Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Le contexte national
La France de la IVe République — malgré les difficultés politiques — possède des atouts sérieux pour un renouveau économique et social décisif : l’esprit de la Résistance, tendu vers les réformes de structures et notamment les réformes du capitalisme ; le redressement démographique très net.
Dans de nombreux domaines s’opèrent alors (1945-46) de profondes réformes : nationalisations ; naissance des grandes entreprises publiques ; généralisation des allocations familiales et de la sécurité sociale ; institution des comités d’entreprises ; réorganisation du crédit ; création du Commissariat général du plan...


La fin d’un régime (1952-1958)

• Le départ du gouvernement des socialistes, le désastre du M. R. P. et le triomphe du R. P. F. aux élections de 1951 font éclater la troisième force. Dès lors, le régime se débat au milieu des pires difficultés, liées surtout aux problèmes posés par l’émancipation de l’empire colonial et à la poussée du R. P. F., que le régime se refuse à intégrer dans le gouvernement.

• À l’intérieur : lutte contre l’inflation (ministère Pinay, 6 mars - 23 déc. 1952), consolidée par une expansion continue de la production. Élection difficile de René Coty à la présidence de la République (déc. 1953).

• Agitation politique en Tunisie et au Maroc. Détérioration de la situation en Indochine (Diên Biên Phu, 7 mai 1954). Les accords de Genève (Mendès-France), le 21 juillet 1954, mettent fin à la guerre d’Indochine. Insurrection algérienne (1er nov. 1954).

• Décembre 1955 : l’Assemblée est dissoute par Edgar Faure. Naissance du mouvement poujadiste et création du « Front républicain » (radicaux et socialistes).

• Indépendance du Maroc et de la Tunisie (1956). Une large autonomie est donnée à Madagascar et aux territoires d’Afrique (loi-cadre Defferre, 1956).

• Pour protéger les intérêts financiers franco-anglais en Égypte, une expédition militaire est envoyée à Suez (oct.-déc. 1956). Celle-ci se révèle comme un échec diplomatique, les États-Unis et l’U. R. S. S. s’étant interposés.

• À une période de stabilité monétaire (1953-1955) succède une nouvelle inflation (1955-1959) qui résulte des luttes auxquelles se livrent les divers groupes sociaux pour le partage du revenu national réel. Au pluralisme syndical et à l’affaiblissement du mouvement ouvrier (1948-1953) succède l’ère des désillusions (1954-1958) des classes populaires, qui assisteront pratiquement indifférentes à la chute de la IVe République.

• Mai 1958 : une grave crise gouvernementale éclate. Émeute d’Alger, création d’un Comité de salut public (13 mai 1958).

• 1er juin 1958 : le général de Gaulle est rappelé à la présidence du Conseil.

• 28 septembre 1958 : ratification par le pays d’une nouvelle Constitution. Fin de la IVe République (oct. 1958).


La Ve République (depuis 1958)


La mise en place

• La vie politique de la France de 1958 à 1969 est dominée par la personnalité du général Charles de Gaulle*, président du Conseil (1er juin 1958), puis président de la République (78,5 p. 100 des suffrages, le 21 déc.).

S’appuyant sur une majorité qui lui restera acquise lors des élections législatives de 1958, 1962, 1967, 1968, désireux de réagir contre l’instabilité ministérielle qui caractérisait la IIIe et la IVe République, le chef de l’État veut assurer un pouvoir exécutif fort et stable, capable d’assumer des responsabilités à longue échéance dans les différents domaines qui touchent à la vie de la nation. Celle-ci est consultée par voie de référendum.

• Élection d’une nouvelle Assemblée nationale (nov. 1958) : importance de la majorité du parti gaulliste (U. N. R.). Michel Debré est Premier ministre (janv. 1959).

• Les problèmes économiques sont les premiers étudiés : stabilisation de la monnaie, dévaluation du 27 décembre 1958, création du franc lourd, adoption de sévères mesures sociales, économiques et financières ; adoption du deuxième plan de modernisation et d’équipement. Réorganisation du Conseil économique et social (juin) et relèvement du S. M. I. G. (févr.).

• Mais le régime est affronté avant tout au problème algérien.


L’hypothèque algérienne (1959-1962)

• En Algérie*, la guerre sévit, qui rend de plus en plus tendues les relations entre communauté européenne et communauté musulmane. La marche vers une solution est conduite par de Gaulle d’une manière empirique qui s’efforce de tenir compte de réalités mais qui, très vite, déconcerte puis révolte les partisans de l’Algérie française.

• Au cours de l’année 1960, de Gaulle parle plusieurs fois d’« Algérie algérienne ». En même temps, il prend ses distances avec l’O. N. U. et les États-Unis, se rallie à l’« Europe des patries » et ratifie l’indépendance de treize États africains francophones.

• 8 janvier 1961 : les résultats du référendum sur la politique algérienne du gouvernement lui sont largement favorables. À Évian se rouvrent les négociations avec le gouvernement provisoire de la République algérienne (G. P. R. A.). Par contre, le blocus de Bizerte aggrave le contentieux franco-tunisien.

• 22 avril 1961 : un putsch militaire éclate à Alger ; il échoue rapidement. Mais une Organisation armée secrète (O. A. S.) se développe : les attentats se multiplient. De Gaulle prolonge l’application de l’article 16 de la Constitution, ce qui crée un malaise au Parlement.

• 17 mars 1962 : les accords d’Évian sont paraphés ; le 8 avril, un référendum les approuve.

• Avril 1962 : constitution du ministère Pompidou*, qui rencontre une forte opposition au Parlement à cause surtout de la politique européenne du régime (l’« Europe des États », retrait de l’O. T. A. N.) et doit faire face au malaise paysan grandissant.