Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grande-Bretagne (suite)

Les migrations intérieures

Elles apportent constamment des retouches à cette répartition.

• L’exode rural, commencé plus tôt que dans les autres pays du monde en raison d’une industrialisation précoce, a eu son maximum d’intensité entre 1830 et 1870. Il ne concerne plus guère de nos jours qu’environ 20 000 personnes par an. Il affecte malheureusement les régions qui sont déjà les moins peuplées (les Uplands écossais, les plateaux du Centre gallois) et certaines régions rurales pauvres en industries comme la Cornwall et le nord de l’Est-Anglie. Les partants sont surtout des jeunes en quête d’emploi. La pyramide des âges de la population restante trahit un fort déséquilibre au profit des personnes âgées ; le vieillissement de la population, à son tour, condamne ces régions à la persistance du dépeuplement.

• Le mouvement migratoire du nord vers le sud (the drift to the South) a connu son maximum d’intensité entre les deux guerres mondiales, à une époque où les taux de chômage atteignaient des valeurs très élevées dans les vieilles régions industrielles du Nord, frappées par la crise économique. Le mouvement est sensiblement moins fort de nos jours grâce à la politique d’aide aux régions en difficulté, dites « régions de développement », lancée entre 1943 et 1947. Il se maintient néanmoins, en raison du contraste toujours très net entre la prospérité des Midlands et du Sud, riches d’emplois tertiaires et d’industries jeunes, et la pénurie d’emplois de haute qualification et haute rémunération dans le Nord. En outre, les personnes âgées viennent en nombre croissant s’installer dans les stations ensoleillées de la côte sud. Du fait du mouvement des travailleurs et des retraités du nord vers le sud, la région métropolitaine (définie par un cercle de 100 km de rayon ayant Londres pour centre), qui groupait 24 p. 100 de la population britannique en 1801 et 25 p. 100 en 1861, en comptait 28 p. 100 en 1921, 31 p. 100 en 1961 et 33 p. 100 en 1971. Cet attrait de la région métropolitaine est un des caractères fondamentaux de la géographie humaine britannique.

• La redistribution (overspill) de la population des agglomérations surpeuplées a été activement poursuivie depuis 1947. Les quartiers centraux qui datent de l’époque victorienne sont démolis et reconstruits à plus basse densité. On recase la population excédentaire dans les ensembles résidentiels périphériques édifiés par les municipalités, dans les villes nouvelles financées par l’État, dans les petites villes de réception qui se sont entendues à cet effet avec les grandes municipalités « exportatrices ». La population de toutes les grandes villes, Londres, Birmingham, Manchester-Salford, Liverpool, Sheffield, Newcastle upon Tyne, Glasgow, a donc nettement diminué ; Liverpool, par exemple, qui avait 857 000 habitants en 1931, n’en a plus que 790 000 en 1951, et 712 000 en 1966. En revanche, une trentaine de villes totalement ou partiellement nouvelles ont fait leur apparition depuis la Seconde Guerre mondiale, dont cinq en Écosse et une dizaine dans la zone externe de l’auréole londonienne. La plupart de ces transferts de population s’effectuent à courte distance, à moins de 80 km de la ville de départ. Tous ces mouvements témoignent de la volonté des individus de vivre mieux, plus au large, de préférence dans une maison isolée avec jardinet ou à défaut dans un appartement neuf.

Ces déplacements de population ne concernent malheureusement que les logements. Les emplois ont, dans l’ensemble, gardé leur localisation centrale ; il en résulte un fâcheux accroissement de la distance moyenne entre le logement et l’emploi et un encombrement généralisé des moyens de transport en commun.


La population active

La Grande-Bretagne a l’un des taux d’activité les plus élevés d’Europe, avec 25 millions de travailleurs pour 55 millions d’habitants. Ce taux est de 45,5 p. 100, contre 45 p. 100 en République fédérale d’Allemagne, 40 p. 100 en France. La charge que constitue l’entretien par les travailleurs des personnes dites « non actives » (enfants et adolescents, femmes au foyer, malades, retraités) est donc relativement légère ; pour 100 personnes actives, la Grande-Bretagne ne compte que 119 inactifs (en France, 100 actifs pour 143 inactifs).

Ce taux d’activité élevé peut s’expliquer par plusieurs facteurs : la faible proportion des jeunes (les « moins de vingt ans » ne constituent que 33 p. 100 de la population britannique), du fait d’un taux de natalité modéré qui, depuis 1950, n’a dépassé 18 p. 1 000 qu’en 1962-1965 ; une scolarité obligatoire moins longue qu’en France et une entrée plus précoce des jeunes dans la vie active ; le renforcement de la catégorie des actifs par les vagues d’immigration qui se sont succédé depuis 1945 ; l’âge de la retraite relativement tardif (65 ans pour les hommes, 60 ans pour les femmes), sauf dans certaines professions pénibles ; enfin, une forte participation féminine à la vie active.

Les femmes constituent 35 p. 100 de l’effectif total des travailleurs, plus qu’en France (33 p. 100), moins toutefois qu’en R. F. A. (37 p. 100). Leur proportion dans l’effectif total ne cesse d’augmenter : elle était de 34 p. 100 en 1960, de 33 p. 100 en 1950. Cette participation féminine croissante a des causes nombreuses que l’on retrouve dans la plupart des pays développés : le rôle secondaire de l’agriculture comme fournisseur d’emplois (or, les épouses des exploitants agricoles sont considérées comme non actives par la statistique) ; l’abaissement de l’âge du mariage et de l’âge de la procréation et le fait que les mères de famille reprennent souvent une activité professionnelle après 40 ou 45 ans, quand leurs enfants sont élevés ; l’atténuation progressive des disparités entre salaires masculins et salaires féminins ; la réduction de la durée des tâches ménagères grâce à l’appareillage électroménager ; le développement du travail à mi-temps dans certaines entreprises ; enfin, la place de plus en plus grande des services dans les économies modernes ; or, ces services, plus que l’industrie, sont les grands employeurs de main-d’œuvre féminine.