée ; la plus vaste des îles grecques, la Crète, domine au sud la mer de Libye.


La géographie


Le pays

En dépit de la permanence de quelques caractères qui se retrouvent dans ses paysages, la Grèce n’a guère d’unité physique. Son morcellement, qui a favorisé dans l’Antiquité la juxtaposition d’une multitude de cités souvent concurrentes, mais qui a gêné à l’époque moderne l’unification de l’État grec et son intégration économique, résulte d’une évolution géologique dont les événements décisifs sont en général très récents. Car cette portion de la péninsule balkanique correspond à un segment d’une chaîne plissée d’âge alpin (tertiaire), les Dinarides, qui se poursuit vers le nord, en Albanie et en Yougoslavie, se prolonge au sud-est, en Turquie méridionale, au prix d’une virgation jalonnée par les îles de Crète et de Rhodes, et s’appuie au nord-est sur les massifs des Rhodopes, dont la constitution est différente. La structure de l’édifice plissé reste bien visible en Grèce occidentale, où s’allongent, du nord-nord-ouest au sud-sud-est, les montagnes calcaires et les dépressions remplies de sédiments tendres correspondant aux plis les plus récents. Mais ce schéma est souvent brouillé dans l’axe de la péninsule, du fait que les plis orientaux, qui sont les plus anciens du système, ont été exagérés en nappes de charriage qui chevauchent les unités situées plus à l’ouest ; ainsi, les ensembles de plis qui forment les montagnes du Pinde et du Péloponnèse central sont charriés sur les massifs d’Épire et d’Acarnanie de même que sur les collines d’Élide ; mais ils sont eux-mêmes chevauchés à l’est par les plis des montagnes du Vermion et de l’Othrys. Les hauts massifs calcaires de l’Olympe, du Parnasse et de Trapezona, en Argolide, jalonnent imparfaitement la limite orientale de ce domaine des grandes montagnes plissées continues des frontières du nord jusqu’à l’extrémité du Péloponnèse, car ils sont eux-mêmes chevauchés par des éléments de nappes plus orientales. Plus à l’est encore, les unités morphostructurales et le relief deviennent très discontinus, car les massifs des Rhodopes et d’Attique-Cyclades, constitués de calcaires, de marbres et de schistes, progressivement consolidés et granitisés pendant la mise en place des unités plissées occidentales, se sont en partie effondrés au terme de cette dernière, créant la mer Égée et ses îles. Ces mouvements tectoniques finitertiaires et quaternaires ont d’ailleurs affecté l’ensemble de la Grèce. Les uns ont joué suivant l’orientation majeure des plis, commandant par exemple le découpage du Péloponnèse méridional en une série de plaines et de golfes méridiens. Les autres s’inscrivent au contraire suivant des failles de direction transverse qui déterminent le golfe de Corinthe, l’escarpement des Thermopyles, etc. Succédant à la période des plissements, cette phase de tectonique cassante a commandé la distribution des plaines (Kampania de Thessalonique, Thessalie, Béotie, etc.) et la surrection des montagnes ; elle s’est accompagnée de la mise en place des arcs volcaniques tendus à travers l’Égée (Santorin [Sandoríni ou Thira], et la fréquence des séismes récents marque qu’elle n’est pas terminée. À cette succession d’épisodes tient la diversité lithologique, qui contribue à expliquer la variété des paysages grecs et la richesse du sous-sol en gîtes minéraux ; mais la jeunesse des mouvements orogéniques et la densité des lignes de fractures font que les gisements sont plus nombreux qu’étendus ; si la Grèce dispose d’un vaste échantillonnage de ressources minières, le volume de celles-ci ne suffit pas toujours à garantir une exploitation rentable : seules les mines de lignite et de bauxite assurent aujourd’hui des productions massives.

L’altitude, l’exposition et la proximité de la mer commandent les diverses combinaisons du climat méditerranéen, qui intéresse l’ensemble du pays. Les étés sont ensoleillés, chauds et secs, et les hivers doux et pluvieux, à peine séparés par des automnes et des printemps peu marqués ; la saison chaude s’achève brutalement à la reprise de la circulation cyclonique, qui entraîne de fortes précipitations et la chute des températures ; la saison froide reçoit presque toutes les précipitations, qui peuvent être neigeuses à basse altitude jusqu’à l’isthme de Corinthe ; le rétablissement du régime anticyclonique ramène souvent la sécheresse dès avril. Tandis que le voisinage de la mer, rendu plus sensible par le découpage du littoral, régularise les amplitudes thermiques, la disposition du relief joue en sens inverse : les montagnes sont plus fraîches et plus humides que les plaines auxquelles elles font écran. Les bassins intérieurs subissent des écarts de température accrus qui signalent une tendance à la continentalité de leur climat. Ces contrastes expliquent une mosaïque végétale qui juxtapose les espèces méditerranéennes xérophiles à feuilles persistantes (olivier, chêne vert, lentisque, caroubier) et les espèces montagnardes ou continentales (châtaignier, chêne caducifolié, hêtre). Mais l’activité des hommes a modifié les paysages végétaux : la recherche de combustible et de bois d’œuvre, l’extension des pâturages, les défrichements parfois excessifs ont contribué à dénuder les versants, dont les sols fragiles furent livrés à l’érosion. Maquis, garrigues, pelouses appauvries, forêts éclaircies, ravinements irréparables témoignent, aussi bien que le progrès récent des lignes de rivage, de l’usure du capital naturel, souvent exploité sans souci de son entretien.

Les paysages grecs participent d’une nature séduisante, mais difficile. L’ensoleillement et les ressources en eau suffisent, cependant, à y promettre de belles récoltes, les richesses minières y sont moins rares que méconnues, les ressources touristiques y paraissent plus souvent négligées qu’inexploitables.