Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Le Chalcolithique (IIe millénaire)

• À la fin du IIIe millénaire, le cuivre fait son apparition en France et concurrence d’emblée le silex, dont l’exploitation, stimulée, donne lieu à une industrie considérable. Le Chalcolithique est la belle époque des pointes de silex, tandis que se multiplient les objets en cuivre (poignards, aiguilles, bijoux...).

• Le Chalcolithique semble s’être terminé tragiquement ; la multiplication de villages fortifiés tend à justifier la thèse d’invasions dévastatrices. C’est la fin d’une vieille civilisation dite « de Seine-Oise-Marne ».


L’âge du bronze

• Dans l’est et le sud-est de la France se font sentir les premières influences des brillantes civilisations du bronze ancien d’Europe centrale. Les échanges avec l’extérieur se multiplient (sauf en Bretagne) ; cependant, peu à peu, le pays exploite lui-même ses ressources en étain et en cuivre. Une industrie des objets (haches) en bronze fait la prospérité de certaines régions telles que le Médoc.

• L’agriculture se propage, mais l’insécurité oblige les hommes à quitter les plaines fertiles pour les hauteurs ou les forêts.

• L’usage de sépultures individuelles rend visibles les inégalités sociales.

• À la fin du Ier millénaire, la préhistoire prend fin en France, où les influences étrangères, souvent lointaines (Europe centrale, Espagne, Grèce, Égypte...), se manifestent dans tous les domaines, notamment dans l’art et les modes. Des hommes étrangers, peut-être montés sur des chars (ce qui suppose domestication du cheval et invention de la roue), pénètrent sur le territoire de ce qui va s’appeler la Gaule ; ils apportent des rites inconnus (morts brûlés sur un bûcher ; cendres déposées dans des urnes, qui sont enterrées).


La Gaule avant la conquête romaine


Le premier âge du fer

• Au début du Ier millénaire avant notre ère, on voit s’implanter en Gaule une nouvelle civilisation, caractérisée par l’emploi d’un métal jusqu’alors inconnu : le fer (civilisation hallstattienne, du village autrichien de Hallstatt).

• Les tertres funéraires caractérisant cette civilisation sont particulièrement abondants en Dordogne, en Franche-Comté et en Alsace, ainsi que dans les régions (Lorraine, Châtillonnais, Berry) où furent exploités les premiers gisements de fer. Un certain nombre de ces tumuli renferment des restes de char et des bijoux (Vix).

• Le fer est employé (rasoirs, fibules, cuirasses, épées, poignards, flèches) concurremment avec le bronze. L’or, abondant à l’âge du bronze, se raréfie. La céramique grecque influence l’art provençal. La principale voie de commerce (objets importés) est constituée par les vallées du Tessin et le col du Grand-Saint-Bernard.

• L’habitat reste rustique et n’emploie pas encore la pierre. Différents sites (mont Lassois) révèlent l’emplacement d’oppidums fortifiés.


Le second âge du fer

• Au milieu du ve s. avant notre ère, la Gaule est envahie par des peuples venant de l’est, les Celtes. C’est le début de la période de La Tène, qui va durer jusqu’au début de l’ère chrétienne (La Tène I de 450 à 300 ; La Tène II de 300 à 100 ; La Tène III de 100 à notre ère).

• Les Gaulois, qui exploitent à fond leurs riches gisements métallifères, disposent d’armes bien trempées ; ils s’habillent d’une tunique et d’un pantalon nommé braie ; ils aiment les bijoux, les colliers et les bracelets. La céramique est très variée. Les Gaulois sont réputés pour leur habileté manuelle (charpentiers, charrons, tonneliers).

• Les envahisseurs celtes disposent d’un art original, caractérisé par la prédominance des lignes courbes ; les armes et les casques sont richement ornés ; la monnaie est elle-même une œuvre d’art ; la statuaire gauloise comporte des chefs-d’œuvre, notamment en Provence (Roquepertuse, Entremont, etc.).

• On connaît bien les habitats de La Tène III : sites fortifiés grâce au murus gallicus (Bibracte, Gergovie, Alésia).

• La religion gauloise est extrêmement diversifiée selon les régions. La triade principale est formée par Esus, Teutatès et Taranis. L’ensemble des croyances est dominé par la notion ancienne de la terre mère, source de fécondité et protectrice des morts. Le druide est un prêtre doublé d’un guérisseur, d’un philosophe, d’un savant, d’un éducateur et d’un arbitre.

• Il est impossible dévaluer exactement la population de la Gaule ; les évaluations ont varié de 5 à 15 millions d’habitants. Le pays, constitué par une poussière de peuples, peut se diviser, au ier s. av. J.-C., en quatre parties : la Province (Narbonnaise), conquise dès 121 par les Romains ; l’Aquitaine ; la Celtique (la plus étendue avec les peuples les plus puissants : Carnutes, Lingons, Helvètes, Eduens, Arvernes...) ; la Belgique.

• Cependant, dans cette Gaule divisée en cités et celles-ci en pagi, il existe une certaine unité, qui est d’ordre culturel.


La Gaule romaine


La conquête romaine (58-51 av. J.-C.)

• 58-54 av. J.-C. : première conquête de la Gaule par César. En 58, intervention de Jules César en Gaule, à l’appel des Eduens, menacés par les Helvètes et les Suèves. Défaite d’une coalition des Belges (57) ; soumission des Vénètes et des Armoricains (56), puis des Aquitains (campagnes de Licinius Crassus).

• 54-53 : tentative de révolte d’Induotiomare et d’Ambiorix en Gaule du Nord.

• Printemps 52 : soulèvement général sous la direction de Vercingétorix*, chef des Arvernes. Massacre des commerçants romains de Cenabum (ou Genabum = Orléans), échec de César devant Gergovie ; mais Vercingétorix, battu, se réfugie à Alésia, qui tombe en septembre 52.

• 51 : destruction des derniers foyers de résistance (Uxellodunum). La Gaule est totalement soumise aux Romains.