Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

• 1910 : les élections laissant aux libéraux une forte majorité, ils présentent le « Parliament Bill », qui retire aux lords tout droit de veto à un projet de loi ayant un caractère financier. La mort d’Édouard II, remplacé par George , retarde le vote du bill, qui ne sera voté qu’en 1911 après que de nouvelles élections auront donné le même résultat favorable aux libéraux.

• 1910-1913 : grande vague de grèves, malgré le vote d’une nouvelle fournée de mesures sociales (assurances sociales, assurances contre la maladie, indemnité de chômage et garantie d’un salaire minimal pour les mineurs). En 1913, le Trade Union Act autorise les syndicats à utiliser leurs fonds à des fins politiques si la majorité de leurs membres sont d’accord. Cette mesure consacre la victoire du socialisme réaliste et empirique du Labour Party.

• 1912-1914 : la grande tâche du gouvernement Asquith est de faire enfin voter le Home Rule pour l’Irlande. Il est sur le point d’y parvenir, malgré une situation qui peut laisser craindre en Irlande une guerre civile, lorsque éclate la Première Guerre* mondiale. Liée à la France depuis l’« Entente cordiale » (1904), l’Angleterre, malgré les hésitations du gouvernement Asquith, inquiète d’une hégémonie allemande sur l’Europe, déclare la guerre à l’Allemagne le 4 août 1914.


Le temps des difficultés : d’une guerre à l’autre

La première guerre mondiale et les traités de paix

L’Angleterre a une idée précise du rôle qu’elle doit jouer dans la guerre : elle apportera le concours de sa flotte et aidera à réaliser le blocus de l’Allemagne. Il faut bien vite déchanter : les difficultés des armées russes et françaises nécessitent bientôt l’envoi de troupes britanniques sur le continent. À partir de 1916, malgré deux millions d’engagements volontaires, il faut peu à peu mettre sur pied un véritable service militaire obligatoire. Et sur mer, ce sont les Allemands qui, grâce à leurs sous-marins, prennent un moment l’initiative. L’effort de guerre intense qu’accepte la Grande-Bretagne oblige l’État à intervenir dans tous les domaines ; d’énormes dettes sont contractées auprès des États-Unis, et l’on doit avoir recours au rationnement (1917). Pour mener cette action, le gouvernement libéral d’Asquith se transforme en 1915 en un gouvernement de coalition où figurent des conservateurs (Balfour, Andrew Bonar Law et Edward Henry Carson, le leader des orangistes) et le travailliste Arthur Henderson. Mais les Irlandais ne l’entendent pas ainsi : leur révolte en 1916 amène le retrait d’Asquith et la formation d’un ministère Lloyd George, qui, bien que lui-même libéral, est surtout soutenu par des conservateurs. La division du parti libéral signe d’ailleurs l’arrêt de mort de ce parti, comme le montrent les élections de décembre 1918, où, pour la première fois, votent les femmes de plus de trente ans (le suffrage universel étant accordé aux hommes sans restriction aucune). La Grande-Bretagne sort de la guerre profondément marquée moralement, mais aussi sur le plan économique. On comprend que Lloyd George ait cherché à obtenir aux négociations ouvertes en France le plus d’avantages possible : la Grande-Bretagne recueille 25 p. 100 des réparations allemandes ; la Mésopotamie et la Palestine lui sont accordées sous mandat, et la Transjordanie est soumise à un véritable protectorat anglais. En même temps, Lloyd George refuse tout ce qui lui paraît risquer de substituer une hégémonie française en Europe à une hégémonie allemande.

L’entre-deux-guerres (1919-1939)

• 1919-1923 : deux problèmes dominent ces difficiles lendemains de guerre, l’Irlande et la crise économique. Dès 1920, toutefois, la division de l’Irlande en deux parties, puis la reconnaissance à la fin de 1921 de l’État libre d’Irlande apportent une solution au problème. La question économique est plus difficile à résoudre : s’il culmine en 1921 à 2 700 000 personnes, le nombre de chômeurs reste par la suite très élevé, ne descendant jamais, même pour les meilleures années (1924-1926), au-dessous du million. Dans cette conjoncture, malgré de grandes grèves (1921), les syndicats doivent peu à peu reculer, tandis que les conservateurs abandonnent Lloyd George et, après un court ministère (celui de Bonar Law, 1922), s’installent fermement au pouvoir (ministère Stanley Baldwin, 1923).

• 1924 : les conservateurs perdent la majorité absolue aux élections. Pour la première fois, les travaillistes, appuyés sur les libéraux, accèdent au pouvoir (ministère MacDonald). Quelques réformes sociales sont entreprises avant que les élections ne ramènent au pouvoir Baldwin.

• 1924-1929 : le ministère Baldwin manifeste la vive réaction conservatrice. L’alignement de la livre sur l’étalon-or en 1925 accentue la déflation (baisse des prix et des salaires), déjà sensible depuis quelque temps. Malgré une grève générale, les ouvriers doivent accepter les réductions de salaire (1926), et, en 1927, le gouvernement prend des mesures pour rendre la grève illégale (Trade Disputes and Trade Unions Act).

• 1929 : les élections de 1929 ramènent au pouvoir une seconde coalition travaillistes-libéraux. Mais elle est aussitôt confrontée à la crise économique mondiale. En un an, les exportations britanniques diminuent de 50 p. 100, et le nombre des chômeurs passe à 2 500 000. MacDonald, qui est à la tête du gouvernement, accepte (malgré l’opinion de la majorité des députés de son parti) de prendre la tête d’un gouvernement d’union nationale (1931). Le nouveau gouvernement, après avoir refusé la solution proposée par John Keynes*, se tourne vers des solutions classiques, détachant la livre de l’étalon-or, mettant en pratique un substantiel programme d’économie et d’impôts nouveaux et amorçant un retour au protectionnisme, d’où, à partir de 1932, sont exclus les pays membres du Commonwealth. En effet, en 1931, le statut de Westminster crée le British Commonwealth of Nations, association d’États autonomes et égaux dont le souple mécanisme doit permettre l’adaptation à toutes les situations. Dès 1933, les effets du redressement économique se font sentir : il profite surtout aux conservateurs, qui enlèvent les élections de 1931 et de 1935, MacDonald ayant été désavoué par son propre parti, dont Clement Attlee (1883-1967) devient le leader en 1935. Dès avant les élections, Baldwin a remplacé MacDonald, et les conservateurs restent au pouvoir (ministères Baldwin, 1935-1937, et Neville Chamberlain*, 1937-1940). La situation économique s’étant améliorée, ce sont les problèmes internationaux qui vont alors retenir l’attention, si l’on excepte la crise dynastique de 1936 (le roi Édouard VIII, désirant épouser une divorcée américaine, doit abdiquer et laisser la place à son frère, George VI). La sensibilité nouvelle du public aux affaires extérieures apparaît pour la première fois lors de la question d’Éthiopie en 1935 : lorsque est divulgué le plan Hoare-Laval, qui prévoit l’attribution d’une grande partie de l’Éthiopie au régime de Mussolini, l’indignation est telle que le ministre des Affaires étrangères Samuel Hoare est forcé de démissionner et est remplacé par Anthony Eden*. Le gouvernement de Neville Chamberlain* bénéficie cependant de l’assentiment général lorsqu’il décide de pratiquer une politique de recherche de la paix qui le conduit à prendre une part déterminante dans la conclusion des accords de Munich (1938). Mais l’Angleterre et la France ont garanti les frontières de la Pologne : leur violation par Hitler entraîne dans la guerre un pays unanime, mais mal préparé militairement (équipement insuffisant) et diplomatiquement (échec des négociations avec l’U. R. S. S).

La Seconde Guerre mondiale