(Près de Terracina v. 3 av. J.-C. - Rome 69 apr. J.-C.), empereur romain de 68 à 69.
Noble et riche Romain, Galba avait, en 68, accompli une longue carrière administrative : légat d’Aquitaine en 31, consul en 33, il avait pris, en 39, le commandement des légions de Germanie et s’était distingué tant par l’amélioration de la discipline que par ses opérations contre les Barbares. À la mort de Caligula, on l’avait poussé à profiter de l’occasion de s’emparer du pouvoir impérial, mais il s’en était bien gardé. Aussi avait-il eu la faveur de l’empereur Claude. Proconsul en Afrique (45), Galba avait mis fin à l’agitation intérieure. Après quelques années de retraite, il avait reçu le gouvernement de l’Espagne Tarraconaise (61-68). Suétone l’accuse de s’y être montré excessif dans son goût de la justice et de l’ordre.
Quand il reçut de Vindex, légat de Lyonnaise en révolte ouverte contre Néron, une lettre qui l’exhortait « à se déclarer le chef et le vengeur du genre humain », Galba n’hésita plus à se faire saluer empereur. Tandis que Vindex se faisait battre, il marcha sur l’Italie à la tête des troupes d’Espagne. Néron en fuite, il fut acclamé par les prétoriens et par le sénat. Les Romains l’accueillirent cependant sans enthousiasme : car après le laisser-aller du règne précédent, Galba remit en vigueur l’esprit du principat, fait de libéralisme politique, mais aussi de discipline. On connaissait ses qualités de général et d’administrateur, son économie des deniers publics, mais on redoutait ses excès, son peu d’énergie, coupée d’accès de violence, ses mesquineries. On n’aimait guère les hommes de son entourage, T. Vinius Rufinus, Cornelius Laco, « l’un le plus méchant, l’autre le plus vil des hommes » (Tacite). On s’inquiétait de voir Rome pleine de soldats venus des provinces : marins appelés par Néron, Espagnols venus avec Galba. L’atmosphère favorisait les discordes et les rivalités entre les diverses unités militaires. L’armée de Germanie supérieure, qui ne s’était pas ralliée à Vindex, fut la première à entrer en révolte ouverte, le 1er janvier 69, en faisant savoir que Galba ne lui convenait pas et qu’elle attendait du sénat et du peuple la désignation d’un empereur « qui eût le suffrage de toutes les armées ». À Rome, les prétoriens, eux aussi, étaient devenus hostiles. Galba jugea prudent de se désigner un successeur, par le moyen classique de l’adoption, car il n’avait pas d’enfants. Ce fut L. Calpurnius Piso Licinianus. On ne pardonna pas à l’empereur de n’avoir pas prévu de libéralités à l’occasion de cette adoption.
Les événements devaient d’ailleurs se précipiter et on apprit à Rome la proclamation du légat A. Vitellius par les légions de Germanie. Outrés des prétentions de ces légions, les prétoriens se hâtèrent d’autant plus de se choisir un candidat qu’ils en découvrirent un qui promettait d’être généreux, Othon. Il fut proclamé empereur par vingt-trois soldats seulement, tandis que quelques autres massacraient Galba dans un coin du forum (15 janv.).
En quinze jours, l’armée avait mis fin à un règne de moins d’un an, règne qui avait inauguré, tant par les circonstances de l’avènement que par sa fin, les crises dynastiques dont l’Empire romain devait tant souffrir. Les deux prétendants allaient régner plus brièvement encore : Othon (Ferentinum 32 - Brixellum 69) jusqu’en avril, Vitellius (15 - Rome 69), célèbre pour sa goinfrerie, jusqu’en décembre. L’un se suicida après la défaite de ses troupes à Bedriac (Betriacum), près de Crémone, l’autre fut exécuté à l’issue d’une violente bataille dans les rues de Rome.
R. H.
B. W. Henderson, Civil War and Rebellion in the Roman Empire, A.D. 69-70 (Londres, 1908). / V. A. Goldenberg, Études sur l’histoire de l’Empire romain au ier siècle de notre ère, la guerre civile de l’année 69 (en russe, Kharkov, 1958). / A. Garzetti, L’Impero da Tiberio agli Antoni (Bologne, 1960).