Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

glacier (suite)

Facteurs conditionnant l’existence des glaciers

Les glaciers naissent de la lente transformation de la neige en glace par expulsion de l’air contenu dans la neige. Cette transformation, la diagenèse, se réalise par le tassement des cristaux de neige sous la pression des couches supérieures ainsi que par les alternances de fusion et de regel, du moins dans les régions extrapolaires où la température s’élève au-dessus du point de fusion.

Cette transformation n’est cependant possible que si l’alimentation neigeuse excède l’ablation qui résulte de la fusion, de l’évaporation et de la sublimation de la neige. Cette condition n’est réalisée qu’au-dessus de la limite des neiges permanentes : la chaleur estivale y est en effet insuffisante pour faire fondre toutes les neiges accumulées au cours d’une année ; c’est la zone d’alimentation à bilan positif. Au-dessous de cette ligne, au contraire, l’ablation est supérieure à l’alimentation ; c’est la zone d’ablation à bilan négatif. Les glaciers, qui se déplacent, pénètrent dans cette zone et s’y avancent d’autant plus loin que leur masse est plus considérable et le climat moins chaud. Toutefois, le bilan peut être encore positif sur le glacier qui entre à l’intérieur de la zone d’ablation s’il s’écoule assez rapidement pour entraîner des neiges fraîches depuis la zone d’alimentation et s’il s’y forme de la glace de regel.

Les glaciers sont donc cantonnés d’autant plus haut en altitude que le climat est plus chaud. La limite des neiges permanentes s’élève en effet des régions polaires, où elle se tient à très basse altitude (de 0 à 500 m), vers les régions chaudes, où elle culmine à 5 400-5 800 m. On remarquera, cependant, que ce n’est pas à l’équateur, mais sous les tropiques qu’elle atteint son altitude maximale, en rapport avec l’aridité du climat qui limite la nivosité.


Les types de glaciers

Plusieurs classifications ont été proposées. Les unes sont fondées sur la température de la glace et distinguent les glaciers froids des régions polaires des glaciers tempérés, à température proche de 0 °C ; d’autres reposent sur la dynamique du glacier et opposent des glaciers actifs, à écoulement rapide, des glaciers passifs, peu mobiles, et des glaciers morts, qui ne sont plus alimentés sous le climat actuel ; d’autres encore sont fondées sur la forme des appareils glaciaires. En combinant ces divers critères, on peut distinguer plusieurs types de glaciers.

• Les inlandsis. Ce sont des calottes de glace en forme de coupole surbaissée, de grande épaisseur (moyenne 2 000 m) et recouvrant d’immenses surfaces d’où n’émergent que quelques pointements rocheux appelés nunataks. Le plus vaste est celui de l’Antarctique, suivi de celui du Groenland. On ne les connaît que dans les régions polaires, en raison de l’insignifiance de l’ablation, plus que de l’abondance de l’alimentation qui reste très modeste sous ces climats froids. La température de la glace y est très basse. Sur leurs marges, les inlandsis se subdivisent en langues de glace qui peuvent atteindre la mer, où elles forment souvent d’imposantes falaises, dont se détachent de temps à autre des icebergs. Ces langues de glace sont froides en profondeur, mais connaissent en surface une fusion importante. Les eaux qui en résultent creusent dans la glace des « bédières », sortes de cañons étroits, et s’engouffrent dans des puits appelés « moulins ».

• Les glaciers locaux. Contrairement aux inlandsis, ils sont étroitement dépendants du relief dans lequel ils se logent et des conditions climatiques locales. On peut les classer en plusieurs types.

Les calottes locales à langues divergentes, comme le glacier du mont Rainier aux États-Unis, recouvrent des sommets convexes ou de forme tabulaire.

Les glaciers de vallée prennent naissance dans des cirques à parois généralement raides, où la neige s’accumule et se transforme en névé à profil concave. À l’aval, la glace s’échappe en une langue de profil transversal convexe, de pente irrégulière, parfois coupée de crevasses disloquant la glace en séracs, et de longueur fort variable (avec 77 km, celle du glacier Fedtchenko, dans le Pamir, est l’une des plus longues connues). L’épaisseur de la langue étant faible, la température de la glace est voisine de 0 °C, même en profondeur. En fait, les plus grands glaciers de vallée résultent de la confluence de plusieurs courants, tel le glacier d’Aletsch en Suisse. Il arrive aussi qu’un glacier épais déborde sa vallée et donne naissance à une diffluence.

Les glaciers alaskiens se développent sur le piémont des montagnes fortement englacées : les langues glaciaires s’y étalent en lobes convexes coalescents, de faible épaisseur et à température proche de 0 °C. On les appelle aussi glaciers de piémont.

Les glaciers de cirque, au contraire, se forment dans les montagnes s’élevant peu au-dessus de la limite des neiges permanentes ; mal alimentés, ils restent cantonnés dans les creux, où la neige tend à s’accumuler et n’émettent pas de langue.

Les glaciers entraînent des débris appelés moraines. Les débris charriés sur le lit glaciaire constituent les moraines de fond. Les débris tombés des parois des glaciers locaux forment des traînées de moraines latérales : si deux langues confluent, la juxtaposition de deux moraines latérales donne une moraine médiane. Certains blocs pénètrent dans la masse du glacier, notamment par les crevasses : ce sont les moraines internes. Enfin, à l’extrémité d’une langue, la fusion libère toutes ces moraines, qui s’accumulent en une moraine frontale.


L’écoulement des glaciers

L’expérience classique qui consiste à placer des repères alignés transversalement à une langue montre que le glacier se déplace plus rapidement dans l’axe de la langue que sur ses bords. On note aussi que la vitesse varie en fonction de la pente, de l’épaisseur du glacier et que, faible dans le névé et à l’extrémité de la langue, elle est maximale au passage de la zone d’alimentation à celle d’ablation.