Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

France (suite)

Conclusion

De 27,5 millions d’habitants en 1801, année où fut effectué le premier recensement, la population française s’est élevée à environ 52 millions en 1974. L’effondrement démographique des campagnes et la croissance urbaine se sont effectués dans un cadre administratif immuable, issu des réformes administratives de la Constituante. Les 52 millions de Français vivent dans plus de 37 000 communes, très diverses. Si Paris compte plus de 2,5 millions d’habitants, et si près de 300 communes constituant l’agglomération parisienne rassemblent 8,2 millions d’habitants, près de 1 000 circonscriptions administratives ont moins de 50 habitants, en comptant au total seulement 33 100 ; 2 900 autres, de 50 à 99 habitants chacune, en rassemblent 221 000. Ces inadaptations et ces disparités justifient les divers essais de réformes administratives (dont la réalisation se heurte à de fortes inerties), ainsi que la mise en place d’organismes pluricommunaux (syndicats intercommunaux, communautés urbaines).

S. L.


L’agriculture


Son importance chiffrée

La France est, à plusieurs titres, l’une des grandes puissances agricoles du monde, et tout d’abord par le volume de ses productions. Ces dernières années, la France a produit 13 à 15 Mt de blé (cinquième producteur mondial, quatrième exportateur), 8 Mt d’orge (quatrième producteur) et 2 Mt d’avoine (sixième), 7,5 Mt de maïs (sixième), 17,5 Mt de betterave à sucre (troisième), 9 Mt de pommes de terre (cinquième), 60 à 75 Mhl de vin (premier ou deuxième producteur selon les années). Elle compte 22 M de bovins (dixième rang) produisant 320 Mhl de lait ; 10 M d’ovins et 11 M de porcins. C’est, de loin, le premier État agricole d’Europe (U. R. S. S. mise à part) et probablement le sixième du monde. L’ensemble de la production représente 8 à 9 p. 100 du produit national, c’est-à-dire une valeur brute supérieure à 70 milliards de francs, dont 44 p. 100 seulement en produits végétaux (14 p. 100 en céréales). Si l’on ôte les consommations intermédiaires, cela correspond à une valeur ajoutée d’environ 47 milliards et, salaires et impôts déduits, à un revenu brut d’exploitation de 36 milliards.

Si la valeur économique de l’agriculture n’atteint pas le dixième des activités nationales, la France est pourtant, parmi les grandes puissances, l’une de celles où l’agriculture tient encore une place très au-dessus de la moyenne. Les actifs agricoles représentaient, en 1946, plus de 36 p. 100 du total des personnes actives. Malgré les profonds changements intervenus depuis, ils étaient encore 16 p. 100 du total en 1968, ce qui est nettement supérieur aux taux allemand (9 p. 100), britannique ou américain (3 p. 100) : un peu moins de 3 millions de travailleurs, dont 300 000 salariés, sur environ 1 500 000 exploitations (1 587 600 en 1970, 2 284 000 en 1955), soit 20 ha en moyenne par exploitation et 10 ha par UTH (unité travailleur-homme à plein temps). Mais les statistiques dans ces domaines sont fort variées et complexes, et les définitions fluctuantes.


Les conditions naturelles

Ces chiffres élevés tiennent en partie à l’ampleur et à la qualité de l’espace cultivable. La surface agricole utilisée (S. A. U.) occupe 33 421 000 ha : 60 p. 100 du territoire national. C’est près de la moitié (47 p. 100) de la S. A. U. de la Communauté économique européenne. L’ensemble se divise en 17 200 000 ha de labours, dont la surface a longtemps régressé (26 millions au maximum de 1862, 19 en 1960), 13 900 000 ha d’herbages et 2 300 000 ha de cultures spécialisées (vigne, fruits, etc.). D’autre part, la France bénéficie d’une heureuse convergence pédologique et climatique. Elle réunit en effet sur son territoire quelques-uns des espaces les plus doués en Europe. C’est d’abord une part, ici élargie, de la longue bande de plaines limoneuses qui, non loin du front des anciens glaciers quaternaires, ont été recouvertes de dépôts fins, supports des excellents sols qui se suivent du Bassin parisien à l’Ukraine en passant par le Brabant et les Börden de Westphalie. C’est aussi l’ample façade méditerranéenne, où l’ensoleillement favorise la culture de la vigne et des fruits et, joint à l’irrigation à partir des fleuves alimentés par les précipitations montagnardes, permet certaines cultures très intensives. C’est l’ensemble des collines arrosées de l’Ouest, favorables à la pousse de l’herbe et en général à la croissance des végétaux, sous un climat qui ne connaît pas les hivers rigoureux. C’est la conjonction de la chaleur et de l’humidité qui fait du Sud-Ouest aquitain un milieu propice au maïs. C’est la douceur des littoraux atlantiques qui permet à des cultures délicates, par exemple de légumes, de remonter assez haut en latitude. La variété du relief, enfin, permet de nombreuses complémentarités, en particulier dans les différentes parties des cycles de l’élevage.

Bien entendu, ces aptitudes ne seraient rien sans la qualité de l’environnement économique général et sans le poids des attitudes passées et présentes, d’autant qu’elles sont bien relatives : c’est ainsi que de nombreux terroirs ont été complètement transformés par les amendements et les engrais (Ségala, Bretagne du Nord et même certaines landes comme les Brandes poitevines) ; la craie champenoise, réputée fort médiocre jusqu’au milieu du xxe s., porte désormais de superbes récoltes grâce à l’addition d’engrais et à la culture mécanique ; les nouvelles variétés de maïs ont fait remonter la limite septentrionale de sa culture tout au nord de la France. Mais, du moins, le territoire national pouvait-il répondre efficacement aux progrès de la technologie. Trop même, peut-être, dans la mesure où une agriculture moins difficile que dans d’autres États a évolué moins radicalement aussi, et admet encore bien des traits du passé : une concentration insuffisante des moyens, une productivité qui n’est pas partout à la hauteur des voisins de l’Europe du Nord-Ouest.