Académie royale de peinture et de sculpture, Académie royale d’architecture (suite)
L’architecture
Dans ce domaine aussi, l’Académie royale dispensait un enseignement qui mêlait leçons techniques et recherches théoriques. Indépendamment de l’architecture proprement dite, on enseignait aux élèves la géométrie, l’arithmétique, la mécanique, l’hydraulique, la perspective, que l’on appelait gnomonique. Quant à l’enseignement théorique, sa teneur peut être devinée au seul énoncé des buts de l’Académie royale d’architecture : « Travailler au rétablissement de la belle architecture. » On y considérait comme le grand maître Vitruve*, qu’on connaissait surtout à travers les architectes italiens de la fin de la Renaissance : Vignola*, Palladio* et Vincenzo Scamozzi. La beauté d’un monument pouvait être appréciée dans la mesure où l’on se conformait à l’emploi des ordres*, emploi rigoureux, puisque le parti choisi par Claude Perrault* pour la colonnade du Louvre fut sévèrement critiqué, en ce qu’il comportait des colonnes couplées. Le projet fut cependant accepté, et cela laisse supposer que les grands architectes que compta l’Académie ne se soumettaient pas aveuglément aux principes. Son directeur, François Blondel, s’élevait contre ceux qui qualifiaient de « gothique » tout ce que l’on pouvait introduire de nouveau dans l’architecture.
Les Salons
La grande période des académies en France correspond aux années brillantes du règne de Louis XIV et à la puissance de Le Brun, qui mourut en 1690. L’importance en est due à la conjonction exceptionnelle de fortes personnalités artistiques, d’une volonté politique et des grandes possibilités financières ouvertes par les chantiers royaux. Les efforts étaient orientés vers la recherche du « grand goût », sujet principal des discussions académiques. Il s’ensuivit un incontestable progrès dans l’enseignement artistique, beaucoup plus scientifique et varié que dans les anciennes maîtrises. Une autre conséquence, regrettable celle-là, fut de concentrer à Paris l’activité artistique, tendance que les expositions* des Salons ne firent que renforcer. Ces Salons, organisés par l’Académie à partir de 1667 et de façon régulière après 1737, furent le principal événement de la vie artistique. Réservés aux académiciens, sélectionnés à partir de 1748 par un jury d’admission, ils reçurent des milliers de visiteurs. Leur grand défaut fut de trop favoriser la peinture d’histoire, genre que seuls les plus grands maîtres pratiquèrent avec honneur. Mais ils constituèrent le terrain d’essai de la critique d’art, celle de Diderot*, qui, l’un des premiers, écrivit que la beauté artistique ne pouvait dépendre de la fidélité aux théories. Supprimée par la Révolution, l’Académie fut rétablie en 1795 dans le cadre de l’Institut, mais elle devint alors le refuge du conservatisme.
E. P.
➙ Académisme.
A. Fontaine, les Doctrines d’art en France (Laurens, 1909). / R. A. Weigert, le Style Louis XIV (Larousse, 1941). / B. Teyssèdre, Roger de Piles et les débats sur le coloris au siècle de Louis XIV (Bibl. des arts, 1965) ; l’Art au siècle de Louis XIV (« le Livre de poche », 1967).