Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

• 1665-1667 : la rivalité commerciale qui oppose l’Angleterre et les Provinces-Unies se transforme en guerre. Après une série de batailles navales (Lowestoft, Saint James fight dans l’estuaire de la Tamise), plutôt favorables aux Anglais, ceux-ci laissent brûler leurs vaisseaux par une flotte hollandaise à Chatham ! Cette défaite humiliante oblige les Anglais à conclure la paix de Breda (31 juill. 1667), qui ne règle aucun problème. Cela coûte le pouvoir à Clarendon, qui, accusé de haute trahison, s’enfuit en France, où il mourra en exil.

• 1667-1674 : le gouvernement de Charles II et de la « Cabale » qui regroupe les conseillers du roi, parmi lesquels George Villiers (1628-1687), 2e duc de Buckingham, et le duc de Lauderdale (1616-1682), le futur comte de Shaftesbury (1621-1683), qui régit l’Écosse, se distingue par une remarquable incohérence. Charles II en est en grande partie responsable, puisque à la diplomatie officielle de son gouvernement, fondée sur une Triple-Alliance protestante (avec la Suède et les Provinces-Unies), il surimpose une diplomatie secrète, axée sur l’alliance avec la France et l’hostilité aux Provinces-Unies... Les médiocres qui l’entourent s’épuisent en luttes de coteries stériles. Dans ces conditions, les Anglais, mal préparés, sans possibilités financières (malgré des mesures extrêmes, comme la « faillite de l’Échiquier »), ne remportent aucun succès lors de la seconde guerre contre les Provinces-Unies (1672-1674) ; le traité de Westminster qui y met fin ne fait que ramener au statu quo (19 févr. 1674).

• 1674-1685 : c’est le début du gouvernement des partis en Angleterre. Le Parlement reprend en effet une place prépondérante dans la vie politique. Danby (1631-1712), qui a d’abord la confiance du roi, dirige le parti tory, et Shaftesbury le parti whig (les termes n’apparurent qu’en 1679). Le premier est le « parti de la Cour », qui fonde son programme sur le renforcement de l’autorité royale, et le second est le Country Party, qui insiste, en principe, sur la prérogative parlementaire. Danby est vite en difficulté, en raison de la duplicité de la diplomatie de Charles II, qui l’oblige à conclure un traité secret avec la France catholique, alors qu’officiellement l’Angleterre se rapproche des Provinces-Unies protestantes (mariage de Marie d’York, nièce de Charles II, avec Guillaume d’Orange). Or, dans le pays se développe une véritable « psychose » du complot catholique (Popish Plot), qui culmine en 1678 avec la découverte d’un prétendu complot par Titus Oates. Le futur Jacques II doit s’exiler, et Danby, dont la correspondance diplomatique a été divulguée par la France, mécontente du mariage avec Guillaume d’Orange, prend le chemin de la tour de Londres. Les dernières années du règne de Charles II sont difficiles, la prédominance des whigs interdisant au roi d’avoir recours au Parlement à moins de changer de politique étrangère. Il semble à la veille de se retourner contre la France lorsqu’il meurt (1685).


Le règne de Jacques II* et la révolution* de 1688

Le duc d’York, devenu Jacques II, se trouve au début de son règne dans une excellente situation : l’habileté de Charles II a en effet permis une spectaculaire remontée du torysme, et le Parlement qui se réunit en mai 1685 vote au roi un énorme subside. Dans ces conditions, Jacques II n’a aucun mal à écraser deux soulèvements qui n’obtiennent l’appui que d’une petite partie des whigs et des protestants, celui d’Archibald Campbell (1629-1685), 9e comte d’Argyll, en Écosse, et celui du duc de Monmouth (1649-1685), l’un des bâtards de Charles II dans l’ouest de l’Angleterre. La répression est sévère ; les terres des Campbell sont dévastées en Écosse, et l’Ouest est désolé par les « Assises sanglantes » du juge George Jeffreys.

Mais son catholicisme inspire à Jacques II une politique malheureuse. Il renonce à la guerre contre la France et ne s’attache bientôt plus qu’à restaurer le catholicisme en Angleterre. Il veut d’abord obtenir que les mesures de discrimination prises sous Charles II à rencontre des catholiques soient supprimées, mais ne peut vaincre l’obstination du Parlement. Il doit dissoudre ce dernier (1687), et, dès lors, les catholiques reparaissent dans l’administration, dans l’armée et jusqu’au sein du gouvernement. Les tories commencent à abandonner le roi, qui cherche sans grand succès des alliés parmi les protestants dissidents par ses « Déclarations d’indulgence » (1687 et 1688). La Déclaration de 1688 doit être lue dans les églises : sept évêques, menés par l’archevêque de Canterbury, William Sancroft, s’y opposent. Jacques II les fait jeter en prison. Le jour même où ils sont triomphalement acquittés, sept puissants personnages (dont le chef des whigs, Devonshire, et celui des tories, Danby) demandent à Guillaume d’Orange de venir sauver l’Angleterre du catholicisme et de l’arbitraire royal (30 juin 1688).

Guillaume d’Orange, débarqué au début de novembre, ne se heurte à aucune résistance sérieuse : le futur Marlborough et Grafton (1663-1690), fils illégitime de Charles II, trahissent, l’armée Stuart recule sans livrer combat. Le mois suivant, Jacques II quitte Londres et s’enfuit pour la France.


Guillaume III, Marie II et Anne (1689-1714)

Cette révolution qui mérite si peu son nom par le calme relatif dans lequel elle s’opère le mérite par l’importance de ses conséquences : conséquences politiques, puisqu’elle sanctionne la disparition définitive de l’arbitraire royal, conséquences religieuses, puisqu’elle ouvre la porte à la pacification religieuse, conséquences diplomatiques et économiques puisque, dégageant l’Angleterre de sa subordination à la France, elle l’autorise à tenir son rôle en Europe et surtout à envisager la continuation de son expansion coloniale.


Guillaume III* (1689-1702) et Marie II (1689-1694)

Une fois Guillaume d’Orange entré à Londres, la « Convention » (il ne peut s’agir d’un Parlement puisqu’il n’a pas été convoqué par le roi) décide par la Déclaration des droits, qui relève toutes les illégalités de Jacques II, que celui-ci a renoncé de lui-même à la couronne et qu’elle passe donc à Marie et à son époux Guillaume. Ceux-ci règnent conjointement sous le nom de Marie II et Guillaume III, la réalité du pouvoir revenant, en fait, à Guillaume.