gencive (suite)
Les pigmentations sont occasionnées fréquemment par des intoxications médicamenteuses (liséré bismuthique, argentique, cuprique) ou professionnelles (plomb [liséré de Burton] ou mercure). Lorsque le malade est asthénique, hypotendu et présente une coloration foncée de la peau (mélanodermie), il s’agit d’une maladie d’Addison (atteinte des capsules surrénales). Si le sujet est sain, la pigmentation peut être d’origine ethnique (race noire) ou congénitale. Elle peut être due également à la syphilis lorsqu’elle est associée à une leucoplasie (affection chronique se manifestant par des plaques blanchâtres ou opalines, sur la muqueuse linguale).
Les érosions des vésicules et des bulles s’observent au cours de la gingivo-stomatite aphteuse, au cours de l’herpès ou au cours de la varicelle. La variole produit des pustules.
Le chancre syphilitique est une érosion rouge foncé qui repose sur une induration lamelleuse ou nodulaire.
Les plaques muqueuses de la syphilis sont des lésions lenticulaires, érosives, rouges, opalines ou gris perle ; leur bordure est nette. Elles sont indolores et s’observent chez des malades atteints de syphilis secondaire.
Les lésions saillantes non ulcérées de la gencive peuvent être constituées par de petits tubercules se développant à l’intérieur de la muqueuse : grains lupiques tuberculeux de couleur sucre-d’orge ou tubercules syphilitiques rouge brunâtre et durs ; ou bien encore par un processus végétant de la muqueuse : leucoplasies verruqueuses ou papillomateuses.
Lorsque la masse végétante repose sur une masse indurée, on peut se trouver en présence d’un cancer végétant de la muqueuse. Dans le cas où la masse végétante n’entraîne pas d’infiltrations sous-jacentes, il peut s’agir de tumeurs bénignes (papillomes).
Ulcérations chroniques profondes de la gencive
Les ulcérations cancéreuses sont rapidement douloureuses, leur fond est nécrosé, saignant au moindre contact. L’ulcération repose sur une masse tumorale plus ou moins étendue qui s’accompagne parfois d’une adénopathie carotidienne ou jugulaire.
Les ulcérations syphilitiques apparaissent comme un ulcère profond, cratériforme, à pic, siégeant dans un noyau de tissus durs avec un fond filamenteux blanchâtre.
Les ulcérations tuberculeuses se trouvent très rarement au niveau des gencives ; ce sont alors des ulcères en général douloureux, peu profonds, assez larges, parfois fissuraires. Leurs bords sont mous, atones, violacés et décollés. Leur base est souple. On trouve presque toujours une adénopathie du cou.
Les ulcérations traumatiques se présentent comme une perte de substance tissulaire, d’aspect banal, avec des bords linéaires siégeant en regard de l’agent causal : prothèse dentaire, bords tranchants des dents. La suppression de la cause irritative entraîne la disparition de l’ulcération.
Prophylaxie et traitement des gingivites et des gingivostomatites
Une hygiène dentaire soigneuse (brossage au moins biquotidien), une mise en état régulière de la bouche et des dents sont indispensables pour prévenir toute atteinte gingivale.
Les gingivites de faible intensité guérissent le plus souvent à l’aide d’un traitement local et d’instillations faites par le spécialiste aux collets des dents et dans les espaces interdentaires à l’aide d’acide chromique ou d’acide trichloracétique. Le brossage des dents sera effectué avec des pâtes dentifrices bactéricides. Enfin, le massage quotidien des gencives pourra être recommandé avec des onguents.
Dans le cas des gingivostomatites graves, les sulfamides et les antibiotiques sont pratiquement les seuls médicaments employés. Ils sont utilisés soit par voie buccale, soit en injections. Localement, seule la tyrothricine, bactériostatique et bactériolytique très efficace, à large spectre d’action, est conseillée. Par voie générale, on emploie, selon les cas, les sulfamides ou les antibiotiques. Les manifestations tumorales sont justiciables de la chirurgie et de la radiothérapie.
Ch.-M. S.
➙ Odonto-stomatologie / Stomatite.
