granite (suite)
Les liquides granitiques peuvent se former de deux manières. La cristallisation fractionnée d’un liquide de composition quelconque, mais contenant, en quelque proportion que ce soit, les composants du minimum, conduit, en fin de processus, à la séparation de ce minimum, qui cristallise en dernier. C’est ainsi que se sont formés les granophyres, les rares verres granitiques trouvés sur la Lune, et c’est ainsi qu’ont dû naître les premiers granites au début de l’histoire terrestre. La fusion partielle imaginée par Hutton a été démontrée par H. G. F. Winkler, ainsi que par J. Wyart et G. Sabatier. Un matériau sédimentaire ou métamorphique contenant en quelque proportion que ce soit les composants du granite commence à fondre en donnant un liquide dont la composition est proche de celle du minimum. La quantité de liquide produit au début de la fusion dépend de la composition du matériel soumis à l’expérience. La composition du liquide change avec les conditions physiques. Si le matériel n’a pas une composition de minimum, il subsiste un résidu qu’une augmentation de la température peut faire fondre. La composition du liquide change, d’abord le long de la vallée thermique, puis en direction de la composition initiale, rejointe évidemment à fusion totale, à la teneur en eau près. Les liquides de début de fusion, saturés en eau, peu mobiles, donnent les granites autochtones et les migmatites, qui naissent à des profondeurs variant avec le gradient, par exemple à 20 km environ dans les zones métamorphiques soumises à un gradient moyen de 30°/km. Dans les régions plus profondes se forment des liquides plus chauds non saturés en eau, qui peuvent s’installer à des niveaux élevés de l’écorce et parfois atteindre la surface.
Substances utiles et minéralisations
L’eau que contient le liquide granitique est évacuée en grande partie au moment de la cristallisation. Elle transforme parfois les feldspaths en kaolins d’excellente qualité céramique. Les solutions hydrothermales (issues du magma et renforcées des eaux d’imprégnation des roches où le granite s’installe) transportent et concentrent un grand nombre d’éléments utiles (venant du magma ou existant, déjà à faible concentration dans la zone de l’intrusion), qui se disposent en auréoles autour des massifs. Dans les granites eux-mêmes, on trouve l’uranium et, dans les pegmatites, les niobotantalates et les terres rares. À la limite des massifs, se concentrent l’étain et le wolfram, puis l’or, le cuivre et enfin le zinc et le plomb dans l’auréole la plus externe. Ce n’est là qu’un modèle. Dans la nature, les granites qui ont donné des gisements exploitables sont rares, et aucun d’eux ne présente sa suite complète d’auréoles. Il existe des granites à étain comme celui des Montmins, dans le nord du Massif central. Bien qu’il soit également minéralisé en wolfram, en béryllium et en lithium, il n’est qu’un parent pauvre des granites malais et nigérians. Parmi les granites à cuivre les plus féconds figurent les porphyry coppers de l’Ouest américain, créateurs d’accumulations monstrueuses dont la plus célèbre est celle de Bingham dans l’Utah. Dans la même région le granite monzonitique de Climax au Colorado a développé un énorme gîte de molybdénite.
J. L.
➙ Cristallines (roches) / Métamorphisme / Pierre à bâtir / Roche.
A. Geikie, The Founders of Geology (Londres, 1905). / A. Johannsen, A Descriptive Petrography of the Igneous Rocks (Chicago, 1932-1938 ; nouv. éd., 1939-1948 ; 4 vol.). / E. Raguin, Géologie du granit (Masson, 1946 ; nouv. éd., 1957). / J. Jung, Précis de pétrographie (Masson, 1958 ; nouv. éd., 1969). / O. F. Tuttle et N. L. Bowen, Origin of Granite in the Light of Experimental Studies in the System NaAlSi3O8 - KAlSi3O8 - SiO2 - H2O (New York, 1958).