Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

garantie (suite)

Les essais

Ils s’opèrent en laboratoire suivant différentes méthodes.

• Le touchau consiste à déposer une goutte d’un acide approprié sur une pierre de touche en basalte rugueux sur laquelle on a frotté le métal à essayer et sur une succession de petites lames (touchaux) dont les titres sont connus, puis à comparer la couleur de la réaction ainsi obtenue. Plus le titre de l’alliage est bas, plus la couleur est foncée. L’acide employé est l’eau régale (mélange d’acide nitrique et d’acide chlorhydrique convenablement dilué dans de l’eau distillée) pour l’or et le sulfate d’argent pour l’argent. L’essai au touchau n’est qu’approximatif, mais il est rapide et ne détériore pas la pièce à essayer.

• La coupellation s’opère par prélèvement d’une parcelle du métal à analyser (prise d’essai rigoureusement pesée) et est fondée sur la propriété qu’ont les métaux précieux d’être inoxydables, même à très haute température, alors que les métaux communs s’oxydent et se dissolvent dans l’oxyde de plomb (litharge). Le poids en milligrammes du métal précieux subsistant seul indique le titre de l’alliage par rapport à la pesée initiale de la prise d’essai.

• L’essai par voie humide n’est utilisé que pour l’argent et consiste à faire dissoudre par l’acide nitrique l’alliage d’argent d’une prise d’essai, puis à précipiter l’argent à l’état de chlorure insoluble au moyen d’une dissolution de sel marin. Le chlorure d’argent, dont le titre est connu, est alors filtré, séché et pesé.


La marque

Lorsque les essais ont déterminé le titre des ouvrages, le service de la marque insculpe sur ceux-ci le poinçon de garantie. Cependant, avant présentation au service de la garantie, les ouvrages en métaux précieux sont tenus de comporter le poinçon de maître.

Les poinçons de garantie actuellement en usage sont :
— une tête de chien pour le platine (depuis 1912) ;
— une tête d’aigle pour l’or (depuis 1919) ;
— une tête de Minerve pour l’argent (depuis 1838).

Pour l’or et pour l’argent, les poinçons comportent en outre un chiffre indiquant le titre : 1, 2 ou 3 pour l’or ; 1 ou 2 pour l’argent. La forme des poinçons est différente selon les titres, mais le symbole reste le même.

Des poinçons de formes spéciales et comportant différents symboles ou attributs sont utilisés pour les ouvrages destinés à l’exportation ou importés de l’étranger : charançon, tête de Mercure, etc.

L’emplacement du poinçon diffère également, selon des règles très précises, en fonction du poids de l’objet, afin d’interdire l’adjonction à une pièce déjà contrôlée d’éléments qui ne l’auraient pas été : maillons de chaîne ou de bracelet, par exemple.

Les ouvrages à marquer sont placés sur une enclume d’acier dite « bigorne », sur laquelle sont gravés des attributs (généralement pris dans le monde des insectes) qui s’insculpent à l’opposé du poinçon de garantie et permettent ainsi, dans une certaine mesure, de déceler les fraudes qui seraient dues à l’emploi de faux poinçons. Pour éviter que des ouvrages non soumis au contrôle soient commercialisés, ceux-ci doivent être présentés à la garantie avant leur complet achèvement, mais après insculpation du poinçon de garantie.

Il en résulte que tout fabricant ou marchand qui détiendrait, même à titre de dépôt, un ouvrage en métal précieux terminé et non contrôlé serait passible d’une amende, et que l’objet serait saisi et détruit s’il se révélait à bas titre. Des sanctions particulièrement lourdes ont été instituées pour prévenir toute fraude en matière de garantie.

La fabrication des poinçons de garantie est assurée par l’Administration des monnaies et médailles. L’imitation et l’usage de ces poinçons constituent un faux criminel passible de dix à vingt ans de réclusion (art. 140 du Code pénal).

Le régime de garantie tel qu’il fonctionne en France constitue pour l’acheteur d’un ouvrage en métal précieux une protection indéniable contre une fraude qu’un profane ne saurait déceler, en même temps qu’il assure à la bijouterie, à la joaillerie et à l’orfèvrerie françaises une supériorité marquée sur les objets similaires de fabrication étrangère, dont les titres sont généralement inférieurs : on commercialise dans certains pays étrangers des bijoux présentés comme étant en or et dont le titre ne dépasse pas 8 carats, soit 385 millièmes, et où n’existe pas de garantie d’État.

J. S.

Garborg (Arne)

Écrivain norvégien (Time, Jaeren, 1851 - Asker 1924).


Arne Garborg a joué un rôle important dans son pays autant par son œuvre littéraire proprement dite que par la diffusion de ses idées politiques et sociales. Vers 1880, il est naturaliste et davantage apprécié en Allemagne qu’en son pays natal. Puis il se tourne vers une expression littéraire plus individualiste, plus impressionniste. C’est en quelque sorte un retour aux sources grâce à la redécouverte de l’âme paysanne ; Garborg refuse de décrire une réalité purement extérieure, qui, selon lui, ne peut atteindre les abîmes de l’esprit humain. L’œuvre rayonne alors par son lyrisme. Parallèlement, il est essayiste et se livre à des polémiques littéraires, linguistiques et politiques : il défend la langue paysanne (le landsmål), témoin du passé, de nos jours appelée le néo-norvégien.

Il fut l’un des premiers grands auteurs de langue néo-norvégienne, et la littérature norvégienne d’aujourd’hui lui doit la majeure partie de son éclat. En politique, Garborg fut socialiste, convaincu de la nécessité des réformes sociales, et adversaire du capitalisme. Il garda toutefois un attachement sincère et sentimental à l’égard des traditions nationales. Ainsi, partagé entre le désir de transformer la société et celui de sauvegarder ses valeurs traditionnelles, il est aussi déchiré entre la foi dans l’homme et le besoin d’avoir un idéal divin. Il y a donc chez lui un conflit, une opposition continuelle entre le réalisme et le mysticisme, entre le doute et le besoin de croire.