Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Gestalttheorie (suite)

La Gestalttheorie se présente comme une réaction à la fois contre l’associationnisme qui, étudiant les conduites par l’analyse de chacun de leurs éléments, aboutit ainsi à un émiettement, et contre le béhaviorisme*, à qui elle reproche une interprétation mécaniste des phénomènes psychiques. Les gestaltistes choisirent leurs exemples surtout dans le domaine de la perception visuelle : les illusions optico-géométriques, les figures réversibles ou indéterminées ont constitué leur principal matériau d’étude.

De nombreux chercheurs vinrent enrichir cette école de leurs travaux, notamment Kurt Goldstein (1878-1965) et Paul Guillaume (1873-1962), qui publia en 1937 un ouvrage en français consacré à la psychologie de la forme. On peut également rattacher à la Gestalttheorie K. Lewin*, qui, à travers la notion de champ, applique au domaine de la personnalité les idées que les gestaltistes ont établies d’abord dans le domaine perceptif.


Le principe fondamental

L’affirmation de base est que tout champ perceptif se différencie en une forme et en un fond, ce dernier étant relativement indifférencié, s’étendant au-delà des contours de la figure. L’émergence de la forme dépend de critères objectifs et subjectifs. Chaque forme a des qualités qui lui sont propres et qui ne résultent pas de la simple somme de ses éléments. Le meilleur exemple est celui de la mélodie qui est écoutée sans que l’on ait conscience de la succession des notes ; la perception d’un son isolé ne livre rien des qualités structurales de l’ensemble auquel ce son appartient ; la mélodie est complètement bouleversée si une seule note en est changée, mais, transposée dans un autre ton, elle reste la même mélodie. Les formes sont donc transposables.

Mais la notion de forme ne s’applique pas uniquement à la perception. Un fait psychique est une forme qui a ses caractéristiques propres, qui possède une signification particulière dans un contexte donné, mais qui devient tout autre chose lorsqu’il se trouve placé dans un autre cadre. Les gestaltistes ont même été au-delà en considérant tout phénomène physique ou biologique comme une forme dont la transformation modifie le système auquel il appartient.


Les lois d’organisation

Lorsque, la nuit, nous regardons le ciel, nous percevons par temps clair une multitude d’étoiles, c’est-à-dire de points plus ou moins brillants, que, spontanément, nous regroupons suivant certaines configurations : ce sont, par exemple, la Grande Ourse, le Chariot ou le Capricorne.

Les gestaltistes ont étudié ces lois d’organisation et de structuration de la perception.

Ainsi, lorsque nous regardons la figure no 1, nous percevons deux groupes de points et non six points, ce qui montre que nous avons tendance à regrouper les éléments les plus proches. C’est la loi de la proximité.

De même, en face de la figure no 2, nous percevons des groupes de points et des groupes de cercles : nous regroupons des éléments qui se ressemblent. C’est la loi de la ressemblance, selon laquelle à distance égale les éléments qui se ressemblent s’unissent.

Ainsi, dans le domaine de la mémoire, lorsque l’évocation d’un membre de phrase nous permet de retrouver l’ensemble du discours, il n’y a là que l’application de la loi de contiguïté, selon laquelle la partie tend à évoquer le tout si les liens qui unissent les éléments entre eux sont très forts.


Les « bonnes formes »

Des expériences conduites par Wertheimer ont permis d’établir que l’organisation de la perception s’opérait, chaque fois qu’il était possible de percevoir plusieurs formes différentes, dans le sens d’une forme privilégiée dite « la plus prégnante ». Ces « bonnes formes » sont en général les plus régulières, les plus simples et symétriques ; ce sont les plus rapidement identifiées.

Les gestaltistes, et en particulier Gottschaldt (1926), se sont employés à démontrer que les propriétés des formes étaient innées et non pas le résultat de notre expérience ou de notre apprentissage, ce qui est fort contesté aujourd’hui (par l’école de Piaget en particulier).


La notion de champ

Pour les gestaltistes, le monde extérieur est composé de champs de force dont l’énergie varie et à l’intérieur desquels il existe des différences tant qualitatives que quantitatives. Ces champs physiques stimulent nos organes des sens, de sorte qu’au niveau du système nerveux central on retrouve une distribution d’énergie analogue et qui serait en quelque sorte l’image de celle qui a excité nos sens. C’est cette image physiologique qui est à l’origine de notre perception. Ainsi il existe, selon W. Köhler, un isomorphisme entre champ physique, champ sensoriel et champ perceptif. Cette notion n’a jamais pu être vérifiée expérimentalement. C’est une des moins solides de la Gestalttheorie.

L’apport de la Gestalttheorie à la psychologie expérimentale a été considérable, surtout dans les domaines de la perception, de la mémoire et des processus supérieurs de la pensée.

A. D.

 W. Köhler, Intelligenzprüfungen an Menschenaffen (Göttingen, 1917 ; 3e éd., 1921 ; trad. fr. l’Intelligence des singes supérieurs, Alcan, 1927) ; Gestalt Psychology (New York, 1929 ; 3e éd., 1952 ; trad. fr. Psychologie de la forme, Gallimard, 1964). / K. Goldstein, Der Aufbau des Organismus (La Haye, 1934 ; trad. fr. la Structure de l’organisme, Gallimard, 1952). / K. Koffka, Principles of Gestalt-Psychology (New York, 1935). / P. Guillaume, Psychologie de la forme (Flammarion, 1937).

gestion financière

Fonction de l’entreprise ayant pour objet de prévoir les besoins de financement de celle-ci et de lui fournir les moyens monétaires nécessaires à la couverture de ces besoins.


Pour acheter, produire et vendre, l’entreprise a besoin de capitaux, que la gestion financière doit mettre à sa disposition au moment le plus opportun. Les responsables financiers de l’entreprise doivent également veiller à ce que celle-ci réalise, à court terme et à long terme, le profit qui lui permettra de maintenir ou, mieux encore, d’accroître sa rentabilité et son autonomie.

La prévision des besoins de financement s’effectue par l’analyse financière. Elle étudie notamment les « mouvements ou flux financiers » entre l’entreprise et son environnement. Elle se poursuit par la recherche des moyens de financement les mieux adaptés.