Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fret maritime (suite)

Modalités de vente liée à une opération de transport maritime

Caf (port de destination désigné) [coût, assurance, fret]. Le vendeur expédie à ses frais la marchandise au port de destination désigné et inclut donc dans son prix de vente le montant du fret et de l’assurance maritime. L’acheteur n’a pas le choix du navire, mais devient propriétaire de la marchandise dès que le vendeur l’a livrée à bord. C’est pourquoi il répond des pertes et dommages survenant après l’embarquement. De plus, il doit prendre livraison de la marchandise le long du navire au port de destination désigné.

C. & F. (port de destination désigné) [coût, fret]. Cette vente ne diffère de la vente caf qu’en ce qu’elle ne comprend pas l’assurance.

Fas (port d’embarquement désigné) [free alongside]. Le vendeur livre la marchandise le long du navire désigné par l’acheteur, sous palan, soit à quai, soit sur allèges si le navire ne peut pas accoster, le transfert de propriété et des risques s’effectuant dès cette livraison. L’acheteur supporte toutes les dépenses (manutention et arrimage, fret, assurance) postérieures à celle-ci.

Fob (port d’embarquement désigné) [free on board]. Le vendeur livre sur le navire que lui désigne l’acheteur et supporte toutes les dépenses de la mise à bord, à partir de laquelle l’acheteur prend en charge tous les frais et risques (notamment le paiement du fret).

H. C.

➙ Armement maritime / Marine / Navire de commerce / Pétrolier / Polytherme.

 J. Schiltz, le Fret et les transports maritimes (Éd. maritimes et d’outre-mer, 1957). / R. Rodière, Traité général de droit maritime (Dalloz, 1967-68 ; 2 vol.). / E. Du Pontavice, Droit et pratique des transports maritimes (Delmas, 1970).

Freud (Sigmund)

Médecin autrichien (Freiberg [auj. Příbor], Moravie, 1856 - Londres 1939).


Freud : fondateur de la psychanalyse, titulaire d’une paternité déjà légendaire ; l’homme n’est plus séparable de la science à laquelle il a consacré sa vie entière. L’évaluation de ce qu’on appelle souvent la « révolution freudienne » demande une étude parallèle de la théorie et de l’histoire de Freud : les conditions dans lesquelles la science psychanalytique s’est constituée, son évolution ultérieure permettent en effet d’éclairer le système et d’en mieux comprendre la radicale nouveauté.


La formation de Freud

Freud est né le 6 mai 1856 en Moravie, province de l’empire d’Autriche-Hongrie, au cœur d’une famille juive nombreuse ; le père de Freud, négociant en laines, n’était pas un homme riche. La pauvreté, le judaïsme dans la société de la double monarchie à la fin du xixe s., autant d’obstacles contre lesquels Freud devra se dresser pendant toute sa vie. D’entrée de jeu, il se trouve dans une position d’exclu, de « déviant » ; les difficultés sociales qu’il rencontre dans le déroulement de sa carrière de médecin confirment un destin singulier, qui va, contre l’idéologie bourgeoise et raciste, susciter l’un des plus importants instruments de critique et de « soins » : la psychanalyse. C’est par le détour de la médecine que s’effectue cette genèse : les années 1875-1885 sont pour Freud des années d’études. Le cadre en est parfois inattendu — comme le cours de philosophie de Franz Brentano —, parfois marquant : le laboratoire d’Ernst von Brücke, à l’Institut de physiologie. C’est vers cette époque qu’il manque de peu deux découvertes scientifiques : celle des neurones et celle de la cocaïne, dont il éprouve la dangereuse efficacité. En 1885, il devient Privatdozent en neuropathologie et s’en va faire à Paris un séjour d’études auprès de J. M. Charcot. Charcot, H. Bernheim à Nancy, Josef Breuer : trois médecins, professeurs ou amis, grâce auxquels Freud prend contact avec la réalité hystérique, c’est-à-dire avec le langage du corps. Le spectacle d’un Charcot suscitant puis annulant des symptômes somatiques au seul moyen de l’hypnose, la pratique de la suggestion employée par Bernheim et l’histoire d’Anna O., la malade de Breuer, traitée par la seule parole — la « talking cure » —, constituent un ensemble de faits qui éclairent Freud d’une lumière irréversible : les troubles hystériques sont d’origine sexuelle, d’une part, et d’autre part cette origine est inconsciente, « oubliée » par le sujet qui les vit. L’articulation du somatique et du psychique ainsi que l’idée de l’inconscient trouvent là leur point d’appui. En 1886, Freud s’est marié avec Martha Bernays, après d’interminables fiançailles où se marquent à la fois les capacités de « passion » de Freud et son éthique rigoriste. Ce mariage, créant de nouveaux et objectifs besoins financiers, le contraint d’entrer de plain-pied dans la pratique médicale : il doit s’établir. En 1895, il publie, avec Breuer, les Études sur l’hystérie ; il rédige, pour l’envoyer à son ami Wilhelm Fliess, l’Esquisse d’une psychologie scientifique. La mort de son père (1896) a déclenché chez Freud une analyse, faite sur lui-même, des processus observés par ailleurs sur ses patients. Il éprouve là les effets d’inconscient : retour de souvenirs oubliés, modifications des fixations affectives, transfert. C’est Fliess, l’ami de l’auto-analyse, qui sert de pivot à cette opération d’où surgira, en 1900, la Science des rêves, acte de fondation de la psychanalyse : Fliess, à qui Freud écrit sans cesse et qui est de sa part l’objet d’une amitié passionnée, sera, en quelque sorte, l’analyste improvisé de Freud. C’est en 1900 que la Science des rêves paraît ; mais de 1897 à 1900 se sont élaborés les livres qui fondent la pratique analytique et le système de ses concepts : la Psychopathologie de la vie quotidienne (1901), le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient (1905) ainsi que les Trois Essais sur la théorie de la sexualité. La rédaction du cas Dora, première des Cinq Psychanalyses, recueil d’études de cas, date également de cette période de fondation.