Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

La peinture élisabéthaine n’a guère connu que le genre du portrait, aux mains d’artistes étrangers tel le Brugeois Marcus Geeraerts le Jeune (1561-1635). L’abondante production de cette époque donne une importance particulière au luxe des costumes et des accessoires. Nicholas Hilliard (1547-1619) et Isaac Oliver (v. 1556-1617) sont les représentants les plus brillants d’un genre raffiné et plus typiquement anglais, celui du portrait en miniature.


La période Stuart

Sous Jacques Ier, l’architecte Inigo Jones*, disciple anglais de Palladio*, se fait le défenseur enthousiaste du classicisme italien, et conduit la Renaissance britannique à sa maturité tardive. Les édifices dessinés par lui comptent peut-être moins que sa doctrine, une doctrine qui devra attendre un siècle pour être vraiment comprise. Sous les règnes de Jacques Ier et de Charles Ier, l’architecture courante n’en tient guère compte. Dans les demeures de campagne, la tradition élisabéthaine inspire encore les plans à décrochements, les larges fenêtres ; à l’intérieur, le hall et la long gallery, qui occupe généralement l’une des ailes. Des sculptures enrichissent les escaliers de bois, les lambris, les meubles. Le dessin des plafonds de stuc se complique. La vogue des tapisseries incite Jacques Ier à fonder en 1619 la manufacture de Mortlake. Hatfield House (Hertfordshire), élevé de 1607 à 1612, est la plus caractéristique de ces demeures, avec son plan en E, sa couverture masquée, ses murs de brique sur lesquels se détachent un portique de pierre à ordres superposés, son hall et un riche escalier de bois auquel ressemble celui de Blickling Hall (Norfolk). Mais cette maison appartient, comme Aston Hall (à Birmingham) et la majeure partie de Knole, à un type plus mouvementé, qui accuse l’influence des Pays-Bas et que font reconnaître des tourelles à dômes, des pignons à courbes et à contre-courbes.

Le portrait, au xviie s., reste sous la dépendance des maîtres néerlandais. Le plus illustre, Van Dyck*, appelé par Charles Ier en 1632, donne au genre ses lettres de noblesse et le ton aristocratique qu’il gardera en Angleterre. Sa manière est continuée, avec du charme mais un peu de monotonie, par Peter Lely (1618-1680), originaire de Hollande ; elle inspire l’excellent miniaturiste Samuel Cooper (1609-1672). Venu d’Allemagne, Godfrey Kneller (v. 1646-1723) connaît un grand succès de portraitiste officiel.

Sous les règnes de Charles II et de Guillaume III, l’architecture anglaise a son représentant le plus illustre en la personne de Christopher Wren*, inventeur d’un style mâle et sévère qui n’est cependant pas dépourvu d’accents baroques. Mais la doctrine de Wren s’est imposée en milieu urbain plutôt que dans les campagnes, où l’emporte souvent un style plus orné, tributaire de l’Italie et de la France. La plus somptueuse demeure est Chatsworth (Derbyshire), commencée en 1686 sur les plans de William Talman (1650-1720). Des édifices plus anciens furent alors embellis dans ce goût baroque, avec des plafonds aux stucs opulents comme à Warwick ou à Astley hall (Lancashire), et aussi de grandes compositions peintes. En effet, la peinture monumentale, qu’avaient introduite sous Charles Ier Rubens, avec le plafond de Whitehall à Londres, et Orazio Gentileschi (v. 1562 - v. 1647) à Greenwich, connaît un certain éclat sous les derniers Stuarts et au début du xviiie s. Elle reste d’abord l’apanage de maîtres étrangers tels qu’Antonio Verrio (1639-1707) et Louis Laguerre (1663-1721), auteurs d’ouvrages décoratifs à Hampton Court, Windsor, Burghley, Chatsworth, Petworth (Sussex), Blenheim (Oxfordshire). Un peintre autochtone, James Thornhill (1675-1734), décorateur habile sinon original, suivit leur exemple à Saint Paul de Londres, Greenwich, Hampton Court, Chatsworth, Grinling Gibbons (1648-1720) déploya sa virtuosité dans la sculpture ornementale sur bois. Le mobilier du temps, dit late Stuart, est de goût opulent ; il utilise généralement le noyer avec des ornements sculptés, de riches garnitures d’étoffes.


Baroque et palladianisme au xviiie siècle

Conçue pour une aristocratie prospère et éclairée, l’architecture britannique du xviiie s. reflète des tendances contradictoires et pourtant simultanées, qui la font hésiter entre le goût baroque et le culte de la Renaissance classique, puis entre le retour à l’antique et le renouveau gothique. Au début du siècle, la tendance baroque l’emporte avec John Vanbrugh*. L’architecture pompeuse de ce brillant improvisateur vise à l’effet, au mouvement, au ton héroïque. On en peut juger dans trois résidences de proportions colossales, au plan très développé, où un hall énorme sert de motif central : Blenheim palace, bâti de 1705 à 1724 pour le duc de Marlborough en récompense de sa victoire sur Louis XIV, Seaton Delaval hall (Northumberland) et castle Howard (Yorkshire), moins écrasant, plus élégant malgré son immensité. Vanbrugh eut pour lieutenant Nicholas Hawksmoor (1661-1736). C’est plutôt à la tradition de Wren qu’appartient James Gibbs (1682-1754), auteur d’églises à Londres, de la bibliothèque Radcliffe d’Oxford, grosse rotonde à coupole, de Senate house à Cambridge, mais aussi du grand hall de Ragley (Warwickshire), dont le décor de stuc sacrifie à la tendance baroque.

Le mouvement du palladianisme, qui a marqué la période comprise entre 1715 et 1760, démontrerait à lui seul la singularité de l’art anglais, qui, au temps où baroque et rococo triomphent en Europe, reprend la voie tracée par Inigo Jones en adoptant Palladio pour modèle. Le rôle initial revient à lord Burlington (1694-1753), un amateur qui convertit un groupe d’architectes à ses idées et se fait bâtir en 1727 sur ses dessins, aux portes de Londres, l’élégante maison de Chiswick. Les résidences élevées selon cette doctrine imitent, au moins à l’extérieur, des villas palladiennes, les unes de plan ramassé, les autres pourvues d’ailes qui relient le corps central à des pavillons latéraux. Ces deux types sont bien définis dans l’œuvre de Colin Campbell († 1729) ; le premier à Mereworth castle (Kent), le second à Houghton hall (Norfolk), fastueuse demeure du Premier ministre Robert Walpole. Autre grand animateur du mouvement, William Kent (1685-1748), qui fut aussi peintre, décorateur, dessinateur de meubles et de jardins, a laissé son œuvre maîtresse à Holkham hall (Norfolk) ; quatre blocs latéraux y sont reliés par des corridors au bloc central, où les appartements de réception entourent un grand hall à colonnade et abside. On peut rapprocher du mouvement palladien les deux John Wood, père et fils, qui firent de Bath, ville d’eaux alors à la mode, un ensemble urbain d’une rare homogénéité. Le père (1704-1754) est l’auteur du plan général ; on doit au fils († 1782) les places majestueuses du Circus et du Crescent, aux bâtiments uniformes.