Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gracques (les) (suite)

Les interprétations

Les deux brèves carrières des Gracques ont fini de la même façon : leur cadavre fut jeté dans le Tibre. La répression fit périr 300 personnes après la chute de Tiberius, 3 000 après celle de Caius. Il apparaît une disproportion surprenante entre la législation en question et l’ardeur des passions, l’atmosphère d’illégalité, de révolution de certaines journées.

Le sang ayant coulé, l’histoire des Gracques a laissé dans l’Antiquité une impression de scandale. On distingue dans les réactions des Anciens deux traditions : l’une populaire et favorable, l’autre aristocratique et violemment défavorable, mais avec quelques nuances. Tite-Live est hostile, mais il admet la pureté des intentions de Tiberius. Cicéron aussi, mais son opinion n’est pas tout à fait la même selon qu’il s’adresse au peuple ou au sénat ! Plutarque voit en Tiberius un démagogue entraînant le peuple à la révolte. Appien, moins passionné, le considère comme un loyal défenseur de la cause italienne. Le peuple lui-même s’est montré d’abord ingrat. La chute des Gracques a été causée en partie par l’instabilité de l’opinion publique, troublée en la circonstance par la sympathie de Caius à l’égard des Italiens, avec lesquels la plèbe urbaine ne voulait pas partager les privilèges liés au droit de cité. Ensuite on les regretta. On leur dressa des statues qu’on couronnait de fleurs et devant lesquelles on sacrifiait. Cette attitude ne fut ni durable ni partagée par tous : la preuve en est qu’il ne reste rigoureusement aucun vestige iconographique des fameux tribuns.

Depuis, ceux-ci ont été les bénéficiaires d’une idéalisation socialisante qui a connu son sommet sous la Révolution française (Caius Gracchus, tragédie de Marie-Joseph de Chénier, 1792 ; prénom de Babeuf). On a confondu leur partage des terres de l’ager publicus avec la redistribution des richesses, et les passions modernes ont pu se déchaîner à leur tour.

Les historiens contemporains ont apporté aussi leurs prises de position. Jérôme Carcopino a insisté sur le socialisme stoïcien qui a trouvé en Tiberius un disciple convaincu ; il a vu en Caius un précurseur incompris qui aurait évité le césarisme. Claude Nicolet souligne, lui, l’influence des idées hellénistiques de philanthropie et de souveraineté populaire sur les projets de Caius. Pour D. C. Earl, Tiberius a songé essentiellement à remédier à la crise de recrutement de l’armée en augmentant le nombre des censitaires mobilisables.

R. H.

 J. Carcopino, Autour des Gracques (Les Belles Lettres, 1925 ; 2e éd., 1967). / D. C. Earl, Tiberius Gracchus. A Study in Politics (Palais des académies, Bruxelles, 1963). / C. Nicolet, les Gracques (Julliard, coll. « Archives » 1967).

graine

Organe résultant, après fécondation, du développement de l’ovule des Phanérogames (plantes à fleurs).


Dans la graine, l’embryon se trouve protégé et maintenu à l’état de vie ralentie pendant un temps plus ou moins long. Il deviendra un individu de la génération nouvelle.


Formation et développement de la graine

Le pollen, qui a germé sur les papilles du stigmate, pénètre à travers le style jusqu’au sac embryonnaire de l’ovule ; les deux anthérozoïdes rejoignent l’un l’oosphère, l’autre les deux noyaux du sac ; la double fécondation a lieu (v. fleur). À partir de ce moment, l’oosphère fécondée se développe pour former l’embryon ; le noyau à 3 n chromosomes est à l’origine de l’albumen*, et l’ensemble de l’ovule entre dans une phase de développement intense. En même temps, l’ovaire se modifie et constitue le fruit*.


L’embryon

L’ovule fécondé, entouré d’une membrane, subit plusieurs divisions successives ; les cellules à 2 n chromosomes ainsi obtenues forment une file qui s’enfonce en s’éloignant du micropyle ; la base de cette colonne constitue le suspenseur, alors que sa partie distale continue son développement et donne l’embryon. On observe d’abord un massif cellulaire sphérique, puis on voit rapidement s’individualiser un tissu épidermique et, plus tard, les cotylédons, entre lesquels une masse renflée constitue la gemmule ; la radicule se trouve au voisinage de l’attache du suspenseur. À un stade plus avancé, on peut même distinguer l’ébauche du cylindre central. Selon sa position par rapport au point d’attache des cotylédons, on distingue sur la tigelle un axe hypocotylé et un axe épicotylé. Des variations existent autour de ce type moyen. Tout d’abord, le nombre des cotylédons est variable : deux chez les Dicotylédones, un seul chez les Monocotylédones ; cependant, quelques Dicotylédones typiques, telles que l’Anémone ou la Ficaire, n’en ont pas ou n’en possèdent qu’un. Parmi les Monocotylédones, chez les Graminacées*, le cotylédon unique prend une forme aplatie le long des réserves ; c’est le scutellum. Les Gymnospermes, par contre, ont un embryon qui porte tout un verticille de cotylédons.

Certains embryons n’ont pas atteint le stade de développement précédemment décrit lorsque la graine est mûre. Il en est où les diverses parties ne sont pas différenciées et qui ont l’aspect d’un massif cellulaire ; on les rencontre surtout chez les plantes parasites (Orobanche, Cuscute, Rafflesia, Balanophora) ou chez les saprophytes, tel le Monotrope. La famille des Orchidées possède de très petites graines contenant un embryon non différencié, qui n’évolue qu’après l’invasion d’un champignon symbiote (Rhizoctonia). D’autres, bien que partiellement développés, n’ont pas achevé leur évolution. Dans certaines espèces, on trouve des embryons ne possédant qu’un seul cotylédon au lieu de deux, et le plus souvent non viable (quelques Ombellifères : Anis, Carotte, Fenouil). Dans d’autres groupes, 20 p. 100 des graines ne possèdent pas d’embryon ; chez la Cuscute orientale, seulement 3 p. 100 des graines seraient fertiles ! Par contre, on observe parfois plusieurs embryons dans la même graine. Cette anomalie peut avoir plusieurs origines : soit la division de l’embryon au cours de sa formation, processus normal chez les Conifères, mais rare chez les Angiospermes (Tulipe, Orchidées) ; soit la présence de plusieurs sacs embryonnaires dans un seul ovule ; ou bien la fécondation simultanée de l’oosphère et d’une ou plusieurs synergides ou antipodes (Orme américain) ; ou enfin la formation d’embryons adventifs provenant des cellules à 2 n chromosomes de l’ovule, cellules du nucelle ou même parfois des téguments.