Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

gaz inertes (suite)

Des hydrates ont été observés en comprimant des gaz inertes avec de l’eau, les plus stables correspondant aux éléments de plus haut numéro atomique ; on a ainsi caractérisé A, 6 H2O ; Kr, 6 H2O et Xe, 6 H2O. On a identifié un composé avec le phénol, Xe, (C6H5OH)2. L’hydroquinone donne avec l’argon, le krypton et le xénon des clathrates où les atomes de gaz inertes se logent dans les interstices existant entre les molécules d’hydroquinone comme dans des sortes de cages. Le clathrate d’argon arrive à contenir 9 p. 100 d’argon en poids. Cette aptitude de l’hydroquinone à former des clathrates se rencontre à l’égard d’autres substances gazeuses comme l’hydrogène sulfuré, le dioxyde de carbone, le dioxyde de soufre ou l’acétylène.

L’argon, le plus abondant de ces gaz inertes dans l’air, sert à réaliser certaines atmosphères inertes, par exemple pour la soudure de métaux. Les autres n’ont que de très petits usages pour des atmosphères inertes (atmosphère d’ampoules électriques) ou certaines applications de physique (très basses températures).

Deux savants

Sir William Ramsay, chimiste anglais (Glasgow 1852 - High Wycombe, Bucks, 1916). Il expliqua en 1879 le mouvement brownien comme résultant des chocs moléculaires, découvrit en 1894, avec le Suédois Per Teodor Cleve (1840-1905), l’hélium dans la clévéite ; il observa en 1895, avec lord Rayleigh, l’existence d’argon dans l’atmosphère, puis, en 1898, avec Morris William Travers, des autres gaz inertes. (Prix Nobel de chimie en 1904.)

John William Strutt, lord Rayleigh, physicien anglais (Langford Grove 1842 - Witham, Essex, 1919). Il détermina les dimensions de certaines molécules, grâce à l’étude des couches minces monomoléculaires (1892), et fit de célèbres recherches sur la diffusion de la lumière et le bleu du ciel. Ses mesures précises des densités gazeuses le conduisirent, avec Ramsay, à la découverte de l’argon. (Prix Nobel de physique en 1904.)

H. B.

 P. Laffitte et H. Brusset, les Gaz inertes, l’hydrogène, les halogènes (Masson, 1955). / H. H. Claasen, The Noble Gases (Londres, 1966).

Gdańsk

Port de Pologne, sur la Baltique.


Comptant plus de 350 000 habitants, Gdańsk (en allem. Dantzig) est situé immédiatement à l’ouest de l’embouchure de la Vistule, au fond de la baie du même nom, partiellement barrée par la flèche sableuse de Hel. La ville doit son importance non seulement à sa position, parmi les meilleures du littoral baltique, mais aussi à son histoire.


L’histoire


xe-xive siècle : les origines slaves

Le castrum primitif, mis au jour lors des fouilles de 1948-1962, semble dater de la conquête du delta de la Vistule, en 979-80, par Mieszko Ier, fondateur de l’État polonais. En 997, saint Adalbert achève de convertir « Gyddanzyc », qui devient Gdańsk. Le nom de Dantzig apparaît au xiiie s., avec l’afflux des Allemands. Forteresse royale, puis résidence ducale, Gdańsk domine la Poméranie vistulienne. Le morcellement de la Pologne en fiefs permet à ses ducs de se rendre indépendants dès la fin du xiie s. Au xiiie s. les Allemands des cités hanséatiques affluent vers son faubourg marchand, la « nouvelle ville », régie par le droit de Lübeck (1238-39 ou 1257). Dès le milieu du xiiie s., l’expansion du Brandebourg à l’ouest et de l’État de l’ordre Teutonique à l’est l’encercle et l’isole de la Pologne. Son dernier duc le lègue au Piast* de Grande Pologne (1294). L’ordre Teutonique s’en empare par traîtrise le 14 novembre 1308, l’incendie, massacre sa population polonaise et annexe le delta de la Vistule.


1308-1454 : la ville hanséatique

Les Allemands appelés par l’Ordre relèvent la cité, qui connaît un rapide essor. En 1343, elle obtient une charte municipale (Rechtstadt) et s’entoure d’une solide enceinte. En 1361, elle adhère à la Hanse. L’importance de son port, installé alors sur la Motława, affluent du bras occidental de la Vistule, qui draine le blé et le bois polonais, le vin hongrois, met la cité à la tête des villes prussiennes de la Hanse. Au milieu du xve s., Gdańsk éclate en de nouveaux faubourgs (25 000 hab.). L’opulence de son patriciat se lit dans un des plus beaux ensembles d’architecture gothique du Nord : hôtel de ville (xive-xve s.), cathédrale Sainte-Marie (1343-1502), hautes façades à colombages. Gdańsk tolère la rude poigne de l’Ordre tant que celui-ci n’entrave pas ses relations avec son arrière-pays naturel, la Pologne. Son opposition s’affirme lors de la bataille de Grunwald (1410), qui brise la puissance de l’Ordre. En 1454, la ville se révolte, choisit pour protecteur le roi de Pologne et l’aide à triompher des Chevaliers (1466).


1466-1793 : autonomie et prospérité dans le cadre de l’État polonais

Doté par Casimir IV Jagellon de grands privilèges, Gdańsk jouit désormais d’une autonomie croissante et s’assure pratiquement le monopole du commerce maritime de la Pologne, au moment où celle-ci devient le grenier de l’Occident. Sa prospérité culmine avec l’« âge d’or » de la république nobiliaire (1466-1648), dont il est le principal producteur de tissus, d’armes, de meubles. La Réforme y pénètre dès 1523 et l’emporte en 1557 (gymnase luthérien). Avec 50 000 habitants à la fin du xvie s., 70 000 en 1650, c’est la ville la plus peuplée et le premier port de la Baltique. En 1656-57, l’invasion suédoise se heurte à sa résistance, mais ruine la Pologne, dont la décadence retentit sur sa prospérité, sans entamer son loyalisme. L’ayant longtemps convoité, la Prusse l’annexe lors du second partage de la Pologne (1793), malgré l’opposition de ses habitants.


1793-1919 : le port prussien

Napoléon fait de Gdańsk une ville libre sous contrôle français (1807-1815). Rendu à la Prusse par le congrès de Vienne, chef-lieu de la Prusse-Occidentale, Gdańsk végète jusqu’à la seconde moitié du xixe s., où la modernisation du port, les liaisons ferroviaires avec Berlin (1870), Varsovie (1877) en font un grand centre industriel.