Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Galien (Claude)

En gr. Klaudios Galênos, médecin grec (Pergame v. 131 - Rome ou Pergame v. 201).


Après avoir approfondi les doctrines philosophiques de son temps, il étudia la médecine à Pergame, à Smyrne, à Corinthe et à Alexandrie, puis il exerça à Pergame pour s’établir enfin à Rome. En 168, il avait quitté cette ville pour rejoindre à Aquilée Marc Aurèle, qui se préparait à combattre les Germains, puis revint à la ville impériale pour y rester définitivement sous Commode, Pertinax et Septime Sévère.

L’influence de Galien a été exceptionnelle. On peut dire qu’il a régné avec Aristote* sur toute la médecine jusqu’au xviie et même jusqu’au xviiie s. Son œuvre est considérable : sans compter de nombreux ouvrages philosophiques, il a composé des traités anatomiques (les Préparations anatomiques, Des os, De la dissection des muscles), physiologiques (De l’usage des parties du corps, Des facultés naturelles, De l’usage des médiastins et de la plèvre), pathologiques (Des régions malades, Du pouls, Des différentes fièvres), et thérapeutiques (De la méthode de soigner, Des médicaments). De cette œuvre, l’Ars parva, ou Microtekhnê, est un abrégé résumant l’essentiel des découvertes et de la pensée du maître. Si Galien fut avant tout un théoricien pour qui existaient quatre éléments (le feu, l’air, la terre et l’eau) et une matière organique régie par trois sortes d’esprits (naturels, vitaux et animaux), chacun s’est accordé à voir en lui un des plus habiles médecins de l’Antiquité. En effet, ses découvertes en anatomie sont demeurées valables, parce que fondées sur des observations précises. Parmi les données exactes qu’il a ainsi fournies figure la mise en évidence de la sécrétion d’urine par les reins, grâce à sa technique de ligature des urètres. En revanche, les théories physiopathologiques reposant sur l’existence des quatre humeurs et des trois esprits (les maladies résulteraient alors d’un manque d’équilibre entre ceux-ci et celles-là) n’ont aucune valeur réelle, car elles ne sont fondées que sur des raisonnements philosophiques d’ailleurs bien antérieurs à Galien lui-même. Mais c’est lui qui s’en servit pour expliquer la maladie, et qui créa ainsi le « galénisme », doctrine médicale fondée sur la théorie des quatre humeurs : sang, bile, atrabile et pituite. De leur bon équilibre découlerait la santé, et de leur trouble ou de leur mauvaise action résulterait la maladie. Acceptée par les chrétiens et les Arabes, cette théorie fut en honneur pendant tout le Moyen Âge. Cependant, l’œuvre de Galien procède en grande partie d’Hippocrate*, dont il s’est voulu le continuateur inspiré. Convaincu de son infaillibilité, Galien n’a su résister à la tentation de réagir presque systématiquement contre les principes thérapeutiques alors en vigueur. Son principe thérapeutique fondamental est d’opposer les contraires (contraria contrariis curantur). Par ailleurs, les documents qu’il a laissés concernant l’anatomie et la pathologie comportent notamment les descriptions de l’inflammation locale (rubor, tumor, dolor, calor), des hémoptisies et des psychoses (à distinguer de la simulation), des plaies, des fractures, des luxations, de certaines affections thoraciques (où sont indiquées la résection costale dans l’empyème et la sternotomie en cas de médiastinite aiguë). Tout aussi bien en physiologie met-il en évidence les principales fonctions du faisceau pyramidal de la moelle épinière, expliquant les paraplégies, les monoplégies et les hémiplégies dites « alternes ». Toutes ces conceptions physiologiques étaient déduites de constatations anatomiques, et constituent l’un des principaux titres de gloire de Galien, car elles sont à la base de la neurologie moderne, fondée sur les corrélations anatomo-cliniques. À l’inverse, Galien s’est égaré dans certaines affirmations sur la circulation qui ont fini par prendre l’allure de principes pétrifiés. On ne saurait cependant le lui reprocher entièrement, dans la mesure où d’autres furent responsables de la transformation de ses écrits en véritables évangiles.

Telle qu’elle est, empreinte du postulat de son infaillibilité, et marquée d’un autoritarisme parfois vaniteux, l’œuvre de Galien représente aussi bien le point culminant que le terme de la médecine grecque. En effet, Galien après sa mort n’a laissé que des héritiers écrasés par le poids de sa personnalité.

M. R.

Galilée (Galileo Galilei, dit)

Physicien et astronome italien (Pise 1564 - Arcetri 1642).



L’homme

Galilée est issu d’une vieille famille florentine. Son père, Vincenzo Galilei (v. 1520-1591), connu comme musicographe, est un homme cultivé, féru de littérature grecque et latine ; sa mère, Giulia degli Ammannati, descend d’une illustre famille de Pistoia. Tout enfant, il montre une remarquable disposition pour exécuter et même inventer des machines. Il reçoit à Florence une éducation complète, mais il la doit moins à ses maîtres, qui sont médiocres, qu’à son propre génie. Il supplée aux lacunes de leur enseignement par de nombreuses lectures.

À dix-sept ans, il entre à l’université de Pise pour étudier la philosophie, avec l’intention d’aborder plus tard la médecine. Dans le même temps, il s’initie aux mathématiques, en lisant les Éléments d’Euclide ; probablement prend-il aussi connaissance des œuvres d’Archimède, car il imaginera la balance hydrostatique, qu’il utilisera à la mesure des densités, et donnera la loi des vases communicants.


Les lois de la chute des corps

C’est à l’âge de dix-neuf ans, en 1583, qu’il effectue la première de ses observations célèbres. Contemplant dans la cathédrale de Pise une lampe qu’un sacristain vient d’allumer et qui se balance sous la voûte, sans doute un précieux lustre de Benvenuto Cellini, il note que ses oscillations s’effectuent toujours dans le même temps, bien que leur amplitude diminue. Examinant d’autres lampadaires, il remarque que la période de leurs oscillations ne dépend pas du poids du lustre, mais seulement de la longueur de la chaîne de suspension.