Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

glacerie (suite)

L’énergie nécessaire pour doucir et polir 1 m2 de glace est restée, depuis un siècle, de l’ordre de 1,5.106 kg/m. Les investissements des machines à doucir et à polir sont énormes, ce qui a limité le nombre des glaceries (il n’y en a que deux en France) et imposé des concentrations. Le procédé, né en 1688, était allé au bout de ses possibilités, lorsqu’en 1958 surgit un procédé révolutionnaire : le float-glass. On est revenu à la coulée sur table, considérée longtemps comme seule capable de fournir la planéité souhaitée ; mais la table est liquide : elle est constituée par un bain de métal fondu, de l’étain préservé de l’oxydation par le confinement d’une atmosphère réductrice, sur lequel le verre s’étale et flotte en prenant l’épaisseur limite dite « de la goutte large » (6,4 mm). Des artifices d’étirage permettent de réduire cette épaisseur. Les deux faces ont le « poli du feu » : l’un acquis naturellement dans l’atmosphère, l’autre au contact du métal fondu, théoriquement idéalement plan. Le procédé ne se substitue qu’à la coulée et à la phase de douci-poli de la glacerie classique, laissant inchangées la fusion dans un four continu et la recuisson (laquelle s’effectue dès lors à la sortie du bain de flottation) ; mais l’allégement des installations a permis de créer des chaînes dont la production journalière avoisine 600 t.

Le développement des surfaces vitrées dans l’automobile et le bâtiment, rendu possible par la réduction de la fragilité du verre conférée par la trempe, justifie l’expansion de cette industrie.

I. P.

➙ Verre / Verrerie.

 R. Dralle et G. Keppeler, Die Glas Fabrication (Munich, 1926-1931 ; 2 vol.). / F. V. Tooley, Handbook of Glass Manufacture (New York, 1953). / E. B. Shand, Glass Engineering Handbook (New York, 1958). / P. Gilard et L. Dubrul, les Industries du verre (Eyrolles, 1960). / P. Piganiol, le Verre, son histoire, sa technique (Hachette, 1965) ; les Industries verrières (Dunod, 1965).

glaciaire (relief)

Type de relief, modelé par les glaciers.


Le système morphogénétique glaciaire intéresse actuellement près de 11 p. 100 de la surface des continents, essentiellement dans les régions polaires. Mais, au cours des périodes froides du Quaternaire, il s’est étendu à de vastes régions des zones tempérées. On estime qu’au maximum de leur extension les glaciers recouvraient le tiers des terres émergées. Les formes héritées de ces glaciations, particulièrement celles de la dernière période glaciaire (Würm), qui conservent une grande fraîcheur, impriment aux paysages un cachet spécifique, mais varié dans ses aspects.


Le modelé glaciaire alpin

Cirques entamant les versants des hauts massifs, vallées en forme d’auge où se succèdent ombilics et verrous, nappes lacustres retenues par des seuils rocheux ou des amas morainiques, tels sont les traits caractéristiques de la morphologie glaciaire de montagne.

• Les cirques sont des dépressions de forme généralement semi-circulaire, parfois quadrangulaire, dominées de versants raides et qui ont été occupées par un glacier. Leurs formes et leurs dimensions sont très variables : les uns ne sont que de petites niches, en forme de bol ou de demi-entonnoir, inscrites dans une paroi abrupte ; d’autres, plus grands, ont un fond plat ou légèrement ondulé, faiblement incliné et font penser à un van ; d’autres encore sont verrouillés à l’aval par une contrepente qui leur donne l’aspect d’un baquet, au fond duquel dorment parfois des eaux limpides. En bout de vallée, les cirques se présentent comme des sortes de grands entonnoirs ou comme des amphithéâtres, dont certains dressent de vertigineuses murailles (Gavarnie). Les plus vastes résultent de la coalescence de cirques élémentaires et ont des formes complexes.

Les cirques sont rarement isolés. Ils s’échelonnent parfois en altitude, entaillant dans le versant de gigantesques marches. Plus souvent, ils s’alignent au flanc des montagnes à des altitudes voisines, ne laissant subsister entre eux que de minces crêtes déchiquetées dominées aux points d’intersection de pyramides ruiniformes. Ils tendent, en effet, à s’élargir plus vite qu’ils ne s’approfondissent : une intense gélifraction semble régner sur les parois imbibées d’eau de fonte et soumises aux variations de température de l’air qui s’interpose entre le névé et la roche en place dans la rimaye. Les débris ainsi arrachés et les éboulis tombés des crêtes rocheuses sont évacués jusqu’à l’aval du névé, où ils s’accumulent en une moraine de névé en pente forte. Le rôle de l’eau de fusion nivale explique que les cirques se localisent dans les sites favorables à l’accumulation neigeuse (bassins de réception torrentiels, position sous le vent comme le versant alsacien des Vosges...) ainsi qu’au voisinage de la limite des neiges permanentes, où les alternances gel-dégel sont les plus fréquentes ; en outre, les roches très sensibles à la gélifraction en favorisent le développement.

• Les vallées glaciaires présentent un modelé caractéristique. On a souvent écrit que leur profil en auge était un trait distinctif. En fait, il est des auges non glaciaires, et de nombreuses vallées glaciaires ont un profil en V. On note, cependant, que les auges sont fréquentes dans les roches résistantes. Les versants en sont alors très raides (de 30 à 70°) et se raccordent à un fond plat par une courte concavité, que masquent souvent des éboulis récents. Ces versants fortement redressés tronquent les éperons entre vallées affluentes, lesquelles restent suspendues en « gradins de confluence ». Souvent, la pente des versants s’atténue au-dessus de l’auge, formant des replats appelés épaulements. Certains y voient le passage du lit glaciaire au domaine supra-glaciaire ; d’autres, les restes des versants de la vallée préglaciaire dans laquelle a été creusée l’auge ; d’autres encore, l’emboîtement de deux vallées glaciaires, l’auge correspondant à une langue finiglaciaire plus petite.